Boris Johnson accentue la pression
Comme l’automne dernier pour l’accord de retrait, le Premier ministre britannique veut précipiter les négociations sur les accords commerciaux, en faisant du mois de juin une date butoir.
Comme l’a démontré l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada (2016), plusieurs années de négociations sont généralement nécessaires pour parvenir à une entente sur des enjeux économiques et politiques aussi importants. Il avait fallu attendre sept ans dans ce cas précis.
Depuis la conclusion de l’accord de retrait de l’Union européenne, le Royaume-Uni a très clairement signifié aux Européens que onze mois seraient suffisants pour signer des accords commerciaux au moins aussi complexes. Ces onze mois correspondent à la période de transition de la sortie britannique – entre le 31 janvier et le 31 décembre 2020. La fin de la période de transition est inscrite dans l’accord de retrait et n’est pas modifiée, mais les Britanniques veulent finalement aller encore plus vite: ces négociations devront aboutir à un accord défini “dans les grandes lignes” (“broad outline”) dès le mois de juin, afin d’être “rapidement finalisées en septembre”.
Deadline en juin
"Nous n’accepterons aucune obligation pour nos lois de s’aligner sur celles de l’UE."
Le neuvième alinéa du mandat britannique des négociations – qui doivent officiellement commencer lundi 2 mars – fixe un calendrier clair. L’encre de la plume de Dominic Cummings semble à peine avoir eu le temps de sécher. Dans ce document officiel, on reconnaît l’esprit d’urgence, le ton direct et le verbe acéré du premier conseiller de Boris Johnson. Si des avancées sensibles ne sont pas réalisées d’ici le mois de juin, “le gouvernement devra décider s’il doit éloigner l'attention du Royaume-Uni des négociations, et se focaliser uniquement sur la préparation de la sortie de la période de transition d’une façon ordonnée. Il sera nécessaire de tenir compte en particulier des éventuels progrès sur les aspects les moins complexes des négociations.”
La pêche et l’industrie financière seront les négociations les plus importantes, mais le point d’achoppement concernera probablement les normes, comme le Royaume-Uni l’a encore rappelé jeudi: "Le gouvernement ne négociera aucun arrangement où le Royaume-Uni n’a pas le contrôle de ses propres lois et de sa vie politique. Cela signifie que nous n’accepterons aucune obligation pour nos lois de s’aligner sur celles de l’UE, ou pour que les institutions européennes, dont la Cour de justice, soient compétentes au Royaume-Uni.”
Stratégie de pression
Boris Johnson reste le maître des horloges, ou plus exactement le maître de la manipulation des horloges, qui n’hésite pas à avancer l’heure pour désarçonner le camp adverse.
Après avoir réservé un accueil froid aux positions de départ européennes, annoncées cette semaine, Boris Johnson insiste sur une stratégie qui lui a permis à la fois de valider l’accord de retrait, d’asseoir le pouvoir conservateur au Parlement, et d’infliger une telle défaite au parti travailliste que celui-ci en est réduit à un rôle de simple observateur des grandes et petites inégalités.
Boris Johnson reste ainsi le maître des horloges, ou plus exactement le maître de la manipulation des horloges, qui n’hésite pas à avancer l’heure pour désarçonner le camp adverse.
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L’échéance du mois de juin était déjà évoquée dans l’alinéa 141 de la déclaration politique signée en octobre dernier, et indiquait ceci: “Après le retrait du Royaume-Uni de l’Union, les parties se rassembleront pour mesurer les progrès accomplis, avec l’objectif de définir des actions pour avancer dans les négociations sur la future relation. Les parties se réuniront à un haut niveau en juin 2020 à cette fin.” Cet alinéa était le tout dernier élément des 650 pages de documents agréés par les deux parties. Le Royaume-Uni en fait une date butoir, là où l’UE espérait en faire une date pivot.
Comme l’automne dernier, l’impossible peut-il être fait en trois mois?
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