Le défi d'Obama: nommer le maître du monde financier
La nomination du président de la Federal Reserve -autant dire l’un des maîtres du monde- est une décision de la plus haute importance pour un président des Etats-Unis. Barack Obama, qui n’a pas hésité il y a quatre ans à reconduire le brillant Ben Bernanke, nommé sous l’ère Bush, a cette fois décidé de mettre sa patte sur la banque centrale américaine. En toute logique, le poste reviendra donc à un démocrate. Mais lequel? Le match s’est vite réduit à un duel entre Larry Summers et Janet Yellen. Un esprit brillant rompu à l’exercice du pouvoir face à une universitaire qui connaît la Fed de l’intérieur. Un homme (plutôt macho) face à une femme. Le proche d’Obama face à la favorite des démocrates. Dans la dernière ligne droite, la candidature de Larry Summers semble tenir la corde. Le choix du futur patron de la Fed n’est évidemment pas neutre. Peu à l’aise face aux grands déséquilibres économiques, Barack Obama voudrait se rassurer en s’appuyant sur l’expérience et la poigne de Larry Summers. C’est ce qu’il a fait pendant la crise dès 2009, lorsque Summers était son principal conseiller économique. Certes, celui-ci a contribué à maintenir debout l’édifice économique américain. Mais il n’a pas su saisir au vol l’occasion de prendre un virage plus radical dans la réforme de Wall Street. Quatre ans plus tard, peu de progrès ont d’ailleurs été réalisés. Ses détracteurs lui reprochent d’être trop proche du monde de la finance. Et tout le monde n’a pas oublié qu’il travaillait pour Bill Clinton au moment de l’abrogation du Glass-Steagall Act en 1999, sonnant le glas de la régulation héritée des années 30. S’il le nomme, Obama devra être plus attentif que jamais à ce que la réforme de Wall Street devienne une réalité. Car au vu des critiques de nombreux démocrates à l’égard de Summers, le président prend le risque politique de se heurter une nouvelle fois au Congrès.