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Tirez profit du déficit d'électricité

Johan Driesen, KULeuven ©Dries Luyten

L’électricité sera-t-elle coupée cet hiver ? Le blackout est-il à envisager ? Personne ne peut le confirmer ni l’infirmer mais, il faut économiser l’énergie et mesurer ce que votre entreprise consomme exactement, où et quand. Et si vous investissez dans une installation de secours, vous pourrez exploiter cette nouvelle flexibilité.

Une entreprise doit contrôler si elle devra subir un délestage temporaire dans le cadre des plans d’urgence. Si elle se trouve dans une des zones concernées, le risque est réel. Nous sommes tellement habitués à la fiabilité totale que nous ne pouvons même pas imaginer un blackout. Les entreprises doivent entreprendre une réflexion rationnelle. Quels sont leurs processus critiques ? Ont-elles toujours besoin d’autant d’électricité ? Il est possible que seule une petite partie de leur infrastructure soit critique. Elles doivent également s’intéresser à l’impact d’une coupure sur leurs collaborateurs et leurs activités. Dès que les éléments critiques sont identifiés, il faut estimer les possibles répercussions économiques. Ceux qui savent ce qui les attend sur ces deux points ne doivent pas dramatiser, ni investir dans des procédures de secours.

Solution

" Dans certains secteurs, les entreprises et les organisations disposent déjà de procédures de secours : les hôpitaux, les banques, les entreprises pétrochimiques et chimiques, certaines entreprises agroalimentaires. Elles ont déjà pris des mesures à l’encontre des baisses de tension qui peuvent mettre hors service des ordinateurs ou des machines ", explique le professeur Driesen (KU Leuven et EnergyVille). " Elles ont généralement installé des UPS (Uninterruptible Power Supply), des boîtes contenant des batteries que l’on place entre la prise et les appareils. Les UPS sont appropriés à l’équipement informatique. "

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Pour le professeur, l’UPS est la meilleure mesure à court terme. " C’est un investissement qui n’est pas coûteux et qui est rapidement amorti. "

Le groupe diesel est une solution plus compliquée à activer. " Il faut sécuriser l’installation du réservoir et pouvoir évacuer les gaz d’échappement. On ne peut pas raccorder n’importe quoi en parallèle du réseau. En cas de panne de courant, le système passe du mode ordinaire au mode fonctionnement de secours. Entre les deux, il y aura une brève coupure. La technologie évolue vite et les bons générateurs sont fiables. Mais avant d’avoir recours à des groupes de secours, l’entreprise a intérêt à identifier les postes où elle peut réaliser des économies à l’aide de compteurs d’électricité pour éviter un sur-investissement dans des générateurs de secours pour lesquels il faudra parfois même demander une autorisation. "

Coût du blackout

" Un générateur, c’est plus qu’une assurance. Il peut aplanir les coûteux pics de consommation et ainsi permettre de réaliser d’importantes économies ", explique Johan Driesen. " Avec l’arrivée de l’énergie solaire et éolienne, la flexibilité dans la consommation électrique a pris de la valeur sur le marché libéralisé. Des entreprises proposent déjà des arrêts de production, indemnisés par Elia. Ainsi, la plupart des installations de congélation, de réfrigération, de pompage et de climatisation peuvent fonctionner plusieurs heures sans électricité, offrant des réserves de négawatts (consommation électrique négative).

Il est toujours utile de mesurer et de créer de la flexibilité. Les prix de l’électricité sont appelés à fluctuer davantage et à augmenter plus nettement en cas de pics de consommation. Les ESCo, Energy Service Companies, aident les entreprises à accroître l’efficacité de leurs bâtiments et installations, et regroupent la flexibilité de plusieurs entreprises en une solution intéressante pour les gestionnaires de réseaux. "

Quel dommage économique un black-out peut-il occasionner ? Johan Driesen : " Le Bureau du Plan a calculé qu’une heure de coupure de courant imprévue nous coûtait une heure de PNB. Mais nous ne connaissons pas le coût d’une coupure programmée. J’ai connu ça en Californie, dans la région qui abrite les plus grandes entreprises informatiques au monde. Ma conclusion est qu’il est possible de s’adapter. Les entreprises ont intégré plus de dispositifs automatiques, comme des éclairages intelligents. Même s’il fait plus froid chez nous, il ne faut pas exagérer l’impact de coupures programmées. "

Renouvelable

" Il sera difficile de coupler des batteries à des convertisseurs photovoltaïques d’ici l’hiver, comme c’est en train de se faire en Allemagne. Cela exigerait un investissement supplémentaire sur la plupart des panneaux solaires belges ", explique Johan Driesen. " On peut essayer de stocker l’énergie renouvelable, mais c’est assez cher ", admet le consultant Benedict De Meulemeester. " Ce serait pourtant utile, car on réinjecte déjà de grandes quantités d’énergie solaire sur le réseau pendant le week-end, quand elle rapporte le moins. Si on la stocke, il sera possible de la délivrer pendant les pics de consommation (plus coûteux) et donc de réaliser des économies. Tant le découplage partiel que le stockage doivent être intégrés dans le concept des installations électriques. Cela doit être possible d’y parvenir d’ici l’hiver dans les entreprises pas trop complexes. "

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" Les entreprises se détournent de plus en plus du réseau à mesure que le sentiment de défiance grandit ", remarque Benedict De Meulemeester.

" Ce sentiment est renforcé par le fait que Elia ne connaît pas encore, même approximativement, la quantité d’électricité produite de manière autonome par des sources renouvelables dans notre pays. Résultat : au moment où nous devons améliorer les interconnexions entre les différents réseaux, certaines entreprises veulent promouvoir exactement le contraire et constituer des îlots énergétiques autonomes. Or la production d’énergie décentralisée ne doit pas servir à rendre les entreprises totalement indépendantes du réseau, mais à leur fournir de la flexibilité. "

Savoir c’est pouvoir

" Nous remarquons que de nombreux chefs d’entreprises connaissent parfaitement les pics et creux de leur consommation et savent ce qu’ils peuvent désactiver temporairement, mais ils n’exploitent pas ces informations pour accroître leur flexibilité ", constate Heidi Lenaerts, directrice générale de Smart Grids Flanders, une plateforme des et pour les entreprises impliquées dans le développement de nouveaux réseaux énergétiques. " Pourtant, la flexibilité est un bien négociable et peut constituer une source de revenus. Les entreprises achètent des technologies qui leur permettent de gérer intelligemment leur consommation d’énergie afin de réaliser des économies, mais pas encore pour rentabiliser pleinement cet investissement. Ce marché doit encore s’ouvrir. "

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