Début mars, les premiers volumes de CO2 provenant d’INEOS Oxide à Zwijndrecht ont été stockés dans un champ pétrolifère vide au large du Danemark. Une première mondiale dont INEOS n’est pas peu fière. Son objectif est de capturer et de stocker un, voire un million et demi de tonnes de CO2 d’ici à 2025. Ce chiffre pourrait atteindre entre 4 et 8 millions de tonnes d’ici à 2030. Ce faisant, le groupe chimique ne souhaite pas seulement réduire sa propre empreinte carbone: “Nous exploitons un nouveau marché”, déclare Mads Weng Gade, Chief Commercial Officer d’INEOS Energy. Le CSC, ou captage et stockage permanent du CO2, est reconnu comme une solution nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques européens.
Le projet Greensand teste pour la première fois en conditions réelles le stockage de CO2 dans un gisement de pétrole vide. “C’était fascinant de voir le CO2 liquide s’écouler dans le réservoir vide”, commente Weng Gade. “Nos tests en laboratoire nous avaient rassurés sur la faisabilité du projet, mais on ne sait jamais comment le dioxyde de carbone se comporte dans la réalité. Heureusement, tout s’est déroulé comme prévu. Nos ingénieurs connaissent très bien les propriétés du réservoir de grès.”
Le champ pétrolifère, situé à 1.800 mètres sous le fond de la mer du Nord danoise, a été exploité par INEOS Energy pendant plus de 20 ans. “Aujourd’hui, ce champ est vide, plus aucun pétrole ne remonte à la surface”, souligne Weng Gade. “Le grès de ce réservoir contient de la glauconite, qui donne au sable un aspect vert, d’où le nom du projet, Greensand.”
“Les experts s’attendent à ce que l’écart de prix entre le stockage de CO2 et l’achat de droits d’émission disparaisse d’ici à 2030. Le marché du stockage connaîtra alors une croissance rapide.”
Le projet Greensand vise également à mettre en lumière la chaîne de valeur du captage, du transport et du stockage industriel du CO2. “À présent que le test a été concluant, nous devons passer à l’échelle supérieure afin que le projet devienne économiquement viable.”
Actuellement, le stockage du CO2 coûte plus cher que l’achat de quotas ETS (quotas d’émission de CO2). Les experts estiment que cette différence de prix disparaîtra vers 2030. “Comme pour l’énergie éolienne et solaire, le marché se développera alors à un rythme accéléré”, prévoit Weng Gade. “En attendant, nous avons besoin de subventions suffisantes et de cadres réglementaires adéquats. Ainsi, un accord bilatéral entre la Belgique et le Danemark a été nécessaire pour permettre le transport du CO2 par voie maritime.”
”Ce processus libère un flux de CO2 concentré. Les processus avec un flux de CO2 plus dilué impliquent une étape et donc des coûts supplémentaires pour concentrer ce dioxyde de carbone.”
L’origine du CO2 est une autre dimension importante pour la faisabilité économique. “À Anvers, nous exploitons une usine d’oxyde d’éthylène”, avance Johan Loots, Business Manager chez INEOS Oxide. “Ce processus libère un flux de CO2 concentré. Les processus avec un flux de CO2 plus dilué impliquent une étape et donc des coûts supplémentaires pour concentrer ce dioxyde de carbone.”
INEOS ne se contente pas d’envisager la capture du CO2 dans le cadre de ses propres activités: le groupe exploite aussi le potentiel commercial des nouvelles technologies. “L’Europe considère le stockage industriel du carbone comme un élément essentiel pour atteindre ses objectifs climatiques d’ici à 2050”, note Weng Gade. “En 2023, l’Europe souhaite stocker 50 millions de tonnes de CO2, et à l’horizon 2050, elle devra en stocker 300 millions. Le potentiel de marché est dès lors immense. Nous avons été les premiers à nous lancer sur ce marché, ce qui présente souvent un avantage et nous donne une occasion supplémentaire de le développer.”