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La Wallonie gonfle ses investissements dans les projets "École numérique"

Pour bénéficier de matériel, les écoles candidates à l’appel à projets doivent présenter un projet ayant un objectif pédagogique clair. ©Hollandse Hoogte / Mats van Soolingen

Le nouvel appel à projet "École numérique" 2020 de Digital Wallonia est lancé, avec un budget gonflé à 8,9 millions d’euros. Cette enveloppe permettra de financer 500 projets soumis par les écoles.

Les 1.000 élèves du Séminaire de Floreffe savent parfaitement ce que sont les projets "École numérique". Et pour cause, leur établissement, sous l’impulsion d’une des professeurs de langues, Marianne Grandjean, a déjà remporté à trois reprises les appels à projets "École numérique" lancés par Digital Wallonia et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dont le dernier en date qui va permettre aux élèves de 4e secondaire de réaliser des petits films avec un kit multimédia, en partant du storyboard jusqu’au montage.

Les élèves ont déjà pu tâter de l’IPod Touch dans leurs cours de langue, des tablettes, des ordinateurs aussi, présents dans l’école depuis les premières initiatives cyberclasses et cyberécoles, ancêtres des projets actuels. Le Séminaire de Floreffe a lui-même ouvert les cordons de la bourse pour installer un réseau WiFi correct (un investissement de 15.000 euros), et pour doubler le nombre de tablettes. Car ici, les projets "École numérique" ont fait tache d’huile auprès des enseignants.

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Maintenant Floreffe devra se débrouiller seul. Le Séminaire, déjà lauréat en 2019, ne pourra pas présenter de projet pour l’appel 2020. Car le but de la Région wallonne est de toucher un maximum d’établissements. Les budgets ont été augmentés: ils passent de 7,5 millions pour l’appel 2019 à 8,9 millions pour 2020. "Le futur sera numérique, et l’école est l’un des lieux prioritaires pour donner une impulsion majeure. Raison pour laquelle nous avons amplifié les budgets", commente Willy Borsus, le ministre wallon en charge du numérique. Mais ils ne sont pas extensibles à l’infini. Il s’agit donc de donner priorité à des écoles qui n’ont pas encore eu l’occasion de bénéficier des financements publics.

Jusqu’à présent, les projets se basaient sur l’usage des tablettes (32%), ordinateurs portables (28%), tableaux blancs interactifs et projecteurs (27%). Le nouvel appel à projets veut renforcer l’usage d’autres outils, comme les TV interactives ou les outils de programmation. Car au-delà du numérique comme support aux apprentissages, le défi actuel est aussi d’initer les jeunes aux dessous des cartes. "Il ne s’agit pas de faire de tous des programmateurs, mais l’initation au codage devra aussi faire partie du cursus d’apprentissage. Il y a cette volonté dans le Pate d’excellence", dit André Delacharlerie, expert au sein de Digital Wallonia. Avec l’écueil que tous les profs ne sont pas formé à cela...

Le GSM en classe?

 La stratégie digitale dans les écoles visera aussi à renforcer la connectivité dans les écoles, afin qu’elles disposent d’un réseau avec un débit suffisant. Car la volonté est aussi d’intensifier les pratiques dite BYOD (Bring Your Own Device), ce qui permettra aussi aux écoles d’intégrer dans leurs pratiques pédagogiques le matériel des élèves eux-mêmes, comme leur GSM. Sans risque de perdre une partie de la classe en route? 

"Si l’usage est cadré par l’enseignant, si les élèves ont un travail précis à fournir dans un laps de temps défini, ils comprennent vite que cela ne sert à rien de discuter sur les réseaux sociaux", dit Marianne Grandjean. Comprenez: il ne s’agit pas ici de faire du numérique un usage ludique, mais bien professionnel. Ce qui demandera aux enseignants un investissement personnel. Karin Eicher, enseignante en 6e primaire à Sainte-Begge, en témoigne. Elle a reçu, en 2019, un tableau blanc interactif.Un outil qui a "révolutionné" sa classe."Mais j’ai aussi dû réadapter mes cours et ma manière de travailler".

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130
millions €
Depuis les premiers plans Cyberécoles, nés il y a 20 ans, jusqu’à aujourd’hui, la Wallonie a investi 130 millions dans le numérique à l’école.

Et le numérique à l’école, est-ce que cela porte ses fruits? D’après une enquête réalisée par Digital Wallonia auprès des écoles lauréates en 2015, il semblerait que oui.Ces écoles ont été interrogées en 2018, après avoir vécu 3 ans avec les outils numériques.Qu’ont-elles constaté? "Du côté des élèves, une hausse de la motivation et de l’implication, un gain d’autonomie, une amélioration de leurs compétences numériques et même des résultats scolaires, et cela, c’est les enseignants qui nous le disent!", explique Catherine Stasser, directrice de la cellule École numérique au SPW. Il a aussi été constaté une plus grande dynamisation et une diversité des méthodes d’enseignement, et un renouvellement du plaisir d’enseigner chez les profs impliqués."A l’heure où l’on parle de désaffection des profs, c’est important."

Depuis les premiers plans Cyberécoles nés en 1999 jusqu’à aujourd’hui, la Région wallonne a déjà investi 130 millions d’euros pour le numérique à l’école.La plus grosse part du budget (85 millions) ayant été consacrée à l’équipement massif des écoles en ordinateurs entre 2008 et 2014 (l’objectif était alors de lutter contre la fracture numérique). Les projets "École numérique" - basés sur des projets pédagogiques clairs - ont, eux, totalisé 25 millions d’investissements pour 1.709 projets.

Les choix peu audacieux des jeunes

D’après les données tirées de la dernière enquête PISA menée par l’OCDE auprès des jeunes de 15 ans, 47% des garçons et 53% des filles interrogés prévoient d’exercer uniquement l’une des dix professions les plus populaires à l’âge de 30 ans: médecin, vétérinaire, enseignant, chef d’entreprise, policier,…

L’OCDE constate même que les aspirations professionnelles sont aujourd’hui moins diversifiées qu’il y a 20ans, ainsi qu’en témoigne la hausse de 8 points de pourcentage pour les garçons et de 4 points pour les filles depuis l’enquête PISA réalisée en 2000. "Ce resserrement des choix professionnels s’observe en particulier chez les jeunes issus de milieux socio-économiques plus défavorisés et chez ceux ayant obtenu de moins bons résultats aux tests PISA en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences", constate encore l’OCDE.

Les jeunes rêvent donc toujours aux mêmes métiers que ceux qui existaient avant l’arrivée des médias sociaux et l’accélération technologique, telle que l’intelligence artificielle, dans les entreprises.

Prenant la parole lors du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, Andreas Schleicher, Directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE, voit ce constat comme "préoccupant"."L’enquête montre que trop d’adolescents ignorent ou ne sont pas conscients des nouveaux types de métiers qui se créent, notamment du fait de la transformation numérique de l’économie."

L’éventail des professions que les adolescents aspirent à exercer est par contre plus diversifié dans les pays qui disposent de systèmes de formation professionnelle performants et bien établis.


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Alexia Bertrand (en photo) et Vincent Van Quickenborne, tous deux Open Vld, ont déposé cette proposition de loi.
Une proposition de loi pour taxer les primes syndicales
Deux représentants Open Vld proposent de taxer les primes syndicales remboursées par les employeurs. Cela rapporterait 86,5 millions par an, affirment-ils.