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BD | Martin Veyron explore l'obsession de la célébrité à travers l'histoire d'Erostrate

Le récit de Martin Veyron s'appuie sur le procès d'Erostrate face aux sages d'Ephèse.

Personnage réel, Erostrate incendia le temple d'Artémis, juste pour devenir célèbre. Martin Veyron retrace l'histoire de son procès, aux arguments étonnamment modernes, sur la recherche de reconnaissance.

Un furieux besoin d'atteindre la notoriété et la gloire sans talent particulier... La quête d'Erostrate a des accents particulièrement modernes, à l'heure des réseaux sociaux, des instagrameurs, tiktokeurs, influenceurs et autres pensionnaires de la téléréalité. La popularité aujourd'hui se compte en followers et en like, et peu importe si l'étendue du savoir du prétendant à cette renommée se limite à quelques dizaines de mots de vocabulaire ou, dans le meilleur des cas, à une riche expérience en matière de soins capillaires.

Ce besoin de paraître et d'être reconnu n'est pas neuf, loin de là. Les bouffons ont toujours existé et attiré la lumière et les regards. L'avènement et la réélection de Donald Trump participent certainement de ce phénomène également.

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"Vraie ou légendaire, cette histoire est magnifique. C'est pousser ce besoin de notoriété jusqu'à l'absurde."

Martin Veyron
Auteur

Déjà dans la Grèce antique

Erostrate est un personnage de la Grèce antique, dont l'histoire n'a que partiellement retenu le nom, et pour cause. C'est pourtant lui qui a bouté le feu au temple d'Artémis à Ephèse, considéré alors comme l'une des sept merveilles du monde antique. Rien de politique ou de religieux pour justifier son geste. Rien d'autre que le désir de devenir célèbre et que l'histoire retienne pour l'éternité le nom de l'auteur de ce geste insensé. Cela aurait pu réussir, si ce n'est que le conseil de sages de la ville l'a condamné à une double peine: le bûcher pour lui, mais aussi pour quiconque prononcera encore son nom. De quoi l'effacer à tout jamais des mémoires.

"Vraie ou légendaire, cette histoire est magnifique", constate Martin Veyron. "C'est pousser ce besoin de notoriété jusqu'à l'absurde. C'est ce qui m'a plu dans cet épisode, qui trouve encore des résonances actuellement. Des Erostrate, on peut en croiser tous les jours sur les réseaux sociaux avec des challenges plus débiles les uns que les autres, par exemple!"

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L'auteur de "Bernard Lermite", chroniqueur acerbe de la modernité urbaine, laisse un temps les turpitudes vaines de ses contemporains pour se plonger dans la Grèce antique et sa mythologie. "J'ai toujours été amusé par les mœurs urbaines. Que font les gens de leur vie, qu'est-ce qui les amuse, qu'est-ce qui leur fait peur, après quoi courent-ils? J'ai beaucoup égratigné mes semblables, sans me moquer, justement parce que si je connais si bien leurs défauts, c'est que je les ai moi-même."

Mais Martin Veyron avoue une certaine lassitude de dessiner le monde contemporain, "qui évolue trop vite". "Tout est trop vite démodé. Un récit historique est plus facile à appréhender, il faut donner une illusion de réalité."

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"Le procès et les sages, c'est le chœur de la tragédie antique qui retrace l'histoire. Et je l'ai illustrée avec tous les mythes qui me plaisaient."

Martin Veyron
Auteur

Un récit largement documenté

Par définition presque, l'histoire d'Erostrate n'est pas très fournie. Martin Veyron s'appuie donc sur son procès face aux sages d'Ephèse pour structurer son récit. Un exercice de style de discussion mêlant philosophie et sophisme, arguments profonds et sentences aux accents de slogans. Là encore, dans un style que l'on retrouve fréquemment dans certains discours ou débats politiques actuels.

Et pour étoffer le récit, Veyron rajoute moult anecdotes sur l'histoire de la Grèce antique, sur les philosophes et les politiques qui l'ont façonnée et aussi sur la vie quotidienne et les mœurs de l'époque. "C'est une véritable immersion dans cette période fondatrice de notre civilisation. Le procès et les sages, c'est le chœur de la tragédie antique qui retrace l'histoire. Et je l'ai illustrée avec tous les mythes qui me plaisaient."

Une plongée dans l'Histoire, mais qui permet de gentiment se moquer de nos dérives actuelles.

Bande dessinée

"Erostrate"

Par Martin Veyron

Édité par Dargaud

216 p. - 30€

Note de L'Echo:

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