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Les racines de Mai 68 plongent dans la France profonde

Aude Mermilliod et Jean-Louis Tripp se nourrissent du sud-ouest pour observer le basculement de la France à la fin des "trente glorieuses".

Rive gauche, c'est Larroque, rive droite, c'est Castelnau. Entre les deux, la Garonne. Deux villages reliés par un pont, mais séparés par des années de rivalité bienveillantes et sportives. Dans le sud-ouest de la France, on est en pleine Ovalie. Le rugby est le sport roi. On s'invective, on se traite, on se fout sur la gueule sur le terrain ou dans les gradins. Mais qu'est-ce qu'on rigole, surtout quand il s'agit de fêter la victoire de l'équipe de Montauban au Championnat de France...

À la fin des années 60, le curé, le patron, l'instituteur sont encore des autorités locales. Ce n'est pas pour rien si le premier et le deuxième sont aussi les entraîneurs de leur équipe respective. Mais leurs méthodes, autoritaires et paternalistes, conviennent de moins en moins à leurs jeunes, qui accumulent les défaites.

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Que ce soit à l'entraînement, autour d'une bière, dans un troquet, ou aux repas de famille, la France de papa se lézarde. Elle tremble un peu sur ses bases, déstabilisée par cette jeunesse qui cherche à s'émanciper. Nous sommes durant l'été 67.

Des histoires simples, mais vraies

Le sud-ouest, c'est le berceau de Jean-Louis Tripp, une terre d'adoption pour Aude Mermilliod. Mais peu importe le lieu, l'important ce sont les gens que le font vivre. Antoine, le curé, Monsieur Amadieu, le patron de l'usine locale, Monsieur Vassiliu, cordonnier apatride, Eric, l'instituteur communiste... Et surtout, il y a Yveline, fille d'agriculteurs, communistes eux aussi, qui passe brillamment son bac pour poursuivre ses études à Paris, et Monique, la fille du patron qui commence à ruer dans les brancards familiaux.

Bande dessinée

"Yveline"

Série: Les vents ovales tome 1

Par Mermilliod, Tripp et Horne

Édité par Dupuis Collection Aire Libre

136 p. - 26€

Note de L'Echo:

Mermilliod et Tripp aiment regarder les gens pour mieux raconter leurs histoires. Ils l'ont largement démontré dans "Les reflets changeants", pour la première, ou dans "Magasin Général", pour le second. Des gens ordinaires qu'ils rendent très attachants au fil de petites péripéties simples. Des gens et des histoires simples, mais vraies!

La sensibilité et la patte d'Aude Mermilliod

Mais on sent sans aucun doute la patte d'Aude Mermilliod dans le déroulé et l'angle du récit. Yveline et Monique font leur révolution sur les bords de la Garonne, un an avant celle qui allait embraser Paris et les bords de la Seine. L'une et l'autre se fient à leurs convictions plus qu'à leur condition. La fille de ferme monte à Paris pour faire des études, la fille du patron tient tête à son père, par amour, pour s'installer avec l'instituteur communiste.

On sent sa sensibilité de femme aussi dans la délicatesse avec laquelle sont racontées les "premières fois" des deux protagonistes.

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Tout au long de ces 130 pages qui relatent un été sur les deux rives de la rivière, jamais on ne s'ennuie. Que du contraire. Même sans être fondu de rugby, on ne peut s'empêcher de se prendre au jeu. Les auteurs parviennent à mettre un rythme qui tient le lecteur. Et surtout, on tombe en amitié de ces personnages délicieux, joliment croqués par Horne, dans un trait semi-réaliste et très doux. Les personnages sonnent juste par l'écriture, ils le sont tout autant par le dessin.

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