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Zoom de la semaine | Les mots porteurs de morts

Mercredi 20 mars. Une foule se rassemble. Une centaine de personnes en deuil, à majorité musulmane. Les corps de Khaled Mustafa et son fils Hamza, 13 ans, gisent dans leur cercueil. Ils ont été abattus à la mosquée Al Noor, premier lieu musulman où ont plu les balles d’un suprémaciste blanc australien. Des milliers de personnes, dont la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern (notre photo), se sont recueillies en silence, pour rendre hommage aux 50 victimes du massacre. Conclusion funeste, tragique, mais la violence continue. Elle se glisse comme un serpent sur les réseaux sociaux. La vidéo de la tuerie, d’abord. 17 minutes d’hémoglobine, vues 200 fois en direct, puis partagées sur des centaines de milliers de comptes. Une vidéo devenue une arme de haine, diffusée à plusieurs reprises par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Chez nous aussi, des bas-fonds de nos sociétés, les propos les plus répugnants jaillissent. Lire les commentaires sous les articles de presse belges, c’est découvrir avec stupéfaction que l’abomination est un voisin de palier. "Faire ça en Europe, ça serait bien", "Il mérite une médaille", "C’est le juste retour des choses". Sur les réseaux, l’exubérance mortifère n’a plus de limite. Pire, elle avance à visage découvert: ses auteurs laissent leur nom, avec une fierté guerrière. Dans une allocution, le visage décomposé, Jacinda Ardern convoquait le monde à une action, ciblée, violente elle aussi: celle d’éradiquer ces mots porteurs de mort.