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"L'espoir fait vivre… mais aux dépens du rendement"

©AP

En Bourse, les émotions ne sont pas un atout. Une stratégie froide qui laisse s’épanouir les actions performantes tout en vendant celles qui ne le sont pas accroît le rendement annuel d’un point de pourcentage, comme le révèle une nouvelle étude.

"Des recherches académiques confirment que les événements extrêmes, comme la crise financière de 2008, restent particulièrement ancrés dans l’esprit des investisseurs", prévient Koen Inghelbrecht, professeur de théorie de l’investissement à l’Université de Gand. "De ce fait, ils surestiment le risque de nouvel effondrement et partent de l’hypothèse qu’un krach interviendra nécessairement dans les cinq à dix ans. Il faut du temps pour que le souvenir de cette crise s’efface des mémoires. Bien entendu, la hausse des Bourses de ces dernières années y contribue. Certains commencent même à craindre d’avoir raté le coche."

Ne risquent-ils pas d’arriver à la fête alors que celle-ci prend fin? "C’est typique de nos tendances grégaires: on n’investit en Bourse que lorsque les journaux regorgent de bonnes nouvelles", reconnaît Stijn Ceelen, Country Manager chez Binck Belgique. "Les investisseurs se contentent alors de suivre le momentum, au lieu d’évaluer de manière rationnelle si la Bourse est chère ou non. Et lorsqu’une crise frappe, ils lui tournent le dos, alors que c’est précisément à ce moment que les opportunités sont les plus nombreuses."

Gains et pertes

Les investisseurs sont souvent la proie de leurs propres émotions, remarque Koen Inghelbrecht. "L’un des plus beaux exemples est ce que l’on appelle l’effet de disposition. Autrement dit, la tendance des investisseurs à vendre trop rapidement des actions gagnantes et à conserver trop longtemps des titres perdants. Vouloir mettre trop vite ses gains à l’abri, alors que le refus de reconnaître ses erreurs maintient vivant l’espoir que les choses s’arrangeront un jour. Pourtant, la vente des ‘cancres’ libérerait de l’argent pour de meilleurs investissements."

Daniel Kahneman ©IMAGEGLOBE

Il existe même une explication neurologique, prolonge Stijn Ceelen. "Une célèbre étude des psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky – le premier a d’ailleurs remporté en 2002 le prix Nobel d’économie – a démontré que la douleur causée par une perte financière avait deux fois plus d’impact que le plaisir d’une bonne nouvelle."

Dans un working paper publié récemment, le Pr Inghelbrecht a calculé les conséquences de cette erreur de programmation humaine sur le rendement obtenu à partir de la base de données de Binck. "Qu’a révélé cette étude qui couvrait la période 2006-2013? S’ils avaient conservé leurs actions gagnantes pendant 12 mois de plus et reconnu à temps leurs erreurs, les investisseurs auraient obtenu un surcroît de rendement d’un point de pourcentage."

Intervenir plus vite

"Nous sommes heureux d’avoir pu, avec l’Université de Gand, confronter ces théories au comportement réel de nos clients", réagit Stijn Ceelen. "Nous avons ainsi appris que l'on conservait deux fois moins longtemps une action dont la valeur a augmenté qu’une valeur sur laquelle on essuie des pertes."

Étonnamment, l’effet de disposition est plus faible chez les investisseurs qui suivent chaque jour leurs positions que chez ceux qui ne s’y intéressent que sporadiquement. "Les premiers voient le problème prendre peu à peu de l’ampleur et interviennent plus vite", analyse Stijn Ceelen. "Quiconque ne contrôle ses investissements qu’une fois tous les trois mois, pour constater qu’une action affiche alors 40% de perte, aura tendance à penser que le pire est passé et à la conserver."

Un conseil: pour ce qui concerne la tendance à conserver trop longtemps des actions perdantes, les investisseurs peuvent se prémunir contre l’effet de disposition en travaillant dès le début avec des ordres stop-loss. Ceux-ci déclenchent une vente automatique des actions dès qu’un seuil déterminé est atteint.

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