Publicité

"J'essaie de rester légère dans mon propos"

©Barbara Alessandri

Des chansons truffées d’humour, mélange de tango, bossa-nova, valse…, qui abordent des problématiques actuelles.

Toute de noir vêtue, Juliette, aussi ronde et petite que ses lunettes, c’est avant tout une voix, belle et forte, comme elle. Une parole aussi, celle d’une certaine gouaille parisienne. Si son style musical peut paraître anachronique au premier abord, ses textes, cependant, touchent à des problématiques bien d’aujourd’hui. Après plus de 25 ans de carrière, son dernier album, "Nour", sorti en 2013, révélait ses origines kabyles… un grand-père arrivé en France dans les années 1920 et qui laissa à sa progéniture française, un nom: Noureddine.

"Nour", titre de votre dernier album, une chanson qui évoque la fin de la vie? Elle se fonde sur une phrase prononcée par Jean-Luc Mélenchon. Au cours de la dernière campagne présidentielle, lors d’une émission, il a été interrogé, comme tous les candidats, quant à sa position sur l’euthanasie. Mélenchon a répliqué qu’il avait "le droit d’éteindre la lumière lui-même". Une phrase, à mes yeux, magnifique. Au départ, le morceau s’intitulait d’ailleurs "Lumière". Tout en la composant, j’ai réalisé qu’il y avait le mot "lumière" dans mon nom. La chanson s’appelle donc désormais "Nour", Noureddine signifiant "lumière de la foi". N’étant pas croyante, j’ai gardé la lumière et j’ai abandonné la foi. (rires)

Publicité

Quelle influence votre père saxophoniste a-t-il eu sur votre parcours artistique?

Aucune. Mon père étant musicien professionnel, on pourrait imaginer que j’ai baigné dans une ambiance musicale, des copains débarquant à la maison pour faire un "bœuf". Sauf qu’il ne ramenait pas de travail à la maison! Les musiciens qu’il fréquentait, je les ai rencontrés plus tard, lorsque j’ai débuté dans ce métier.

Votre musique mélange tango, bossa-nova, ragtime, valse…

C’est à ce niveau que se situe l’influence de mon paternel. Petite, les premiers sons que j’ai entendus furent les notes de la musique latine, celle de Carlos Gardel. J’ai grandi dans l’ambiance latino qui plaisait tant à mon père.

Votre dernier album évoque, semblerait-il, Jacques Higelin, période "Champagne et Caviar".

Une comparaison qui me comble. Je l’ai beaucoup écouté et vu dans les années ´80, à l’époque où Higelin remplissait les salles de concert sans passer sur les ondes. Jacques Higelin y faisait preuve d’une inventivité, d’un désir impressionnant sur scène comme sur disque.

Publicité

Votre style évoque la chanson réaliste, un héritage que vous assumez?

Non, car l’héritage de la chanson réaliste, il est à chercher aujourd’hui dans le rap des jeunes de banlieues. La chanson réaliste parle d’un moment social, de portraits de gens, généralement d’une classe peu élevée. Je ne parle pas des putes, du trottoir… Cet héritage se situe désormais chez les chanteurs qui dressent un portrait social de leur situation, généralement une classe sociale proche de la paupérisation. Ceci étant dit, la chanson réaliste était la plupart du temps écrite par des bourgeois qui regardaient un peu le monde d’en haut, et non par des personnes qui vivaient la situation décrite. Aujourd’hui, par contre, grâce au rap, les chansons réalistes sont composées par des artistes qui vivent ce qu’ils chantent.

Vos chansons sont truffées d’humour et ont un air de Boby Lapointe, voire de Bourvil. Un côté années cinquante…

J’essaie de rester légère dans mon propos. Le son des productions d’aujourd’hui me chagrine, se révélant d’une linéarité totale. Musicalement, je ne fais donc pas partie du courant de la variété actuelle. Par contre, mes textes sont contemporains. Je ne donne pas dans l’imitation de chansons des années cinquante ou soixante, mais j’ai le "défaut" de faire jouer des musiciens qui jouent avec de vrais instruments, dans des arrangements conçus à leur attention. Je n’appartiens pas à une tendance passéiste pour autant, gardant une oreille très attentive à ce qui se passe maintenant.

Juliette, en concert le vendredi 14 novembre à 20h30 au Théâtre 140, Avenue Plasky 140 à 1030 Bruxelles. www.theatre140.be

Dernier album: "Nour" (Universal, 2013)

Publicité
Des manifestants protestent contre le gouvernement pour montrer leur soutien aux otages kidnappés lors de l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre 2023 (à Tel Aviv, Israël, le 4 janvier 2025).
Israël et le Hamas concluent "une trêve fragile"
Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu qui entrerait en vigueur dimanche. Dans un premier temps, 33 otages israéliens seront libérés en échange d'un millier de prisonniers palestiniens.
Messages sponsorisés