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interview

Mathieu Kassovitz ("La haine"): "Au-delà de la violence, ce qui m’importe, c’est la romance"

Mathieu Kassovitz adapte "La Haine", son film culte de 1995, en comédie musicale. ©AFP

Une idée cadeau pour les fêtes? Offrir des places pour "La Haine", dont la tournée s'arrête à Forest National en mai 2025. L'Echo en a rencontré le maître d'œuvre, Mathieu Kassovitz, et vu à Paris l'adaptation de son film culte de 1995 en comédie musicale... Et c'est bluffant!

Tête d’affiche du festival de Cannes en 1995, César du meilleur film l’année suivante, «La Haine» tient assurément sa place dans l’histoire du cinéma. Culte, son scénario en noir et blanc y parle autrement de la violence policière et du malaise des banlieues. Violente, frontale, la fresque sociale vibre à présent au cœur d’une comédie musicale: un spectacle haut en couleur, sous-titré «Jusqu’ici rien n’a changé».

À la jonction de la danse contemporaine, du breakdance, du théâtre, du rap, de la chanson et de tant d’autres disciplines, l’adaptation plante ses décors en 2025, sans dénaturer l’esprit du film. Transposition inespérée, divertissante à souhait, «La Haine» frappe fort. À l’instar d’un Mathieu Kassovitz retrouvé, en soirée, à la sortie de son entraînement de boxe. Encore transpirant, mais satisfait du travail accompli, le metteur en scène laisse tomber les gants pour évoquer sa nouvelle création: une œuvre coup de poing.

TEASER SPECTACLE - LA HAINE SUR SCÈNE

D’où est venue l’idée de transposer le scénario de «La Haine» à l’affiche d’une comédie musicale?

Mathieu Kassovitz: Il y cinq ans, nous avons évoqué cette possibilité au détour d’une conversation avec le producteur Farid Benlagha et les chorégraphes Émilie Capel et Yaman Okur. J’étais enthousiaste et partant pour relever ce défi, à la condition d’assurer la mise en scène.

Votre comédie musicale est parsemée de clins d’œil à la culture pop. Elle louvoie entre humour, ironie, préoccupations contemporaines et critiques sociétales. Y avait-il une volonté d’alléger le propos à l’heure d’adapter votre film à la scène?

À mon sens, on se situe dans le même registre. À l’époque de sa sortie, les gens voyaient «La Haine» comme un film dramatique. Pourtant, je l’avais imaginé comme une comédie. Les propos tenus dans le film et la comédie musicale sont identiques. En revanche, les blagues et les jeux de mots ont été mis à jour. Pour des raisons évidentes: en 1995, Mélenchon et Bardella n’existaient pas... Dès le moment où l’on passe du noir et blanc à la couleur, et que l’on met l’intrigue en musique, la lumière révèle certaines aspérités qui étaient peut-être moins visibles à l’époque. Mais l’humour, il reste du même tonneau. Il est juste actualisé.

"À l’époque de sa sortie, les gens voyaient «La Haine» comme un film dramatique. Pourtant, je l’avais imaginé comme une comédie. Les propos tenus dans le film et la comédie musicale sont identiques."

Mathieu Kassovitz
Acteur et réalisateur

En France, les premières représentations de la comédie musicale rencontrent un succès retentissant. Avez-vous imaginé qu’il puisse en être autrement?

Pas du tout. Je savais qu’on tenait quelque chose de différent. J’étais convaincu par la gestion technique, le rythme du spectacle et sa mise en scène. Il y a tout de même deux aspects sur lesquels je m’interrogeais. À commencer par l’approche transdisciplinaire. Je ne voulais pas d’une comédie musicale lambda... Grâce au travail des chorégraphes, nous sommes parvenus à concilier théâtre, danse, chant, breakdance, chorale et art digital. L’autre aspect – qui tient un peu du miracle –, c’est l’implication d’une douzaine d’artistes dans l’écriture de la trame musicale.

On a notamment pu compter sur le travail de -M-, d’Akhenaton, de Médine, de Youssoupha ou de Doria. D’ordinaire, une comédie musicale repose sur l’inspiration d’un seul compositeur. Ici, nous avons confié l’écriture des paroles à des chanteuses et chanteurs venus de différents horizons. Sur le papier, ce n’était pas forcément gagné. À l’arrivée, cela apporte une véritable plus-value au projet.

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Mathieu Kassovitz: "Grâce au travail des chorégraphes, nous sommes parvenus à concilier théâtre, danse, chant, breakdance, chorale et art digital."
Mathieu Kassovitz: "Grâce au travail des chorégraphes, nous sommes parvenus à concilier théâtre, danse, chant, breakdance, chorale et art digital." ©Anthony Ghnassia

Là où «La Haine» est resté dans l’histoire comme un film générationnel, votre comédie musicale s’adresse à un public de 7 à 77 ans. Comment expliquer ce changement de paradigme?

La scénographie nous impose de présenter le spectacle dans de grands complexes événementiels. Cela signifie que, chaque soir, il faut remplir des salles de plus de 3.000 places. La comédie musicale a donc pour vocation de rassembler les gens. Diffuser un film dans un salle de cinéma à moitié vide, ce n’est pas un drame. En revanche, présenter un spectacle d’envergure devant un public clairsemé, c’est une autre histoire…

Les danseurs et les comédiens ont vraiment besoin de l’énergie des gens pour donner le meilleur d’eux-mêmes. À l’époque du film, mon défi était d’attirer les bourgeois dans les salles, de les confronter aux réalités de la banlieue. Avec la comédie musicale, c’est différent. Le but, c’est de toucher tout le monde, sans limite d’âge. Ce spectacle s’adresse aussi bien aux ados qu’aux grands-parents. Qu’importe la classe sociale des gens.

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"L’autre aspect – qui tient un peu du miracle –, c’est l’implication d’une douzaine d’artistes dans l’écriture de la trame musicale. On a notamment pu compter sur le travail de -M-, d’Akhenaton, de Médine, de Youssoupha ou de Doria."

Mathieu Kassovitz
Acteur et réalisateur

Entre 1995 et 2025, on passe de la réplique culte «jusqu'ici tout va bien» au sous-titre «jusqu'ici rien n'a changé». C'est un constat d’échec ou une mise en garde?

Chacun est libre d’en tirer ses conclusions. Moi, je constate qu’en 30 ans, la relation entre la jeunesse des banlieues et la justice n’a pas beaucoup évolué. À l’exception de quelques stars qui ont gagné le respect de la nation, la situation reste extrêmement tendue. Pourtant, en 2024, il n’est plus possible d’ignorer les banlieues comme on les a ignorées à l'époque du film... La question n’est plus là. D’ailleurs, bien des choses se sont améliorées dans la vie des quartiers.

Mais le problème, le nerf de la guerre, c’est la question du respect mutuel entre la police, qui représente la loi et le gouvernement français dans nos rues, et une portion de la jeunesse extrêmement virulente et violente. Si on ne parvient pas à établir un dialogue entre ces deux camps, c’est peine perdue. L’histoire se répétera inexorablement. Des efforts voient le jour. Mais ça reste insuffisant. Pas de quoi sous-titrer «jusqu'ici, c'est un petit peu mieux». Tant qu’il y aura des bavures policières non condamnées par l’État, rien ne changera…

La Haine - Extrait mythique

Au cours de l'intrigue, une chorale entonne «Le Chant des partisans». C'est l'hymne de la Résistance française durant l'occupation par l'Allemagne nazie…

Dans le spectacle, comme dans le film, la scène de l'émeute est fondamentale. Je ne pouvais pas me louper. Ça devait être retentissant. Il était hors de question d’illustrer cette émeute par une pseudo bagarre. Il fallait que le public puisse identifier l’origine de la révolte, que tout le monde puisse comprendre pourquoi, à un moment, des jeunes se battent chez eux, pourquoi ils brûlent l’endroit où ils habitent. En travaillant sur cette scène, j’ai repensé à cette phrase de Mandela: «La violence est la voix de ceux qui n’en ont pas». «Le Chant des partisans», c’est ça.

"Il fallait que le public puisse identifier l’origine de la révolte, que tout le monde puisse comprendre pourquoi, à un moment, des jeunes se battent chez eux, pourquoi ils brûlent l’endroit où ils habitent."

Mathieu Kassovitz
Acteur et réalisateur

Cet hymne parle du sentiment de révolte qui pousse des jeunes à se lancer dans une émeute. Ce chant dépasse le cadre de la symbolique. Parce qu’il est lié à l’histoire, à un épisode concret et bien réel. Nous avons opté pour «Le Chant des partisans», mais nous aurions très bien pu choisir «La Marseillaise»: un chant de révolutionnaire pour toutes celles et ceux qui luttent contre l’injustice et des formes d’oppression.

La comédie musicale n’élude pas la montée en puissance du Rassemblement national (RN). Assez paradoxalement, votre spectacle existe aussi grâce au soutien de Canal+. La chaîne de télévision appartient au groupe de Vincent Bolloré, un homme d’affaires qui se positionne plutôt à l’extrême droite de l’échiquier politique. Ça ne vous ennuie pas?

Canal+ est l’un des satellites d’un vaste système. Vincent Bolloré possède des centaines de sociétés. C’est comme Elon Musk, Jeff Bezos ou Mark Zuckerberg. Si tu commences à les boycotter, tu restes chez toi, et tu ne fais plus rien. Parce qu’ils investissent dans tous les secteurs d’activité. Si on se prive de leurs entreprises, on ne peut plus boire ou manger, prendre sa voiture ou l’avion. On ne peut plus rien acheter… Si j’avais fait une comédie musicale pro-police et anti-jeunes, là, on aurait pu s’alarmer. Mais ici, je propose un spectacle dans lequel on dit chaque soir «Nique sa mère au maire!»

Mathieu Kassovitz: "En travaillant sur cette scène, j’ai repensé à cette phrase de Mandela: 'La violence est la voix de ceux qui n’en ont pas'".
Mathieu Kassovitz: "En travaillant sur cette scène, j’ai repensé à cette phrase de Mandela: 'La violence est la voix de ceux qui n’en ont pas'". ©Anthony Ghnassia

Je ne partage absolument pas les opinions de Vincent Bolloré – que je n’ai jamais rencontré. Cela étant, je préfère un mec comme ça, qui affiche clairement son avis et sa façon de faire, plutôt que des gens fourbes et hypocrites qui te font un grand sourire en te serrant la main, mais qui te jouent un mauvais coup dès que tu as le dos tourné. Face à la mondialisation, il n’y a pas dix mille solutions. Soit tu vis comme un ermite dans la forêt, soit tu acceptes que des gens comme Musk ou Bolloré participent activement à la société. Parce qu’à un moment ou l’autre, tu vas être obligé de travailler pour eux… ou de les payer. Directement ou indirectement.

"Face à la mondialisation, il n’y a pas dix mille solutions. Soit tu vis comme un ermite dans la forêt, soit tu acceptes que des gens comme Musk ou Bolloré participent activement à la société."

Mathieu Kassovitz
Acteur et réalisateur

À côté des trois premiers rôles masculins, la comédie musicale met à l’honneur un personnage nommé Leila. Insuffler une part de féminité dans l'intrigue, c’était une nécessité?

Par essence, une comédie musicale, c’est sentimental. Pour libérer une charge émotionnelle, il n’y a pas mieux qu’une histoire d’amour entre un homme et une femme, une femme et une femme ou un homme et un homme. Là n’est pas la question. Le film, c’était déjà une histoire d’amour entre trois mecs. Les gens ne l’ont pas vu comme ça en 1995. Mais quand je l’ai réalisé, c’était une évidence: il s’agissait d’une comédie romantique qui virait au drame. Comme «Titanic» ou «Roméo et Juliette». J’avais envie de retrouver cette dramaturgie. En cela, le rôle de Leila est fondamental: un personnage féminin devait aussi exprimer son ressenti et ses émotions.

La place des femmes dans la société a sensiblement évolué depuis 1995. La place de Leila dans la comédie musicale procède-t-elle aussi d’une mise à jour?

La place des femmes me semblait tout aussi importante qu’aujourd’hui. Mais, en 1995, mon intention était d’abord de délivrer un message politique. La «bromance» entre les trois mecs du film s’immisçait en filigrane d’un récit social. Avec la comédie musicale, on est dans une autre dimension. D’autant que le public connaît la fin de l’histoire. C’est exactement comme dans «Roméo et Juliette». Au-delà de la violence, ce qui m’importe, c’est la romance.

Votre comédie musicale va-t-elle tourner à l'étranger?

La réponse à cette question est entre les mains du producteur. Ce n’est pas mon domaine. Toutefois, je constate que chaque prestation se solde par une standing ovation. Avec «La Haine», nous avons créé un spectacle atypique, une formule qui n’existe ni en Angleterre ni aux États-Unis. C’est la première fois qu'une comédie musicale tournée autour des arts urbains est jouée en France. Partant de là, je suis convaincu que le spectacle a les moyens de s’exporter.

DANS LES COULISSES DE LA COMÉDIE MUSICALE LA HAINE AVEC MATHIEU KASSOVITZ
Critique de "La Haine", brillamment mise... en Seine

Début octobre. Le Tout-Paris converge vers l'île Seguin. Ancré dans les eaux de la Seine, ce lopin de terre héberge La Seine Musicale, une salle de concert futuriste en forme de géode pouvant accueillir plus de 4.000 personnes. Stars du petit écran, vedettes de cinéma, rappeurs, chanteuses, journalistes et personnalités publiques sont au rendez-vous. Personne ne veut louper la première de «La Haine - Jusqu'ici rien n'a changé».

La comédie musicale, adaptée du long métrage césarisé, attire les foules et attise la curiosité. Avec une trentaine de représentations (!) programmées dans la grande salle de La Seine Musicale jusqu'au 5 janvier, et une tournée monstre prévue à travers toute la France en 2025 (il sera les 23 et 24 mai 2025 à Forest National, à Bruxelles), le spectacle fait figure d’événement.

À première vue, pourtant, il est parfaitement légitime de s'interroger sur le bien-fondé d'une telle entreprise. Comment reprendre l'histoire racontée en 1995? Une émeute, des violences policières, le désarroi des banlieues, plusieurs blessés et quelques arrestations: ce cocktail explosif n'est pas franchement de nature à faire chanter la vie...

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Et puis, pourquoi danser sur de tels sujets? En moins de deux heures, entracte compris, la comédie musicale apporte ses réponses et justifie pleinement sa raison d'être. Ambitieux, drôle, bouleversant, pertinent et fédérateur, le spectacle éclipse les appréhensions et surpasse les attentes.

Mathieu Kassovitz (à g.) discute avec ses comédiens et danseurs lors d'une répétition de la "La Haine", à la Seine musicale (Tremblay), le 23 septembre 2024.
Mathieu Kassovitz (à g.) discute avec ses comédiens et danseurs lors d'une répétition de la "La Haine", à la Seine musicale (Tremblay), le 23 septembre 2024. ©AFP

Ode au vivre-ensemble

Du légendaire «jusqu'ici tout va bien» à «jusqu'ici rien n'a changé», «La Haine» passe d’un film culte à une fresque intergénérationnelle. La comédie musicale de Mathieu Kassovitz réussit en effet le pari improbable de concilier les gen(re)s, de fusionner les disciplines artistiques et de fédérer les opinions autour d’un spectacle qui, sur le fond, a le potentiel d'émouvoir toutes les couches de la société. La plus grande réussite de cette comédie musicale est là: elle s'adresse à tout le monde, pas uniquement aux nostalgiques du film ou aux fans de hip-hop.

Peinture sociale, oscillant entre pointillisme et graffiti, art moderne et street art, «La Haine» a le don de captiver au-delà des âges, des origines, des convictions philosophiques et des tendances musicales. Si des fossés existent entre les chansons de Matthieu Chedid (-M-) et celles de Médine, «La Haine» s’emploie à les combler. Avec l’art et la manière.

Dans sa version musicale, «La Haine» est un ensemble étrangement cohérent. Là où l’on pressentait l’indigestion, le trop-plein et l’inadaptation, l’affaire débouche sur une liesse collective doublée d'une ode au vivre-ensemble. Du film à la scène, le récit s’enrichit de mises à jour, de révolutions technologiques et d’une approche plurielle du divertissement: robotisation de la scène, mapping, danse contemporaine, hip-hop, théâtre, chant choral, effets spéciaux, breakdance et poésie s’entremêlent pour créer un moment unique.

La version comédie musicale de "La Haine" débouche sur une liesse collective doublée d'une ode au vivre-ensemble.
La version comédie musicale de "La Haine" débouche sur une liesse collective doublée d'une ode au vivre-ensemble. ©Anthony Ghnassia
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Dans la lignée des grandes comédies musicales

Malgré la sensibilité du propos, le spectacle s’inscrit dans la lignée des grandes comédies musicales. Au même titre que «Starmania» «Hair», «West Side Story» ou «Chantons sous la pluie», «La Haine» offre un divertissement total qui, par le prisme des arts urbains, lui confère même un statut à part.

Infusé d'un humour renouvelé, de références à l'actualité et d'une part de féminité, le récit imaginé par Mathieu Kassovitz parvient aussi à surmonter un obstacle majeur: faire oublier les acteurs du film. Les rôles de Vincent Cassel (Vinz), de Saïd Taghmaoui (Saïd) et d’Hubert Koundé (Hubert) sont restés dans les mémoires. Les performances d’Alexander Ferrario (Vinz), de Samy Belkessa (Saïd) et du rappeur Alivor (Hubert) marqueront à coup sûr les esprits, tout comme les apparitions «surprise» de Pascal Légitimus et Mathieu Kassovitz...

Tandis que le gouvernement français s’écroule, dans un pays élimé par les dissensions politiques et un populisme galopant, cette comédie musicale vient rappeler que l’apaisement passe d’abord par le dialogue. Une bulle d’air nécessaire dans un monde sous tension.

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Le beatmaker Proof a déjà produit Médine, Diam's, Disiz, Scylla ou Soprano.
Le beatmaker Proof a déjà produit Médine, Diam's, Disiz, Scylla ou Soprano. ©Jason Piekar

Proof a façonné la bande-son et constitué un casting cinq étoiles

M, Youssoupha, Doria, Sofiane Pamart, The Blaze, Médine, Akhenaton, Youssef Swatt's ou Clara Luciani apparaissent, entre autres, à l'affiche de la bande originale de la comédie musicale. Architecte de cette charpente XXL, Proof a sorti son carnet d'adresses et composé des sons sur-mesure pour habiller les textes écrits et chantés par les paroliers conviés.

Originaire du Havre, le beatmaker normand – Rudolphe Barray à l'état civil – s'est taillé une solide réputation dans les studios d'enregistrement, produisant notamment quelques grands noms du rap (Médine, Diam's, Disiz, Scylla ou Soprano). Relocalisé à Paris, Proof tient un rôle capital dans la genèse du spectacle de Mathieu Kassovitz. «À l'origine, je devais le rencontrer quelques minutes. Finalement, nous avons discuté pendant quatre heures», explique-t-il. «Mathieu m'a parlé de son projet, je lui ai partagé ma vision des choses. Il a complètement adhéré. Sa comédie musicale s'appuie sur quinze tableaux différents. Je voulais leur attribuer des émotions distinctes avec, en filigrane, la possibilité de dérouler une chronologie de l'histoire du rap. Je suis parti de 1995 pour arriver en 2025.»

"Mathieu Kassovitz ne voulait pas s’occuper des paroles. Il tenait à ce qu'on ouvre le spectacle à des voix extérieures. Sur scène, les comédiens chantent donc les textes imaginés par tous ces artistes invités."

Proof
Directreur musical

Cette logique temporelle l’amène d'abord chez Akhenaton. Pilier du groupe IAM, ce dernier est rejoint par Oxmo Puccino et Tunisiano dans l'écriture du titre «Vue d'ici». «Ce sont trois grosses personnalités du rap. Je voulais leur laisser le temps d'écrire. Cela étant, tout est allé très vite. En six mois, j'ai créé toutes les musiques et trouvé les artistes qui allaient écrire les textes. Mathieu Kassovitz ne voulait pas s’occuper des paroles. Il tenait à ce qu'on ouvre le spectacle à des voix extérieures. Sur scène, les comédiens chantent donc les textes imaginés par tous ces artistes invités.»

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«Vivre ensemble»

À côté des nouvelles têtes du rap (Jyeuhair, Benjamin Epps), le spectacle s'ouvre à l'électro, avec un remix de Bob Marley ou une pièce de résistance signée The Blaze. Ailleurs, il y a du chant choral et des orchestrations symphoniques («Le Chant des partisans»). Plus étonnant encore, «La Haine» commence sur les paroles de « Vivre ensemble », un morceau apporté par -M-. «On ne voulait pas enfermer la trame musicale dans le rap. Matthieu Chedid incarne le cosmopolitisme de la France moderne. Sa plume et sa bienveillance touchent toutes les communautés. C'était parfait pour introduire le récit.»

La B.O. met aussi à l'honneur une association entre Youssef Swatt's et Clara Luciani. «Là encore, cela participe à élargir les horizons». À l'image de la comédie musicale, la bande originale du spectacle procède d'un élan fédérateur. «Dans les beaux quartiers de Paris, on écoute aussi le rap de Médine et Youssoupha, tandis que dans les cités, on aime également -M-, The Blaze ou Clara Luciani. Les gens ne sont pas aussi différents qu'on voudrait nous le faire croire...»

Comédie musicale

"La Haine - Jusqu'ici rien n'a changé"

Écrit mis en scène par Mathieu Kassovitz

Direction musicale Proof (Rudolphe Barray)

Avec Alexander Ferrario (Vinz), Samy Belkessa (Saïd), Alivor (Hubert), etc. et les apparitions "surprise" de Pascal Légitimus et Mathieu Kassovitz.

À Forest National

Les 23 et 24 mai 2025

Avec la participation musicale de -M-, Youssoupha, Doria, Sofiane Pamart, The Blaze, Médine, Akhenaton, Youssef Swatt's ou Clara Luciani > En savoir plus

Note de L'Echo:

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