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L'enfant de l'amour

©Nargis Benamor

Dans "Lisbeths", présenté au Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, la passion incandescente de deux inconnus devenus amants ne dissipe pas leur étrangeté. Que du contraire…

La foudre tombe sur la terrasse d’un café de Tours. Pietr rencontre Lisbeth: il est voyageur de commerce, vendeur d’encyclopédies, ventripotent, la quarantaine, sans illusions et sans attaches. Elle est grande, elle est belle, aguicheuse, riant beaucoup… voire trop, fraîchement licenciée de l’entreprise qu’elle vient de quitter en même temps que le mari qui la dirige. Ils boivent un café, se revoient le lendemain, observent un couple sans bras, et tombent chacun dans ceux de l’autre, s’aiment aussitôt, se mangent, se boivent jusqu’à l’extase.

Elle veut lui faire rencontrer son fils muet, Carol. Ils se voient, se promènent: l’enfant dévisage l’amant de sa mère, le mord, lui arrachant un morceau de doigt… Une semaine s’écoule, Pietr et Lisbeth se retrouvent, l’enfant a disparu comme s’il n’avait jamais existé. Mais le désir de cette femme exaltée se transforme et l’envie d’enfanter très vite germe dans son esprit, comme s’il s’agissait du premier…

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Deux solitudes sur le quai de la gare, deux âmes qui se rapprochent se joignent et s’éloignent à nouveau.

Dans cette pièce de Fabrice Melquiot, deux étrangers, deux corps qui le sont tout autant, s’apprivoisent, deux personnes se découvrent, croient se connaître, mais c’est l’étrange qui persiste: la passion dévorante, vampirique, celle d’une vamp aux allures de succube, face aux peurs violentes d’un voyageur de commerce, d’un homme qui n’est jamais là, toujours en train d’esquiver.

Lisbeths

Deux solitudes sur le quai de la gare, deux âmes qui se rapprochent, se joignent et s’éloignent à nouveau. Lisbeth, sans remords ni regrets, s’imagine capable d’effacer les traces visibles d’un passé pour assouvir son nouveau désir de maternité; Pietr est enferré dans ses peurs au point de voir soudain dans sa partenaire une étrangère, dont une autre inconnue aurait pris possession.

Mystère

Drôle, charnelle, érotique, la pièce de Melquiot voit son léger voile d’étrangeté s’épaissir à mesure que cette passion du encore et encore, du corps et en corps dure, se transforme et dégénère… Lisbeth conservant dans son ventre un mystère qui grandit. Mystère de la femme, du désir, de son absence, de la peur de la paternité, du besoin d’enfanter… tous restent entiers dans cette œuvre courte mais intense, entre pensées intérieures des partenaires et dialogues. Elle est interprétée "fantastiquement" par un couple de comédiens nus ou presque, seuls ou presque – à part un lit bien sûr –, duo qui à son tour fait des étincelles. Georges Lini, qui signe la mise en scène tout aussi fougueuse, est ce voyageur de commerce au départ débonnaire, mais qui révèle peu à peu des versants sombres, des violences rentrées. Il fusionne avec Isabelle Defossé comme toujours étincelante, sexy, aguicheuse, exubérante, Lisbeth aux confins de l’hystérie narcissique.

Jusqu’au 27 novembre à l’Atelier théâtre Jean Vilar, théâtre Blocry à Louvain-la-Neuve,

0800 25 325

www.atjv.be

Un fol amour, une passion destructrice, une consommation consumation qui enfante un amour monstre qui leur laissera le goût excitant du sang, et celui de la cendre… couleur noir corbeau.

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