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Quand la Chine s'enrhume, beaucoup de pays émergents éternuent

©Shutterstock

Le ralentissement de l'économie chinoise se confirme, avec un taux de croissance tombé à 6,9 % en rythme annuel au troisième trimestre de 2015. Les conséquences sur les économies émergentes sont considérables, notamment par le biais de la baisse des prix des matières premières, dont nombre de ces pays dépendent fortement. Une partie de ce ralentissement est inéluctable, car lié à la transition de l'économie chinoise, juge Raphaël Cecchi, analyste spécialiste de la région asiatique chez l'assureur-crédit Credendo.

" La croissance chinoise s'essouffle progressivement depuis 2012 ", rappelle Raphaël Cecchi. " On en parle davantage depuis quelques semaines, sans doute à cause des événements de l'été 2015 : le krach boursier et la dévaluation du renminbi. Pourtant, ce dernier n'avait cessé de s'apprécier au fil des années précédentes. "

En outre, la chute des prix des matières premières – qui se situent à leur plus bas niveau depuis une décennie – frappe les esprits, et l'on sait que la demande chinoise en constitue un des déterminants principaux. Le pétrole, vendu 80 à 90 dollars le baril, est tombé à moins de 50 dollars, les métaux ont baissé de 20 à 30 %, et la tendance semble se poursuivre pour les autres matières premières.

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Brésil, Nigéria, Angola et Russie sont touchés de plein fouet par le ralentissement chinois, via les matières premières, tandis que l'Éthiopie et la Côte d'Ivoire sont en plein boom.

Raphaël Cecchi
analyste spécialiste de la région asiatique du Groupe Credendo

La Chine constitue le premier partenaire commercial de la plupart des pays d'Asie-Pacifique, et les flux d'import-export intrarégionaux n'ont cessé de croître au fil des années. " L'impact du ralentissement chinois varie cependant énormément d'un pays à l'autre, en fonction de la structure de son économie, du cycle dans lequel se trouve chaque pays et de sa situation politique ", tempère Raphaël Cecchi.

" Les plus affectés sont les grands exportateurs de matières premières comme la Malaisie et l'Indonésie ; cela se reflète dans leurs perspectives de croissance en baisse et dans l'affaiblissement de leur monnaie, notamment vis-à-vis du dollar. La crise politique en Malaisie et les positions contradictoires du nouveau président indonésien contribuent, de surcroît, à entretenir une certaine inquiétude. "

Des situations très contrastées

Les pays dont le commerce est plus tourné vers les États-Unis et l'Europe s'en sortent mieux. C'est le cas du Cambodge et du Viêtnam, dont les taux de croissance s'avèrent peu affectés. Dans le reste du monde, tous les émergents dépendant des matières premières souffrent du coup de froid chinois.

" C'est le cas des pays de l'ancien bloc soviétique, de l'Afrique, de l'Amérique latine, et cela pourrait empirer en 2016 ", confirme l'analyste. " Cela dit, là aussi, les situations sont contrastées : Brésil, Nigéria, Angola, Turquie et Russie sont touchés de plein fouet, alors que le Mexique résiste plutôt bien, tandis que l'Éthiopie et la Côte d'Ivoire sont en plein boom. "

Combien de temps le ralentissement chinois pourrait-il durer ? " Il se poursuivra, car il est voulu ", assure Raphaël Cecchi. " La Chine est en phase de transition : une mutation décidée par les autorités, conscientes de l'épuisement du modèle fondé sur un très ample accès au crédit et sur une exploitation intensive des ressources, générant une pollution inacceptable. Il s'agit de passer d'une économie nourrie par un fort investissement à une économie tirée par la consommation intérieure. Les taux de croissance à deux chiffres ne reviendront pas. D'autant que l'énorme plan de relance orchestré après la crise de 2008 a entraîné d'importants déséquilibres, avec des secteurs en surchauffe (immobilier, chantiers navals, panneaux solaires, etc.). Et la dette nationale des agents publics et privés atteint 250 % du PIB, l'un des taux les plus élevés du monde. "

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Le gouvernement chinois devra donc chercher un équilibre entre ce nécessaire réajustement et le maintien d'un taux de croissance suffisant pour assurer la stabilité sociale, alors que les effets des six baisses de taux d'intérêt effectuées depuis novembre dernier se font attendre.

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