La violence couve sous les rapports humains
"Punk Rock" de Simon Stephen plonge dans la lutte sourde qui règne au sein d’un groupe d’adolescents qui s’affirment et s’affrontent dans un lycée anglais.
Didier Béclard
Lundi 6 octobre, 8h31, Lilly vient d’arriver dans sa nouvelle école, un lycée de Stockport (Manchester). Premier contact avec William, look de premier de classe, arrimé à son smartphone, connaît les lieux comme sa poche, sympa quoique un peu mythomane. Il tente sa chance avec Lilly qui lui préférera l’armoire à glace Nicholas. Il y a aussi Bennett, crâneur en mouvement perpétuel, son ambitieuse copine Cissy, Tanja, une douce ronde éprise de son professeur, et Chadwick, la tête de turc férue d’astrophysique.
Lilly trouve vite sa place dans ce microcosme adolescent où règne une ambiance délétère plombée par la violence exacerbée de Bennett. S’il s’en prend principalement à Chadwick, il tient manifestement tout le groupe, apeuré et craintif, sous sa coupe. Personne ne réagit à sa tyrannie autoritaire jusqu’à ce qu’il franchisse la ligne rouge, blessant William qui a déjà une bonne raison d’en vouloir à chacun des membres du groupe. Et la tragédie éclate.
L’auteur de "Punk Rock" premier volet d’un diptyque constitué avec "Pornography" qui sera présenté la saison prochaine , Simon Stephen, plonge dans ce milieu clos, oppressant, où la violence peut exploser à chaque instant. La cohabitation, puis l’affrontement, de ces personnages au caractère très trempé parfaitement dominé par chacun des comédiens installe une tension insidieuse, constante, qui va crescendo jusqu’au climax fatal. "Le théâtre est le lieu du réel car il y a des personnes physiques", disait le metteur en scène Olivier Coyette dans une interview (lire "L’Echo" du 11 janvier dernier). La phrase prend tout son sens pour le spectateur qui, sans la distance qu’induit l’écran de cinéma ou de télévision, est secoué par le déchaînement de la violence. Très efficace, même si un rien trop long.
"Punk Rock" de Simon Stephen mis en scène par Olivier Coyette au Théâtre de Poche à Bruxelles jusqu’au 8 février. Réservations: 02/649.17.27 ou www.poche.be.