En Bourse, il est essentiel de bien diversifier ses investissements. C’est possible via une sélection personnelle ou en travaillant avec des fonds. Dans ce dernier cas, les investisseurs doivent cependant prêter attention aux frais de gestion.
"Malgré la popularité croissante de l’investissement, il existe encore une certaine réticence vis-à-vis de la Bourse et surtout de la façon de commencer à investir", remarque Stijn Ceelen, Country Manager chez Binck Belgique. "Pourtant, même avec les valorisations actuelles – assez tendues – des marchés d’actions, les rendements attendus à long terme sont supérieurs à l’inflation prévue. Les actions ont donc leur place dans un portefeuille de placements. À la condition expresse d’en acheter pour le long terme."
L’adage prend ici tout son sens: ne placez pas tous vos œufs dans le même panier, car une contreperformance peut se montrer lourde de conséquences. Il est donc regrettable que les investisseurs semblent avoir oublié les douloureux enseignements de la crise financière de 2008, souligne Koen Inghelbrecht, professeur en théorie de l’investissement à l’Université de Gand.
"À l’époque, ils avaient souvent investi une grande partie de leur patrimoine dans une seule action, comme Fortis ou Dexia. On retrouve ce type de comportement aujourd’hui. Voyez le succès des actions biotech, avec des investisseurs obnubilés par un potentiel haussier dont rien ne garantit qu’il se réalisera."
Happy few
En le diversifiant sur plusieurs actions, on réduit le risque du portefeuille dans son ensemble. Les investisseurs peuvent faire leur propre sélection d’actions ou opter pour un fonds. De son côté, Koen Inghelbrecht évite le stock-picking. "Les recherches académiques démontrent qu’il a très peu de valeur ajoutée. Cependant, je ne le déconseille pas non plus à mes étudiants. Il y a toujours des investisseurs qui battent le marché sur la durée, mais ils sont rares."
Stijn Ceelen éclate de rire lorsqu’on lui demande s’il appartient à ces happy few. "Non, je ne suis pas un stock-picker. Selon mon expérience, on entend beaucoup parler des réussites mais un silence assourdissant entoure les pertes."
Plans d’investissement
Pour ceux dont les ressources financières ou les connaissances en la matière sont limitées, le stock-picking n’est certes pas la meilleure idée. Comment peuvent-ils dès lors profiter de la Bourse? "Ces dernières années, la plupart des grandes banques ont proposé des plans d’investissement qui permettent de commencer à investir à partir de 25 euros", répond Koen Inghelbrecht.
Cela étant, ces initiatives ne convainquent pas totalement le professeur. "Ces plans manquent de transparence et les frais peuvent atteindre 2%, ce qui pèse considérablement sur le rendement. Qui en profite le plus, le client ou la banque? Une meilleure éducation financière pourrait permettre d’éviter ce type de situation. Car les clients n’ont souvent pas conscience des frais qu’ils paient."
"Les banques en ligne contribuent à démocratiser la Bourse", remarque Stijn Ceelen. "Voici 10 ans, elles ont mis les Bourses à la portée des petits investisseurs en s’attaquant aux frais de transaction exorbitants des banques traditionnelles. Aujourd’hui, elles jouent un rôle similaire en matière de frais de gestion. La plupart des acteurs en ligne ne demandent plus de frais d’entrée et travaillent souvent avec des trackers. Ces fonds à gestion passive engendrent des frais inférieurs aux 2 à 3% que les petits investisseurs déboursent généralement pour un fonds classique à gestion active."
"Encouragez fiscalement les investissements dans les fonds"
Par le passé, le gouvernement a pu se montrer plus favorable à la Bourse qu’aujourd’hui. Pensez à la loi Cooreman-De Clercq de 1982, qui octroyait un avantage fiscal aux investisseurs acquérant des actions belges. Le professeur Koen Inghelbrecht n’est toutefois pas partisan d’une initiative similaire dans les conditions actuelles. "Dans la mesure où il s’agit d’actions individuelles, ceux qui ont moins de capital courent le risque de ne pas pouvoir diversifier suffisamment leurs investissements. Il serait préférable d’encourager fiscalement les investissements dans des produits diversifiés, comme des fonds et des trackers. C’est d’ailleurs déjà le cas avec le troisième pilier des pensions."