Prenez les commandes de votre carrière
Jamais les entreprises ne se sont autant préoccupées des projets de développement et des parcours de leurs collaborateurs. Il n’en reste pas moins nécessaire de prendre en main votre propre carrière, affirment les experts. Les professionnels qui désirent entrer dans une nouvelle phase de leur cheminement doivent investir assez de temps et d’énergie dans leur développement de carrière et identifier eux-mêmes l’étape suivante.
Cela signifie-t-il que vous devez définir un plan de carrière en bonne et due forme, avec ses targets et autres milestones? "Le mot-clé en matière de carrière est la flexibilité, ce qui est inconciliable avec des plans de carrière trop rigides", nuance Joke De Leeuw, coach de carrières au Career Center de la Vlerick Business School. "Je donne notamment des cours sur les valeurs de carrière qui vous aident à déterminer ce qui est important pour vous dans votre cheminement. Je conseille aux étudiants de refaire régulièrement l’exercice consacré aux valeurs, car celles-ci peuvent évoluer énormément en fonction de la situation personnelle, pour ne citer que cet exemple."
C’est à Egon Zehnder, fondateur de l’entreprise de chasseurs de têtes qui porte son nom, qu’on attribue la formule "Career is to a large degree also luck". Mais ceux qui l’interprètent comme "vous n’avez aucune influence sur votre carrière" n’ont rien compris au message, prévient Karsten De Clerck, qui dirige le bureau bruxellois d’Egon Zehnder. "Il faut identifier les opportunités et bondir dans le wagon quand il passe devant vous. Pour cela, le professionnel doit établir une espèce d’idéal qui indique clairement ce qui le motive, ce qui le rend heureux. Ceux qui ont tendance à se fixer des objectifs du type ‘Je veux être directeur des ventes avant mes 40 ans’ risquent d’y attacher une telle importance qu’ils commenceront à poser des choix sur la base du titre de la fonction."
La puissance du réseau
Une fois que vous vous êtes fixé un objectif plus ou moins clair, il s’agit de maximiser vos chances de le réaliser. C’est possible, affirme Christoph Leenknecht (Altior Executive Search), en développant un réseau de qualité qui livre un aperçu des entreprises qui le composent et de ce qui les distingue. "Vous ne pouvez négliger le networking au prétexte que vous manquez de temps. Car les réseaux apportent de la visibilité."
Les réseaux seuls ne suffisent pas, cependant: il faut être actif sur le marché du travail. "C’est comme à la pêche: si vous ne lancez qu’une ligne, vous avez dix fois moins de chances d’attraper un poisson que si vous avez dix hameçons", compare Tom Goorman (Stanton Chase). "Prendre l’initiative implique également de répondre activement aux offres d’emploi intéressantes – cela ne vous engage à rien. Vous ne pouvez en tout cas pas vous attendre à ce que le poste idéal s’offre à vous au moment où vous cherchez désespérément un nouveau défi. Car dans ce cas, vous opérez des choix sous pression… Il est plus sain d’envoyer régulièrement son CV, même quand tout va bien."
Chez Ebbinge, Rakhal Van Orshoven va plus loin. Il évoque la création d’un besoin sur un marché du travail surtout porté par la demande. "Ne vous contentez jamais de vous porter candidat à des offres d’emploi publiées. Il est préférable d’aller boire un café avec le manager qui décidera des offres d’emploi correspondant à votre profil. Imaginez une entreprise qui lance avec succès un produit aux Pays-Bas mais pas en Belgique: vous pouvez proposer au directeur commercial de l’aider à le commercialiser ici. De cette manière, vous créez vous-même la fonction. Étudiez les résultats annuels de l’entreprise et voyez les améliorations que vous pourriez y apporter. Si vous constatez que l’efficacité opérationnelle n’est pas suffisante, proposez d’y appliquer les principes lean. L’entreprise est-elle en retard dans l’e-commerce? Prenez contact sur le mode ‘Je vais vous aider’. Sur LinkedIn, vous saurez rapidement qui contacter."
Connaissances et expérience, mais pas seulement
Nous avons demandé à tous les chasseurs de têtes sur quoi ils basaient leur jugement lorsqu’ils faisaient face à un candidat. Karsten De Clerck évoque quatre blocs importants: l’expérience accumulée, les compétences intrinsèques, le potentiel et la personnalité. "Ces quatre éléments font la personne: étiquettes et titres de fonction ne sont que le point de départ", explique-t-il. Le potentiel reste très important, même pour ceux qui ont déjà évolué dans leur carrière. Tout comme les caractéristiques personnelles qui font que vous êtes l’homme ou la femme idéal(e) pour une situation ou une organisation donnée.
Où trouve-t-on des opportunités aujourd’hui? L’époque est propice sur le marché du travail, constitué notamment d’entreprises qui croient à nouveau en leurs possibilités de développement, répond Rakhal Van Orshoven. Cela crée des possibilités pour toutes les disciplines. "Lorsque la conjoncture est mauvaise, on recherche surtout des profils financiers ou des personnes capables de restructurer. Aujourd’hui, on note une forte demande pour des commerciaux: il y a beaucoup de projets d’expansion, et les entreprises ont besoin de collaborateurs pour les réaliser et les mettre sur le marché."
Retour chez Vlerick. "C’est vous le pilote", proclame Joke De Leeuw. "Les entreprises se préoccupent davantage du plan de développement personnel de leurs collaborateurs, mais vous devez également y travailler, car tout le monde s’occupe de sa carrière désormais. La gestion de carrière est une tâche active, surtout si vous nourrissez de l’ambition. Et dans ce cas, vous devez le faire savoir!"