Mais quelle sale semaine!
Avouons-le d’emblée. L’actualité de la semaine nous a laissés comme une sorte de petit goût amer au fond du palais. On ne pense pourtant pas être doté d’un tempérament particulièrement maussade ou porté sur la déprime.
Alors on a essayé de rire un coup. Et pour cela, il n’y a pas à chipoter, heureusement qu’il y a le cdH.
C’est ainsi que l’on a découvert qu’Opaline Meunier, tout récemment exfiltrée de l’organisation estudiantine Unecof et accueillie telle Jeanne d’Arc dans les rangs du parti humaniste, avait été bombardée "déléguée générale à la société civile". ça ne s’invente pas.
Qu’il n’y ait pas de doute là-dessus: on n’a absolument rien contre Opaline Meunier. Au contraire, même. A priori, qu’une jeune femme se lance dans la politique, on trouverait ça plutôt bienvenu. Surtout par les temps qui courent, où l’on en a vu quelques-unes annoncer leur volonté de raccrocher les gants. Surtout que le rafiot sur lequel elle embarque prend l’eau de toutes parts. Mais ce titre aussi ronflant que creux, quand même, on ne s’y fait pas.
D’accord, l’auteur de ces lignes patauge encore dans la trentaine. Il n’a rien vu, ni rien vécu, pour ainsi dire. Cela ne l’empêche pas de savoir identifier une détestable tendance quand il en croise une.
L’autre bonne farce cdH de la semaine, c’est cette interview du grand patron. Qui dément tout problème de dialogue au sein du parti. "Lorsque les décisions sont prises au cdH, elles le sont en toute démocratie", assure Benoît Lutgen. Qui entend faire de son écurie "la première formation politique à avoir une démocratie interne totalement participative".
On se demande combien d’humanistes ont avalé leur café de travers en lisant, mercredi, les propos du président. Qui est quand même connu pour prendre (presque) toutes ses décisions (presque) tout seul, dans son coin. A tel point que le centre d’études du cdH s’est déjà désolé de ne pas être consulté. Que personne n’écoute le Cepess en dehors du QG de la rue des Deux Eglises, c’est une chose, mais que la présidence fasse de même, c’en est une autre.
Evidemment, tout cela n’a pas fait le poids. Parce que cette semaine, un parti d’extrême droite faisait sa (grande) entrée au Parlement allemand. Parce que cette semaine, le grand (et jeune) gagnant des élections législatives autrichiennes, Sebastian Kurz – surnommé "Baby Hitler" par un magazine satirique allemand –, a proposé à un parti d’extrême droite, fondé par d’anciens dignitaires nazis, de s’installer à table pour causer coalition et gouvernement. Le tout, sans que l’on entende réellement quelqu’un s’émouvoir ou s’indigner. Le tout encore alors qu’un peu plus à l’Est, le modèle de "démocratie illibérale" – sorte d’hideux hybride entre dictature et véritable démocratie – fait de plus en plus fureur.
D’accord, l’auteur de ces lignes patauge encore dans la trentaine, même si elle est déjà bien tassée. Il est né le cul bordé de nouilles, comme on dit, dans un pays en paix, plus stable et démocratique qu’une bonne tripotée d’autres. Il n’a donc rien vu, ni rien vécu, pour ainsi dire. Cela ne l’empêche pas de savoir que la démocratie est aussi fragile que précieuse. Et d’identifier une détestable tendance quand il en croise une.
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