Nulle part ailleurs qu’en Chine, où l’on ne paie presque plus en liquide, la technologie de paiement mobile n’a acquis si rapidement une position aussi dominante. La Belgique prend-elle la même voie? Ou la Chine restera-t-elle une exception?
Les Chinois paient presque tout avec leur smartphone. Les codes QR scannables sont omniprésents. Et plus de 90% des paiements mobiles en Chine passent par WeChat Pay et AliPay. La plateforme WeChat Pay est propriété de Tencent, tandis qu’AliPay est intégré dans Alibaba. Leur écosystème numérique extrêmement convivial a pénétré en profondeur la vie quotidienne en Chine. Ces géants de l’internet sont ainsi parvenus à se rendre indispensables sur le marché du paiement mobile en un temps record.
Les Chinois n’ont jamais connu le confort des cartes de paiement.
Un élément crucial de cette évolution est le concept d’app in the app, avec des dizaines de mini-applications parfaitement intégrées dans l’application principale. Grâce à elles, chaque Chinois dispose de son code QR personnel qui assure des paiements entre particuliers faciles et gratuits. Résultat: les banques sont de facto éliminées du processus de paiement. Tous les restaurants, magasins et stands de rue proposent à leurs clients un service de paiement extrêmement rapide via le même système, qui est également gratuit pour les commerçants.
Faux billets
Une évolution similaire attend-elle le marché belge du paiement? Il est trop tôt pour le dire. Car la Chine a sauté une étape. Jusqu’il y a peu, le cash y était omniprésent. Les Chinois n’ont donc jamais connu le confort des cartes de paiement. Or, l’énorme quantité de faux billets et d’argent noir en circulation a incité le gouvernement chinois à soutenir de façon extrêmement volontariste les solutions de paiement mobile high-tech.
L’énorme quantité d’argent noir en circulation a incité le gouvernement chinois à soutenir massivement le paiement mobile.
Les citoyens et commerçants chinois étaient eux aussi ouverts à cette nouvelle technologie. Il faut dire que les faux billets étaient devenus une véritable plaie dans l’Empire du milieu. En outre, la Chine ne disposait pas d’un réseau de terminaux de paiement en magasins suffisamment développé pour résister à cette nouvelle technologie de paiement. En combinant une quantité gigantesque de données d’utilisateurs et l’intelligence artificielle, ils sont à même d’adapter parfaitement leurs produits et offres aux profils de clients individuels.
Cette expérience d’utilisation fut un facteur crucial dans l’adoption rapide des technologies de paiement mobile en Chine. Enfin, la question de la protection de la vie privée, un argument particulièrement sensible en Europe, l’est nettement moins en Chine.