Le constructeur automobile suédois Polestar ambitionne de construire une voiture neutre sur le plan climatique pour 2030. Et ce, sans planter d’arbres pour compenser les émissions résiduelles. “Nous nous obligeons à innover.”
À la COP26 de Glasgow, les grands constructeurs automobiles ont annoncé non sans fierté leur sortie progressive des carburants fossiles entre 2035 et 2040. Leur déclaration n’a pourtant pas impressionné Thomas Ingenlath, CEO du constructeur suédois de voitures électriques Polestar. “Vu la durée de vie d’une voiture, des véhicules tournant aux carburants fossiles continueront à circuler durant la deuxième moitié de ce siècle”, a-t-il indiqué en marge du sommet climatique. “Un changement radical est nécessaire.”
Polestar, fondée en 2017 par Volvo Cars et le groupe chinois Geely Holding, se montre nettement plus ambitieuse. L’entreprise produit déjà deux sportives – une GT hybride et un deux volumes électrique – auxquelles s’ajoutera bientôt un SUV électrique.
Déductibles fiscalement
Nous remettons tout en question, nous innovons et nous recherchons activement des technologies exponentielles pour atteindre une neutralité climatique totale.
Alors que les gouvernements et les constructeurs voient en l’électrification la solution pour un parc automobile respectueux du climat, Polestar va plus loin. “La voiture électrique n’est que le début de l’histoire, pas la fin”, affirme Lies Eeckman, Managing Director de Polestar Belgique. Avec le projet Polestar 0, le constructeur automobile relève un défi inédit dans l’univers de l’automobile: “Le ‘zéro émission à l’utilisation’ ne suffit pas. Il faut atteindre la neutralité climatique sur l’ensemble du processus de développement et de production, depuis les sous-traitants jusqu’aux concessionnaires.”
Car si les voitures électriques se révèlent plus propres à l’utilisation, leur fabrication exige énormément d’énergie. La production des batteries, surtout, a un fort impact climatique, notamment via l’extraction de matières premières. D’ici à 2030, Polestar veut atteindre la neutralité climatique sur ce processus.
Et l’entreprise ne compte pas s’en sortir en compensant les émissions. Les experts n’y voient pas une solution à long terme. “Des questions se posent quant à la capacité des forêts et des sols à stocker le carbone à long terme”, explique Lies Eeckman. “Une forêt peut être abattue, dévastée par un incendie ou affectée par le changement climatique.”
Par conséquent, le constructeur suédois s’oblige à innover. “Nous devons tout remettre en question, innover et faire appel à des technologies exponentielles pour progresser vers le ‘zéro émission’.” L’ambition de Polestar rend son assortiment de véhicules en leasing attrayant pour les grandes entreprises, les PME et les indépendants qui veulent réduire leur empreinte écologique. Les taxes sur les véhicules électriques sont plus faibles. Et les voitures Polestar sont déductibles fiscalement, tout comme l’électricité.
Transparence totale
Polestar se veut très transparente quant à l’impact climatique de ses voitures et appelle les autres constructeurs à l’imiter. “La transparence est un catalyseur de mobilité durable”, résume Lies Eeckman. Une analyse du cycle de vie révèle que les nouveaux modèles Polestar 2 quittent l’usine avec une empreinte carbone comprise entre 24 et 25 tonnes d’équivalent CO2. Si la voiture est rechargée à l’énergie verte, ce chiffre n’augmente plus avec l’utilisation.
Bien que la production de voitures similaires équipées d’un moteur à essence émette moins de CO2, cette économie disparaît rapidement à l’utilisation. Après 50.000 kilomètres, une Volvo XC40 essence est plus nocive pour le climat qu’une Polestar 2 comparable, a calculé l’entreprise l’an dernier. Sur l’ensemble du cycle de vie, l’impact climatique est inférieur de plus de moitié.