La série "Monstres: saison 2", c’est crime et châtiment, sauce californienne

Los Angeles, 1989. Lyle et Erik Menendez, deux jeunes hommes en smoking à l’arrière d’une limousine, s’apprêtent à fendre la foule. Ils sont attendus dans une grande salle pleine de monde. Pour faire la fête? Non. Pour faire… le deuil de leurs parents. Parents disparus quelques jours auparavant, assassinés froidement – sans doute par la mafia.

Retour en arrière: quelques semaines plus tôt. Lyle et Erik, alors encore insouciants, sont deux purs produits de l’Amérique WASP des années 80. Corps d’athlètes, voiture à soi, avenir brillant – Lyle n’a-t-il pas récemment rejoint la prestigieuse université de Princeton? Sauf que…

La seule ombre au tableau, c’est ce père autoritaire. Un Américano-cubain pas si WASP que ça. Père qui déboule sur le terrain quand Erik perd un set de tennis, interrompant la partie, ridiculisant son fils. Père qui les méprise à table quand l’un d’eux ne connaît pas la capitale de tel ou tel état de l’Union. La mère pourrait les défendre. Mais, soumise au père, elle ne semble pas valoir beaucoup mieux…

La tension avant le drame, dans la grosse maison familiale à l’ombre des palmiers géants, était palpable. Et depuis, ça ne s’est pas arrangé, surtout pour Erik, qui fait des cauchemars récurrents, et doit voir un psychiatre très régulièrement. Jusqu’au jour où il craque en pleine session, laissant apparaître une terrible vérité…

Monstres et compagnie

Dans la série générique «Monsters», Netflix nous avait déjà proposé en 2022 une vraie merveille télégénique, horrifique et psychologique en diable. «Dahmer» relatait, sous nos yeux incrédules, un fait divers véridique à vous glacer les sangs. Jeffrey Dahmer, jeune homme bien mis, intelligent, mais totalement psychopathe à ses heures, multipliant les meurtres de sang-froid dans son petit appartement de Milwaukee, où il dissolvait ensuite dans l’acide les corps de ses victimes… tout en entretenant des relations plus ou moins suivies avec d’autres occupants de cet immeuble bon marché.

Voici un nouvel épisode de l’histoire sordide de l’Amérique. Une démarche qui rappelle une autre excellente série: «American Crime Story». Dont la première saison nous relatait l’affaire O.J. Simpson (et le procès qui s’ensuivit). Quant à la seconde, elle se penchait, avec toujours autant de maîtrise narrative, sur l’assassinat – hautement prémédité – de Gianni Versace, avec notamment Penélope Cruz en sœur du principal intéressé.

Ici, le casting propose lui aussi sa star hispanique: Javier Bardem en personne. À ses côtés, en femme plus ou moins soumise (mais authentiquement alcoolique et médicamentée, on comprendra pourquoi), l’excellente Chloë Sevigny.

Années 80/90

Le résultat vous tiendra en haleine les 9 épisodes durant. L’ingrédient secret d’un suspense jamais pris en défaut? Les faux semblants. Ou comment les gentils deviennent des méchants, sous le compas moral d’un spectateur invité sans cesse à se prononcer, comme le ferait un juré d’assises. Car ici, on s’en doute, on va prendre le temps de bien explorer les points de vue et les trajectoires de chacun. Et bourreaux et victimes vont changer de peau plus d’une fois…

Autre réussite: la qualité des décors. Comme pour «Dahmer», nous voici plongés dans la toute fin des années 80/début des années 90, avec ce mélange de musiques, de couleurs un peu criardes, de mode mi-voyante mi-décontractée.

Et puis bien sûr, on l’a dit, il y a les acteurs. Les deux frères sont de vrais nouveaux venus, mais ils tiennent la dragée haute aux valeurs sûres, comme Javier Bardem, Chloë Sevigny ou Dallas Roberts, excellent en psy dépassé par les événements…