Nous sommes en train de repenser totalement la mobilité, estime le célèbre designer Axel Enthoven. “Le travail des stylistes est de plus en plus difficile, car ils doivent créer des voitures qui plaisent à tout le monde.” L’Anversois pointe pour nous cinq tendances de la voiture du futur.
Yellow Window, l’entreprise d’Axel Enthoven, a œuvré en Chine et en Malaisie; elle a conçu des rames de métro pour Bruxelles et des autobus super-légers pour Singapour. Le designer reste cependant prudent lorsqu’on lui demande sa vision de la mobilité à long terme. “L’industrie connaît une croissance exponentielle. Regardez à quelle vitesse Tesla, partie de rien, est devenue une industrie à part entière. C’était impensable il y a 10 ans à peine! Nous devrons également tenir compte de la politique: qu’est-ce qui sera autorisé ou non? Sans oublier les différences sur le plan géographique. En Asie et au Moyen-Orient, les gens achètent encore leur voiture en fonction de critères émotionnels, alors qu’en Europe, elle est en train de perdre son statut de signe extérieur de richesse. Rouler en Rolls-Royce à l’heure actuelle suscite davantage de sentiments négatifs que d’admiration.”
Pour Axel Enthoven, une chose est sûre: “Des éléments nombreux et passionnants influenceront radicalement la voiture de demain. Le transport public sera beaucoup plus important que le transport individuel. À quelle vitesse les choses évolueront-elles? Cela dépendra du courage de nos politiciens.”
1. Le syndrome de propriété – “je veux avoir ma propre voiture” – disparaîtra
“Nous partagerons et louerons davantage les voitures. Par ailleurs, elles représenteront de plus en plus un simple go-between entre deux autres modes de transport. La variété des moyens de transport devrait également augmenter. Allez-vous en ville ou faites-vous un long voyage? Partez-vous en excursion pour la journée avec vos enfants ou pour faire du shopping en solitaire? Lorsque vous ne possédez pas de voiture, vous avez davantage de choix.
Le partage des voitures transformera leur design. Vous ne vous préoccuperez plus de la couleur de la carrosserie car vous roulerez avec les voitures qui seront disponibles. Le travail des stylistes et des designers sera donc plus difficile, car ils devront créer des voitures qui plaisent à tout le monde.”
2. Les voitures seront davantage adaptées au “genre” du conducteur
“L’analyse des genres devrait donner une identité différente aux voitures. Les femmes conduisent d’une autre façon que les hommes, et cela marque progressivement le design des voitures. Ce n’est pas neuf. Voici quelques années, Volvo avait déjà conçu un modèle destiné aux femmes. Les voitures pourront également être personnalisées. Grâce à la stéréolithographie, il sera sans doute possible d’ici 15 à 20 ans de créer soi-même sa propre carrosserie et de la faire imprimer en 3D.”
3. La sécurité progressera de manière exponentielle
“Certains pilotes de Formule 1 sortent indemnes d’une collision à 350 km/h. Cette technologie trouve progressivement sa place dans les voitures ordinaires. Les véhicules sont construits couche par couche dans des matériaux extrêmement solides et qui absorbent les chocs, comme le kevlar et les conceptions en nid d’abeilles.
La protection intérieure diffère elle aussi de celle des véhicules classiques. Vous êtes assis dans un siège avec une double coque et donc une double absorption des chocs. Les designers sont en train d’intégrer toutes ces nouveautés.”
4. La sécurité passive augmentera énormément puisque nous aurons de moins en moins le contrôle de la voiture
“Nous disposons déjà de programmes informatiques qui guident totalement la voiture et nous préviennent de l’approche d’une zone de danger, d’une route glissante ou d’un véhicule venant en sens inverse. Ils détectent si le conducteur est en état de conduire, s’il est fatigué, s’il a bu de l’alcool, etc.”
5. Plusieurs disciplines participeront au développement de la voiture du futur
“Dans leurs centres de recherche, les constructeurs automobiles réalisent des études fondamentales sur la mobilité à long terme. Les centres de design conçoivent les véhicules. Les stylistes automobiles du département Color & Trim s’occupent surtout des couleurs et des matériaux; il s’agit donc d’une stratégie à plus court terme. On peut les comparer à des décorateurs ou à des architectes. En Belgique, nous sommes très bons en design – en d’autres termes, en architecture automobile. Quelques Belges se sont fait remarquer sur ce marché gigantesque, tels que Dirk Van Braeckel, qui a dessiné la Bentley GT, et Luc Donckerwolke, qui a dirigé les centres de recherche d’Audi et travaille aujourd’hui en Corée.
Beaucoup de nos compatriotes s’en sortent très bien dans ce domaine. Parce qu’ils sont cosmopolites et multilingues. Nous n’avons pas de profil marqué comme les Français, les Allemands et les Néerlandais, ce qui nous permet de nous adapter à toutes les situations. Les étudiants belges font preuve d’une grande ouverture d’esprit et d’une saine curiosité. J’ai pu le constater pendant les 24 années où je dirigeais le département Mobilité de l’École supérieure d’Eindhoven.”
MADE IN BELGIUM
"Nous cherchons en permanence à réduire le bruit des essuie-glaces."
Le centre de compétences de Bosch à Tirlemont rassemble tout son savoir-faire technologique en matière d’essuie-glace. C’est aussi là que le groupe développe des produits innovants créés sur mesure pour les voitures électriques.
Bosch développe des solutions technologiques pour les habitations, les voitures et l’industrie. Son fil conducteur? L’innovation. Le département recherche et développement du groupe emploie 59.000 personnes sur 120 sites partout dans le monde. La division de Tirlemont abrite le centre de compétences pour la R&D de la technologie appliquée aux essuie-glaces, ainsi qu’une importante unité de production. Chaque année, le site fabrique près de 40 millions de balais et de bras d’essuie-glace.
Au fil de ses recherches de produits innovants, Bosch est passé des lames d’essuyage en caoutchouc naturel aux lames en caoutchouc synthétique. "Nous avons également abandonné le moulage par injection au profit de l’extrusion", ajoute Wim Elsen, vice-président de Robert Bosch Produktie N.V. "Le matériau est ensuite pressé dans une matrice. Notre site tirlemontois est devenu un acteur unique dans ce domaine. Le savoir-faire que nous développons ici est utilisé par toutes nos autres filiales et par nos partenaires."
"La surface de nos caoutchoucs reçoit un traitement spécifique. Le revêtement doit apporter une résistance minimale tout en se montrant fonctionnel et résistant à l’usure. Dans ce domaine, nous disposons encore d’une importante marge de progression, en particulier pour les voitures électriques du futur. Leur moteur étant silencieux, les essuie-glaces doivent produire le moins de bruit possible. Ce qui requiert un revêtement spécifique."
Nouvelles lignes de production
L’usine de Bosch à Tirlemont, qui emploie près de 600 travailleurs, a également investi dans des lignes de production à la pointe de la technologie pour la fabrication de la dernière génération de lames d’essuyage. "Nous avons débuté la fabrication de balais d’essuie-glace dans les années 80", rappelle Wim Elsen. "Nous avons ensuite évolué vers des systèmes plus fluides, mieux adaptés à la géométrie du vitrage, et moins bruyants à grande vitesse. L’introduction de l’essuie-glace plat, avec déflecteur aérodynamique ("spoiler") et ressort à lames, y a également contribué."
"Nous avons par ailleurs développé un bras d’essuie-glace avec gicleur intégré. Il améliore la visibilité du conducteur et assure un meilleur nettoyage de la vitre avec moins de liquide de nettoyage. La durabilité joue un rôle important dans nos recherches. C’est pourquoi nous ambitionnons de créer des systèmes universels qui pourraient être utilisés sur différents véhicules."