Bien que relativement néophytes dans le domaine des ballons, Bart Van Nuffel et Jérôme Leclef, aujourd’hui à la direction de Belbal, se sentent à l’évidence comme des poissons dans l’eau parmi le latex et les encres de couleur. Ils voient d’ailleurs plus loin pour leur entreprise. Des ballons, bien sûr, mais également des accessoires de fête et de décoration, un marché en plein essor en Europe.
Ils sont proprement emballés dans des boîtes en carton et prêts à être expédiés. Des ballons de toutes les couleurs imaginables: bleu roi, vert anis ou noir métallisé. Un peu plus loin, sur deux lignes de production entièrement automatisées, des ballons sont à moitié gonflés et imprimés par salves de dix à une cadence rapide, avant de disparaître dans d’autres boîtes. "C’est la principale différence avec nos concurrents", souligne non sans fierté Jérôme Leclef. L’an dernier, Bart Van Nuffel et lui ont repris l’entreprise familiale Belbal via un management buy-in. "Lorsque vous imprimez des ballons chinois, près d’un sur cinq explose. Alors qu’ici, les ballons n’éclatent presque jamais. Cela, grâce à un procédé de fabrication supérieur."
Une des plus grandes usines de ballons au monde
"Nous étions tous deux, pour des raisons différentes, en quête d’un nouveau défi", se souvient Bart Van Nuffel. "Très vite, reprendre une entreprise s’est imposé comme une évidence." Avant de fixer définitivement leur choix sur le fabricant de ballons, les deux partenaires ont étudié plus de 120 sociétés. Belbal répondait parfaitement à leurs critères: une entreprise dont ils pouvaient comprendre les activités, pas trop high-tech et présente à l’international.
"Nos ingénieurs développent eux-mêmes nos machines de production et d’impression. Nous sommes donc bien plus qu’un revendeur: nous maîtrisons l’ensemble du cycle de production."
Bien qu’elle opère dans un marché de niche – la production et l’impression polychrome de ballons -, Belbal est rapidement parvenue à s’y hisser parmi les leaders mondiaux. Le siège de l’entreprise est situé en Belgique, d’où elle distribue ses produits et réalise un peu d’impression pour le marché local. Mais la société est principalement active sur le marché européen élargi ainsi qu’aux États-Unis, au Japon et au Canada. En outre, elle possède en Pologne une des plus grandes usines de ballons au monde. C’est précisément cette complexité qui a séduit les deux entrepreneurs.
Une vision d’avenir claire
Lorsque Bart Van Nuffel et Jérôme Leclef ont acquis Belbal, elle était encore une entreprise familiale dans le plus pur sens du terme. Son fondateur ne recherchait d’ailleurs pas activement de repreneur, si bien qu’il leur faudra une bonne année pour le convaincre de vendre. "Il voulait surtout que son ‘bébé’ soit en de bonnes mains", indiquent les deux entrepreneurs. Pour financer ce rachat, ils font alors appel à Dovesco. Cette société – qui fait partie du holding familial Domo Investment Group - est spécialisée dans les investissements en capital-croissance. Elle prendra finalement une participation de 50% dans le capital de Belbal. "Le plan d’entreprise élaboré par le tandem Van Nuffel-Leclef, en collaboration avec Dovesco, était parfaitement cohérent", relève Claudio Brabants de BNP Paribas Fortis. "Belbal est un acteur de niche, actif dans le monde entier et figure parmi les leaders du marché. En outre, nous avons rapidement perçu que nous avions affaire à deux managers passionnés et dotés d’une vision claire de l’avenir de l’entreprise. "
Une expertise technique inégalée
"70% des ballons produits sont imprimés à des fins publicitaires, un marché dans lequel Belbal est très bien positionnée. À nos yeux, le secteur des accessoires de fête et de décoration offre de belles possibilités de croissance; pensez aux anniversaires d’enfants, aux mariages, aux événements d’envergure, etc. Ce marché de niche est en plein essor en Europe!" indique Jérôme Leclef. Un autre atout qui a aidé les deux entrepreneurs à convaincre la banque de la solidité de leur projet: l’expertise technique développée par Belbal. "Nos ingénieurs développent eux-mêmes nos machines de production et d’impression. Nous sommes donc bien plus qu’un revendeur: nous maîtrisons l’ensemble du cycle de production" poursuit-il.
Une entente parfaite
Sitôt l’accord de Dovesco d’entrer dans le capital de Belbal reçu, le tandem Van Nuffel-Leclef se met en quête de financement. "BNP Paribas Fortis était en relation avec Dovesco depuis plusieurs années déjà, ce qui a bien entendu facilité les choses", confesse Claudio Brabants. "Cela dit, nous avons très vite été séduits par les ambitions que les deux entrepreneurs nourrissent pour Belbal. Leur dossier avait été élaboré avec sérieux, ce qui est extrêmement important dans le cas d’un management buy-in. En outre, crédit signifie confiance, notamment dans le projet que vous financez, mais aussi dans les personnes avec lesquelles vous vous engagez. Dans ce cas-ci, la confiance fut immédiate."
"Lorsque vous vous adressez à une banque pour obtenir des capitaux frais, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte parmi lesquels le montant emprunté, mais aussi le taux et les conditions collatérales", complète Bart Van Nuffel. "Au-delà, et c’est particulièrement important, le courant doit passer entre tous les acteurs du dossier. Je dois avouer que l’entente fut parfaite entre nous. La banque a compris que nous désirions nous engager pleinement dans cet investissement. Ce qui l’a convaincue d’aller un peu plus loin que la concurrence." Et Claudio Brabants d’enchaîner: "Le partenaire financier peut aussi faire office de caisse de résonance pour l’entreprise."
Qualité et efficacité avant tout
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la croissance future sera essentiellement européenne. "Les normes de production techniques pour les ballons sont nettement plus élevées ici", détaille Jérôme Leclef. "Nous devons en faire l’un de nos atouts."
"La banque a compris que nous désirions nous engager pleinement dans cet investissement. Ce qui l’a convaincue d’aller un peu plus loin que la concurrence."
Quant au gigantesque marché chinois, Belbal n’est pas encore à même d’y faire suffisamment la différence avec ses produits de qualité. À long terme, les deux entrepreneurs y entrevoient pourtant des possibilités. En effet, la classe moyenne chinoise connaît une augmentation de son pouvoir d’achat, elle recherchera bientôt des ballons de meilleure qualité. "Nous sommes toutefois une entreprise européenne et nous tenons à le rester. Selon nous, le marché de détail européen recèle un vrai potentiel de croissance. C’est pourquoi nous souhaitons notamment investir dans l’amélioration de nos processus de production."
"Un autre argument décisif à nos yeux", conclut Claudio Brabants. "Belbal contrôle l’ensemble de la chaîne de valeur et peut donc réaliser des gains d’efficacité seule sans devoir consentir de lourds investissements. Elle est par ailleurs connue pour son esprit pionnier et son innovation. Cela incite à la confiance. Tout porte à croire que nous entendrons encore beaucoup parler de cette entreprise."