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"Kaze to Arashi", une même fragilité sur scène que dans la vie

Marite Schwanke performe en solo dans "Kaze to Arashi". ©Danny Willems

La Fondation blan donne carte blanche à la chorégraphe Isabella Soupart, qui propose trois performances à découvrir jusqu'à fin décembre, dont "Kaze to Arashi" avec David Achenberg et Marita Schwanke.

La danseuse Marita Schwanke monte les escaliers de l'élégante Fondation blan et pose une enceinte dans un coin de la pièce. Elle est pieds nus sur le parquet et simplement vêtue d'une fine chemise. Tout est là. Tout est dit. La fragilité apparaît à l'état brut.

Le public est assis par terre autour de la performance. Les corps sont proches les uns des autres, ils se font face et n'ont d'autre choix que de laisser tomber les masques. C'est cette authenticité dans le travail de la chorégraphe Isabella Soupart qui a séduit le compositeur David Achenberg: "Elle ne camoufle pas les coutures. Tout est visible. Les accidents potentiels donnent l'occasion de rebondir." Pour lui, ça a toujours été "un fantasme d'ouvrir la partition", alors il lui a proposé de s'emparer de "Kaze to Karashi", un projet sur lequel il évolue depuis dix ans. La performance est le fruit de cette collaboration.

"J'ai cherché des états vifs ou plus légers, méditatifs ou coupés au couteau, des états qu'un être humain pourrait vivre sur une même journée, sans rien laisser paraître."

Isabella Soupart
Chorégraphe belge
Kaze to Arashi - David Achenberg

Promenade sensorielle

Tout est parti du manga japonais "Furari" racontant l'histoire d'un arpenteur qui compte ses pas au hasard d'un vieux quartier de Tokyo. "Moi aussi, je me promène dans la partition, je me laisse surprendre et guider par les aléas", éclaire David Achenberg.

L'osmose du trio est palpable. Tout est dans les regards et le corps. L'énergie circule.

Travailler ces types de son et de rythme a été un challenge pour Isabella Soupart: "J'aime me mettre en danger, sinon je m'ennuie." Étant donné l'espace disponible, elle opte pour une déambulation intérieure. "J'ai cherché des états vifs ou plus légers, méditatifs ou coupés au couteau, des états qu'un être humain pourrait vivre sur une même journée, sans rien laisser paraître."

Pour contrecarrer son passage précédent à la Fondation, où Isabella Soupart avait travaillé avec quinze danseurs, elle crée un solo. Lorsqu'avec David Achenberg, ils font passer l'audition, ils n'ont d'yeux que pour la jeune Marita Schwanke – formée à l'école Rosas Parts de De Keersmaeker – parmi les 60 personnes. "Un paysage intérieur émanait d'elle." Ils ont l'impression de retrouver une sœur avec laquelle ils communiquent de manière intuitive. Sur scène, l'osmose du trio est palpable. Tout est dans les regards et le corps. L'énergie circule.

Pour interpréter "Kaze to Arashi", Isabella Soupart et David Achenberg n’ont pas hésité longtemps à choisir la danseuse Marita Schwanke: lors de son audition, "un paysage intérieur émanait d’elle", racontent-ils.
Pour interpréter "Kaze to Arashi", Isabella Soupart et David Achenberg n’ont pas hésité longtemps à choisir la danseuse Marita Schwanke: lors de son audition, "un paysage intérieur émanait d’elle", racontent-ils. ©Danny Willems
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L'œuvre était écrite pour cinq musiciens. Les contraintes les ont amenés à opter pour une installation sonore et du piano live. "La superposition donne une esthétique étonnante", dit le compositeur. Isabella Soupart ajoute: "Ça fait appel à des connexions différentes dans le cerveau, comme dans la vie."

Le public fait aussi partie du processus de spatialisation. Il n'est pas dans le confort d'une salle, ce qui suscite l'éveil et la sensibilité de tous les sens. Marita Schwanke aime travailler dans ce genre d'espace, qui "offre plus de possibilités pour créer une composition en interaction avec l'audience".

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La réparation dans la brisure

"Kaze to Arashi" fait partie d'une carte blanche donnée à Isabella Soupart où elle présente aussi une installation photo et deux autres performances. Il n'y a pas de mise en relation directe entre les œuvres. "Un langage chorégraphique se perpétue tout en se réinventant." La pièce "Kintsugi" est inspirée de la technique japonaise qui consiste à réparer un objet brisé grâce à des feuilles d'or. "On vit dans un monde chaotique, alors comment réparer les morceaux?", s'est questionnée la chorégraphe. Deux œuvres sur trois prennent donc leur inspiration au Japon. "C'est vraiment un hasard... Mais il n'y a jamais de hasard."

Performances

"Kaze to Arashi", "Kintsugi" et "December"

Carte blanche à Isabella Soupart

Fondation Blan

Jusqu'au 22 décembre

Note de L'Echo:

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