Avec plus de 300 entreprises innovantes, notre pays est un acteur d’envergure mondiale dans les biotechnologies. Recherche, développement, production, emploi, Bourse : le secteur se montre très performant à tous les niveaux. "Il est urgent que nos compatriotes en prennent conscience."
Aux yeux de nombreuses personnes, les vitrines internationales de la Belgique restent la bière, le chocolat et les gaufres. Cela dit, notre biotechnologie jouit d’une réputation au moins équivalente à l’étranger. Le secteur est immense pour un petit pays comme le nôtre, avec plus de 300 entreprises directement concernées, et bien d’autres entreprises impliquées indirectement. Le Royaume-Uni, qui recense plus de six fois plus d’habitants, compte " seulement " un peu plus de 1000 entreprises actives dans les biotechs.
"Belgium is big in biotech, entend-on souvent dire à l’étranger". Tineke Van hooland est présidente du conseil d’administration de bio.be/essenscia, la fédération belge des entreprises actives dans les biosciences et la biotechnologie. "Si nous sommes au top, ce n’est pas seulement grâce aux développements technologiques, mais aussi en raison de notre écosystème unique. Celui-ci est constitué d’universités, de spin-offs, de start-ups performantes et des nombreuses entreprises biopharmaceutiques internationales renommées qui sont actives dans notre pays. Nous disposons ainsi d’un pôle important de chercheurs et de travailleurs hautement qualifiés. Sans compter la situation centrale de la Belgique en Europe, qui nous a permis de devenir la plaque tournante du secteur biotechnologique international sur le plan géographique aussi".
Employeur important
Au total, notre industrie biotechnologique représente plus de 30.000 emplois. Les nombres d’emplois indirects – notamment chez des sous-traitants et des prestataires de services externes – est estimé au double. 80% des entreprises sont actives dans les secteurs de la santé. Le reste travaille dans la bio-industrie et l’agriculture. Les entreprises biotech se répartissent de manière à peu près égale entre la Flandre et la Wallonie, poursuit Tineke Van hooland. "En raison du lien souvent direct des universités, ce sont Gand et Louvain qui comptent le plus grand nombre d’entreprises biotechnologiques en Flandre. Souvent, elles y forment des clusters. En Wallonie, c’est le Brabant wallon qui recense le plus de valeurs sûres. Mais les régions de Charleroi et de Liège comptent le plus grand nombre de start-ups et d’incubateurs biotech."
Un climat d’investissement positif
Le secteur enregistre également d’excellentes performances financières, comme en témoignent les résultats boursiers très positifs de ces derniers mois. Tineke Van hooland : "Cet enthousiasme trouve son origine dans deux facteurs. D’une part, de nombreuses biotechnologies ont gagné en maturité ces derniers temps – pensez par exemple à l’utilisation de cellules souches pour la reconstruction des os. L’impact social des innovations est devenu presque tangible, elles ont une influence directe sur nos soins de santé et notre économie. En d’autres termes : l’augmentation de la visibilité de nombreux développements a donné un coup de fouet à la crédibilité du secteur. Tous ces éléments se reflètent parfaitement en Bourse."
"La plus grande visibilité de nombreux développements a donné un coup de fouet à la crédibilité du secteur."
Les entreprises biotechnologiques investissent beaucoup d’argent et d’efforts dans la recherche et développement. Cependant, elles sont souvent rachetées par d’autres acteurs, généralement internationaux, dès qu’elles présentent un produit fini. "Ce n’est plus toujours le cas, loin de là ", répond Tineke Van hooland. "Nous observons ces dernières années un mix plus varié de modèles économiques. Certaines entreprises choisissent de développer et de commercialiser elles-mêmes leur innovation. D’autres optent pour un partenariat ou une acquisition. Car la recherche coûte énormément d’argent, et celui-ci doit bien venir de quelque part. Le climat d’investissement américain se caractérise par une aversion au risque beaucoup moins forte qu’en Europe. C’est pourquoi les collaborations sont nombreuses entre les entreprises belges et américaines. Le secteur présente cependant un énorme potentiel. Nos entreprises biotechnologiques continueront à avoir besoin d’investisseurs belges et de l’aide des pouvoirs publics au cours des années à venir. C’est pourquoi il est primordial de créer et de conserver un climat d’investissement positif. C’est la seule manière pour notre pays de garder sa position de tête au cours des années à venir."
Beaucoup trop modeste
Notre industrie biotechnologique est désormais bien connue des experts financiers et des spécialistes de la Bourse, mais beaucoup moins du grand public. Et Tineke Van hooland le regrette : "Notre secteur biotechnologique est le nouveau chocolat belge. Comme ce dernier, il mise sur la qualité, se montre innovant et est très apprécié. Il est urgent que nos compatriotes en prennent conscience. J’ai assisté récemment à une convention sur les biotechnologies à Boston : avec 18.000 participants, c’était la plus grande au monde. La Belgique y était représentée par 150 personnes de 82 entreprises et universités, et figurait ainsi dans le top 10 des plus grandes délégations nationales. De nombreux partenariats directs y sont nés entre des entreprises biotechnologiques belges et internationales. Autrement dit : pour un petit pays, nous sommes très grands dans les biotechnologies. Et nous sommes encore beaucoup trop modestes dans ce domaine."
Cette fédération défend les intérêts de toutes les entreprises biotechnologiques en Belgique. Elle déploie des actions de communication pour mettre le secteur sur la carte. Et conseille entreprises et pouvoirs publics au niveau régional, fédéral et européen. Récemment, elle a encore défendu ses membres face à des propositions d’adaptation de la Commission européenne sur les certificats complémentaires de protection (les "CCP"), explique Tineke Van hooland, présidente du conseil d’administration de bio.be/essenscia. "La réforme que prévoit l’Europe menace de freiner l’innovation dans les biotechnologiques. C’est pourquoi nous avons partagé notre vision avec plusieurs dirigeants politiques. Notre ambition ? Obtenir un cadre légal stable qui renforce notamment les tendances en matière d’innovation, la durabilité économique et la croissance de l’emploi dans le secteur."