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"Maison Chaos", le triptyque en rouge et noir de la slameuse Joëlle Sambi

La poétesse et slameuse Joëlle Sambi. ©Philippe Braquenier

Dans "Maison Chaos", à Namur, puis en tournée, la slameuse et poétesse Joëlle Sambi part de ses blessures les plus intimes pour faire la guerre au patriarcat.

C’est comme une lettre adressée à une vieille amie. Une sœur. Celle qui écrit, celle qui dit les mots, affirme avoir cent ans. C’est l’âge que lui ont donné ses blessures. Sa blessure. Une blessure originelle qui va réveiller toutes les autres enfouies en elle, comme elles le sont aussi chez ses sœurs. Des blessures subies par leurs corps de femmes. Des blessures infligées par des hommes.

«Maison chaos» de Joëlle Sambi est une prise de paroles, en trois tableaux. Il y a d’abord le temps de l’exposition des faits. La jeune fille qui se raconte a 22 ans, nous sommes dans une fête entre étudiants au début des années 2000. Malgré ses refus répétés, malgré la résistance que son corps va tenter de lui opposer, un homme va la violer.

L’invitée culture – Joëlle Sambi pour “Caillasses”

Mots contre viol

Joëlle est une femme de lettres, de mots. Et ce mot-là est la première pierre de la maison qu’elle va construire. Viol. Pour ce premier chapitre, elle est postée derrière un lutrin et raconte calmement, ses yeux dans ceux du public.

Vient ensuite le deuxième tableau. Celui de la colère. La poétesse n’est plus seule. Une chanteuse (la mezzo-soprano Raphaëlle Green) et une musicienne masquée (Sara Machine, complice régulière de Joëlle Sambi dans ses récitals poétiques) l’accompagnent dans sa diatribe contre le patriarcat, contre ces pères, ces oncles, ces amis de la famille qui, au nom de l’idée que le corps des femmes est à leur disposition, les violentent, les violent, en abusent dès leur plus jeune âge.

C’est cela, la «Maison Chaos». C’est ce corps des femmes sali par le patriarcat, dont certaines femmes se sont faites les complices silencieuses ou aveugles.

Joëlle Sambi a choisi le camp de la guerre. Par les mots qu’elle écrit et lance au public, elle déclare la guerre au patriarcat.

Enfin, s’ouvre le troisième tableau. Dans le silence recouvré, Joëlle Sambi sort d’un sac de sport rouge une série de vêtements, d’objets et de bijoux, tous rouges, qu’elle étend sur une couverture de la même couleur. C’est le temps de la question: quelle victime doit-elle être après avoir subi l’innommable?

Plutôt que d’exposer ses blessures, de les porter comme des trophées, voire de les taire, Joëlle Sambi a choisi le camp de la guerre. Par les mots qu’elle écrit et lance au public, elle déclare la guerre au patriarcat et invite sa sœur, la vieille amie à qui elle adresse sa lettre, à faire comme elle.

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Joelle Sambi dans "Maison Chaos". ©Cici Olsson

Faire la guerre au patriarcat

Écrivaine, poétesse, slameuse, afroféministe et militante LGBTQIA+, Joëlle Sambi est née en Belgique, a grandi entre Bruxelles et Kinshasa, puis a entamé des études de journalisme à Bruxelles où elle découvre le pouvoir de l’écriture. Autrice de plusieurs récitals et de recueils de poésie qui ont marqué les esprits dans toute la francophonie, ses écrits n’ont de cesse d’interroger les identités, les genres, la condition féminine.

Dans «Maison Chaos», elle nous livre un (presque) seule-en-scène qui surprend moins par son propos, tant il s’inscrit dans un mouvement général de libération de la parole sur les violences faites aux femmes, que par la forme qui mélange les genres, les tons et les couleurs.

On pourrait parler de spectacle en rouge et noir. Le rouge du sang, de la blessure ouverte, de la douleur. Et puis le noir de la colère. Une colère sourde, une colère profonde mais une colère qui se veut aussi constructive d’un monde moins violent envers les femmes.

Joëlle Sambi nous prend à témoin, mais jamais en otages, dans une forme d’intimité dont elle ne cessera de tester les limites tout au long du spectacle, toujours soucieuse de ne pas transformer ses mots en discours militant. Militante, elle l’est, certes, mais, sur scène, c’est d’abord la poétesse qui prend la parole. Entrez dans cette «Maison Chaos», vous y serez bien reçu. Mais attendez-vous aussi à y être secoués.

Théâtre

"Maison Chaos"

Écrit par Joëlle Sambi

Avec Joëlle Sambi et les musiciennes Raphaëlle Green et Sara Machine

TCC Namur

Jusqu'au 10 février 2024

Ensuite au Central de La Louvière, du 27 au 29/3, puis au Théâtre National, du 3 au 13/4. En savoir plus sur l'artiste ici

Note de L'Echo:

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