Antony Blinken en mission délicate au Mexique

Sous ses airs courtois et affables, Antony Blinken est un redoutable animal politique. Le chef de la diplomatie américaine ne semble se ménager sur aucun front. On l'entend réclamer de nouveaux fonds en faveur de l'Ukraine. Signe de son soutien à Kiev, il avait même habillé son fils de 4 ans du pull kaki cher au président Zelensky et sa fille d'une tenue bleu et jaune à l'occasion de la soirée d'Halloween donnée à la Maison-Blanche...

Blinken est aussi très actif au Proche-Orient, multipliant les contacts afin de trouver une solution pour les otages et les problèmes humanitaires, dans un rôle difficile vu le soutien indéfectible, et très critiqué, affiché par les États-Unis en faveur d'Israël.

On l'avait vu en Chine, en juin, pour une délicate tentative de dégel diplomatique. Il y avait notamment rencontré le président Xi Jinping. Objectif: maintenir les canaux ouverts entre les deux superpuissances, dans un monde où les alliances pèsent souvent le poids des canons.

Blinken s'est rendu au Mexique

Ce mercredi, c'est au Mexique que le secrétaire d'État s'est rendu. Chez un tout proche voisin, alors que pendant les fêtes, les déplacements de cet ordre sont rares. Surprenant, mais l'urgence l'exigeait.

Le phénomène migratoire sera un des grands points d'attention de la campagne présidentielle américaine. Or, le président Biden a soufflé le chaud et le froid dans ce dossier. Difficile à défendre face aux électeurs, alors que Donald Trump affiche ici des positions ultra-tranchées.

Chaque jour depuis quelques semaines, 10.000 personnes en moyenne tentent de traverser illégalement la frontière sud des États-Unis. C'est près du double des chiffres enregistrés avant la pandémie. On sait qu'une caravane forte de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique dimanche, en direction des USA.

Antony Blinken devait donc ramener de quoi faire penser aux républicains, et aux électeurs, que le phénomène migratoire n'est pas devenu hors de contrôle.

Pour un double accord

Le chef de la diplomatie américaine et le président mexicain ont discuté pendant deux heures et les deux parties ont jugé après coup l'entretien "fructueux". Il le fallait, Blinken avait absolument et urgemment besoin d'avancées. En effet, les élus républicains au Congrès exigent un accord sur l'immigration avec le gouvernement du président Biden en échange de leur soutien à une nouvelle enveloppe d'aide pour l'Ukraine...

Or, la Maison Blanche a prévenu qu'elle serait "à court de ressources" pour l'Ukraine "d'ici à la fin de l'année". On y est.

Les talents de diplomate du secrétaire d'État, sans doute hérités d'un père (Donald Blinken) ambassadeur des États-Unis en Hongrie, suffiront-ils à amadouer les républicains? Selon un responsable du gouvernement américain, les dirigeants mexicains ont décrit à Blinken les nouvelles mesures prises par leur pays, notamment la répression des passeurs qui envoient les migrants vers la frontière des États-Unis en train ou en autobus. Et la délégation américaine aurait été "impressionnée" par ce plan, selon un responsable du gouvernement US.

Mais ce dossier est loin d'être clos, et Blinken devra s'y replonger en 2024.