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Le PS change de cap avec son programme 2014

©BELGA

Le programme électoral des socialistes concentre son attention de façon inhabituelle sur l'enseignement, aux côtés des thématiques institutionnelles et économiques plus courantes. Analyse

Le scrutin du 25 mai s’annonce assez exceptionnel au vu des changements intervenus dans notre environnement politique. La présence de la N-VA sur le devant de la scène, la prise de poids de partis radicaux dans les intentions de vote ou encore le transfert de compétences aux entités fédérées depuis la 6e réforme de l’État, autant d’évolutions qu’il convient de garder à l’esprit face aux promesses des partis.

Les politologues Gregory Piet (ULg) et Régis Dandoy (Flasco, ULB et UCL) proposent à cet égard une approche pragmatique. Sur base d'un encodage automatique des discours par un logiciel d'analyse textuelle, ils dressent un classement des attentions politiques, les problèmes publics mis en concurrence dans les programmes.

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Les deux spécialistes ont ainsi donné le coup d'envoi ce mardi de leurs analyses programmatiques des partis traditionnels, en "digérant" les 498 pages du parti socialiste (PS) qui a décidé de fusionner en un seul manifeste ses programmes européen, fédéral et régional pour la Wallonie. Le PS avait déjà rédigé un programme commun pour les élections simultanées aux différents niveaux en 1999.

Il ressort de cette identification trois attentions politiques dominantes: les questions institutionnelles, l'enseignement et les questions économiques.

1 | AUCUNE NOUVELLE RÉFORME 

 Il ressort de l'identification de l'argumentaire du PS que la thématique institutionnelle domine (11,4%). De nature générale, ces questions institutionnelles et administrativs englobent par exemple les relations des communautés avec les niveaux de pouvoir. Déjà présentes en tête de liste des attentions politiques en 2010, la thématique des questions institutionnelles passait en 1999 au second plan, derrière les politiques fiscales et économiques. 

"Dans le cas du PTB, les demandes institutionnelles étaient associées à de nouvelles exigences de transferts de compétences ou de refédéralisation de certaines compétences; ce qui n’est pas le cas dans le programme du PS qui n’envisage aucune nouvelle demande de réformes institutionnelles", notent Gregory Piet et Régis Dandoy. 

2 | PLACE À L'ENSEIGNEMENT

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Le parti en avait fait un thème prioritaire de la campagne électorale. L’analyse textuelle l’a confirmé : l’enseignement est la deuxième attention politique du PS (10,98%).

" Une attention assez remarquable dans le chef du PS car, en 1999, elle était d’à peine de 2% et se situait au niveau de la 14e attention politique ", soulignent les deux politologues.

Ces élections 2014 marquent vraisemblablement un changement d’orientation du PS par rapport à d’autres partis comme le cdH ou le MR qui ont toujours porté plus d’attention à la problématique de l’enseignement. 

3 | QUESTIONS ÉCONOMIQUES

Repérée dans les médias depuis quelques semaines, la troisième attention politique se vérifie elle aussi dans le programme socialiste. Premier thème porté lors du scrutin de 1999, les politiques fiscales et économiques gardent une part importante cette année, à hauteur de 9,47%. 

Viennent ensuite en quatrième position, les questions liées aux entreprises et au secteur bancaire (9%). "Effet de la crise, cette thématique n’a cessé de croître depuis les élections fédérales de 2007, et ce, de manière quasi générale dans l’ensemble des programmes des partis politiques", stipulent les deux spécialistes politiques.

Les affaires sociales (8,45%) constituent la cinquième attention politique du PS. Toutefois, Piet et Dandoy constatent que l’attention donnée par le PS aux affaires sociales régresse depuis 1999.

Autre thématique forte en légère baisse de régime depuis les dernières élections : la politique de l’emploi, sixième attention politique (8,1%).

"Le fait que 2014 soit un moment électoral particulier pour le niveau européen ne change pas l’attention du PS sur cette politique", relativisent les deux politologues. 

Ces sept attentions politiques du PS couvrent près de 65% de l’ensemble de son programme et des politiques traitées.  Néanmoins,  le PS nous propose un changement de cap. 

Avec ses bénéfices et ses inconvénients. "La santé et la justice sont les premières politiques et attentions politiques ‘victimes’ de cette modification de trajectoire passant respectivement de la huitième à la 11e attention politique pour la santé et de la neuvième à la  14e pour la justice et la criminalité", détaillent-ils.

À l’inverse, certaines nouvelles attentions politiques occupent davantage l’espace dans le programme électoral de 2014 au PS. Citons la politique locale et du logement , la politique culturelle, sportive et de loisirs. 

 

EN SYNTHÈSE, l’analyse des attentions politiques du PS en 2014 démontre une relative stabilité dans le temps, à l’exception notable de l’enseignement, promu priorité de campagne électorale.

En additionnant les catégories liées à l’emploi, aux entreprises ou encore au commerce extérieur, le PS se montre attentif à hauteur de 36% aux thématiques socio-économiques. Contre 41% en 2010 et 1999.

L’attention socio-économique s’avère ainsi " dans la lignée programmatique de ces dix dernières années ", concluent les politologues Gregory Piet et Régis Dandoy.

 

Retrouvez la version complète de l'analyse ainsi que les priorités principales que le PS a clairement énoncées dans son programme en matières d'enseignement, d'affaires sociales, de pouvoir d'achat, en vous rendant sur le blog electionsbelges2014

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