"Cette acquisition est un levier de croissance important pour Konings"
Après avoir repris le groupe de boissons Konings voici bientôt 10 ans, l’ancien banquier Dirk Maris et ses partenaires ne sont pas restés les bras croisés. L’acquisition récente d’un site de production de PepsiCo au Royaume-Uni illustre à nouveau parfaitement sa stratégie d’expansion internationale.
Des centaines de bouteilles de Jack Daniel’s Tennessee Honey défilent lentement sur la bande transporteuse métallique. Un peu plus loin, des dizaines de milliers de canettes vides, fraîchement imprimées et empilées, sont en attente de remplissage. Dirk Maris, CEO du groupe de boissons Konings, nous guide avec autant d’aisance que d’enthousiasme parmi les cidres, les jus de fruits et les boissons énergétiques que l’entreprise embouteille.
Voilà près de 10 ans qu’il a repris avec deux partenaires cette société spécialisée dans les jus de fruits et boissons distillées. Quelques années plus tard, le trio conçoit une nouvelle stratégie: Konings ne produirait ni n’emballerait plus ses propres marques, mais se profilerait sur le marché comme ‘co-packer’ pour d’autres producteurs et embouteilleur d’un large éventail de boissons.
Des canettes aux cuves
Après la reprise l’an dernier d’une usine de remplissage de flacons PET à Breda (Pays-Bas), la société a franchi, début septembre, une nouvelle étape majeure de son expansion internationale: elle a acquis au Royaume-Uni un site de production de PepsiCo, un client important de Konings. Cette acquisition est significative de la stratégie de croissance ambitieuse de la PME limbourgeoise. "Il n’est pas facile de nous classer dans l’une ou l’autre catégorie", sourit Dirk Maris tandis que nous déambulons entre les canettes, les bouteilles et les grandes cuves de distillation sur le site de production de Zonhoven.
"Certains de nos concurrents sont actifs sur le marché des jus de fruits. D’autres ciblent surtout les cidres ou les distillats. Alors que nous embouteillons une large gamme de boissons, souvent pour le compte de grandes multinationales."
"Des volumes petits ou moyens ne sont généralement guère rentables pour les grandes entreprises. Elles se tournent alors vers nous."
"Nous nous concentrons principalement sur les petits et moyens volumes et nous distinguons ainsi des grands acteurs, pour qui une telle approche n’est généralement guère rentable. Ceux-ci se tournent alors vers nous. A titre d’exemple, nous embouteillons ici le Jack Daniel’s Tennessee Honey pour le marché européen – nous disposons en effet de la capacité de stockage et de l’expertise nécessaires pour travailler les distillats –, mais aussi une grande variété de jus de fruits et de cidres, et même des bières spéciales.
Nous fonctionnons comme une sorte de ‘guichet unique’ pour de nombreux clients, qui souhaitent conditionner une certaine boisson soit en canettes, soit en bouteilles PET ou en emballages Tetra Pak. C’est cette flexibilité que nous leur offrons, grâce notamment à nos cinq usines qui chacune dispose de lignes de production spécifiques."
Désavantage logistique
La majeure partie des débouchés se situe actuellement à l’étranger, d’où les acquisitions réalisées à Breda et Boxford. "À Breda, une belle opportunité nous est tombée du ciel en quelque sorte: une entreprise spécialisée dans le remplissage d’emballages en PET et qui nous permettait par la même occasion de gagner un nouveau client de taille", explique Dirk Maris.
"En complément des lignes de production existantes destinées à l’embouteillage d’emballages en PET pour rayons frais (d’une durée de conservation limitée), nous avons également investi dans une nouvelle ligne de production aseptisée qui nous permet d’assurer le remplissage de boissons non pétillantes pouvant être conservées à température ambiante. Cette dernière a été achetée en leasing."








"Le leasing est une technique très courante pour l’acquisition de machines et de matériel roulant", confirme Veerle Ronsyn de BNP Paribas Fortis. "Cette solution de financement présente un intérêt pour la banque, car elle dispose ainsi d’une ligne de production ultramoderne, d’une valeur élevée et qui constitue dès lors une solide garantie." Au Royaume-Uni, un marché qui représente déjà 30% du chiffre d’affaires de Konings, la donne était quelque peu différente. "Nous souffrions sur ce marché d’un désavantage logistique, car nous devions intégrer les coûts d’exportation dans nos prix", précise Dirk Maris.
"Lorsque nous nous sommes intéressés au site de production de PepsiCo, nous avons tout de suite étudié les possibilités d’agrandissement qu’il offrait. En effet, il ne s’y trouve aujourd’hui qu’une seule ligne de production, sur laquelle nous embouteillons essentiellement des jus de pomme pressés. Or, nous souhaitons également y démarrer le remplissage d’autres types d’emballage à relativement court terme. Ce qui implique la construction de halls de production et d’un entrepôt, entre autres."
"L’acquisition de l’usine de Boxford nous permet également de renforcer et maintenir sur le long terme notre relation avec PepsiCo. Dans pareille situation, vous ne devez pas hésiter en tant qu’entrepreneur, juste saisir les occasions qui s’offrent à vous! Notre présence physique au Royaume-Uni assure à terme la perspective de nouveaux contrats et un formidable potentiel de croissance."
Un parcours impressionnant
Cette dernière acquisition représentait un investissement important pour une PME comme Konings. Pour le financer, elle s’est adressée à BNP Paribas Fortis qui a rapidement mis à sa disposition une ligne de crédit long terme, forte de la conviction que cette reprise était une belle opportunité pour ce groupe en forte croissance "En tant que banquier, nous nous réjouissons bien sûr lorsque les affaires de nos clients marchent bien", confie Veerle Ronsyn. "Le parcours de croissance affiché ces dernières années par Konings est vraiment impressionnant. Il s’explique notamment par sa structure excellente, un facteur essentiel pour toute entreprise qui souhaite réaliser avec succès des acquisitions à l’étranger."
"Konings travaillait depuis plusieurs années déjà avec PepsiCo, suite à la reprise du site de Borgloon en 2011", poursuit Veerle Ronsyn. "C’était pour nous une preuve tangible que la société connaissait parfaitement ce client et qu’elle en maîtrisait les codes. Il n’a pas fallu longtemps à Dirk Maris pour nous convaincre que, grâce à l’acquisition de l’usine de Boxford, Konings serait dès lors à même de mieux servir ses clients au Royaume-Uni, plus rapidement et à un meilleur prix.
"Nous souffrions sur le marché anglais d’un désavantage logistique, car nous devions intégrer les coûts d’exportation dans nos prix."
Bref, nous n’avons pas hésité longtemps lorsque l’entreprise a sollicité une nouvelle ligne de crédit, d’autant que Konings puisait aussi dans ses propres réserves pour financer cet investissement. Nous connaissons bien le groupe et comprenons les raisons de cette acquisition et la valeur ajoutée qu’elle représente à long terme."
Ancien banquier lui-même, Dirk Maris ne peut qu’acquiescer: "Cette compréhension mutuelle est vraiment essentielle. Nous nous rencontrons une à deux fois par an, même lorsque nous n’avons pas de demande concrète à soumettre à la banque. Lors de transactions importantes, stratégiques pour l’avenir de l’entreprise, comme celle que nous venons de réaliser au Royaume-Uni, la connaissance que la banque a de notre business se révèle capitale."