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"Les banques centrales ne brusqueront pas les marchés"

©EPA

Les taux plancher sur les comptes d’épargne incitent un nombre croissant de Belges à investir pour espérer engranger un peu de rendement. La normalisation attendue de la politique monétaire ne risque-t-elle pas de leur coûter cher?

Les rémunérations particulièrement faibles sur les comptes d’épargne et les taux historiquement bas sur les obligations publiques peuvent donner l’impression que les actions sont la seule possibilité d’obtenir encore un peu de rendement. Un raisonnement contesté par le professeur Koen Inghelbrecht, professeur en théorie de l’investissement à l’Université de Gand: "Les investisseurs doivent toujours avoir une perspective à long terme et diversifier suffisamment leur patrimoine entre plusieurs catégories d’actifs, telles que les actions, les obligations, l’immobilier et l’or. Bien que l’on s’attende à une légère baisse des cours des obligations à terme, il reste utile d’en détenir en portefeuille. Car elles créent de la diversification. En cas de brutale chute des actions, il y a de fortes chances que les cours des obligations s’inscrivent en hausse."

C’est le raisonnement traditionnel qui s’applique dans une époque normale, mais nous ne vivons plus depuis longtemps à une époque "normale". Les marchés obligataires constituent par exemple un marché relativement artificiel, dominé par les banques centrales. À présent que les économies américaines et européennes retrouvent peu à peu de la vigueur, les banques centrales se préparent à abandonner leur mesure d’assouplissement quantitatif, voire à renverser la vapeur. Pendant des années, elles ont acheté des obligations et maintenu les taux directeurs à des niveaux plancher.

Le moment semble aujourd’hui venu de mettre un terme aux achats d’actifs et de relever progressivement les taux. On peut se demander comment les marchés vont réagir. Jamais auparavant les dirigeants monétaires n’avaient mené une expérience aussi osée et d’une telle envergure au sein d’une économie développée.

Le Pr Inghelbrecht se montre optimiste. "C’est une situation exceptionnelle, c’est vrai, mais j’ai le sentiment que les banques centrales font preuve du tact nécessaire. Elles ne veulent surtout pas brusquer les marchés. En outre, je pense que la perspective d’une politique monétaire où l’argent n’est pas extrêmement bon marché est déjà en partie intégrée dans le cours des actions et des obligations."

Normalisation

Tout le monde ne partage pas son optimisme. Les critiques font référence aux premières mesures prudentes de réduction de la politique monétaire accommodante de 2013. À l’époque, la Réserve fédérale américaine avait annoncé une normalisation progressive de sa politique monétaire particulièrement souple. Le marché obligataire avait été piqué au vif, avec pour conséquence un exode des capitaux des pays émergents.

"Il y aura toujours une réaction à court terme", nuance Stijn Ceelen, Country Manager de Binck Belgique. "Réagir émotionnellement à une telle annonce est humain. Mais les Bourses se sont redressées dès que la raison a repris le dessus. De plus, la Fed a tiré des enseignements de cet épisode et rectifié sa communication pour éviter autant que possible qu’il se répète."

Voilà pour la Fed. Qu’en est-il de la Banque centrale européenne? "À l’inverse de la Fed, la BCE n’est pas soumise au double objectif de stabilité des prix et de maximisation de l’emploi", observe Stijn Ceelen. "Bien que sa seule préoccupation soit une inflation ‘proche de, mais inférieure à 2%’, je ne m’attends pas à ce que l’institution fasse de la hausse des prix une idée fixe. La BCE ne commencera à durcir sa politique monétaire que lorsque la croissance économique sera suffisamment robuste dans la zone euro. Et cette croissance neutralisera au moins en partie l’impact du raidissement monétaire sur les cours des actions."

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