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L'Europe intègre les frères de l'Est

En mai 2004, l’Europe passe de 15 à 25 en réunifiant l’est et l’ouest du continent. Un chambardement voulu pour créer un large espace de paix.

Quinze ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe fait un grand bond vers sa réunification. Le 1er mai 2004, dix nouveaux pays rejoignent l’Union européenne, la faisant passer, en une étape, de 15 à 25 membres.

Outre deux îles méditerranéennes - Chypre et Malte , les autres nouveaux adhérents sont tous issus de l’ancienne sphère d’influence de l’URSS. Les trois États baltes - Lituanie, Lettonie et Estonie - sont d’anciennes républiques soviétiques, la Slovénie est une ancienne république yougoslave et la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie d’anciens satellites de Moscou.

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L’Union européenne, fondée sur les cendres de la seconde guerre mondiale, s’est toujours donnée pour mission d’assurer la paix sur le continent. L’éclatement du bloc soviétique lui a offert une belle opportunité de consolider cet espace de paix. Une nécessité évidente après les guerres qui ont ravagé l’ex-Yougoslavie au cours de la première moitié des années nonante.

Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre très longtemps après la chute du rideau de fer pour que les pays d’Europe occidentale ouvrent les bras aux "frères de l’Est". Dès décembre 1989, l’UE crée le programme "Phare" (Pologne-Hongrie aide à la reconstruction économique) qui sera ensuite élargi aux huit candidats à l’adhésion issus du Bloc de l’Est.

Des règles de base

En 2004, le PIB cumulé des nouveaux adhérents n'est pas plus élevé que celui de l'Espagne.

En juin 1993, réuni au Danemark, le Conseil européen adopte des règles reprises ensuite sous l’appellation de "critères de Copenhague" pour baliser l’entrée des pays PECO (Pays d’Europe centrale et orientale). Ils devront pouvoir prouver être une démocratie stable, respectueuse des droits de l’homme; fonctionner selon les règles de l’économie de marché; être capable d’intégrer l’"acquis communautaire" (règles, normes et politiques communes qui constituent le corps législatif de l’UE).

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À ce moment, dix pays d’Europe de l’Est étaient candidats. Au fur et à mesure de leurs progrès respectifs, différents pelotons se sont formés. En fin de compte, huit ont satisfait aux critères d’adhésion et seront intégrés à l’UE en mai 2004, en même temps que Chypre et Malte qui avaient mené leur barque de leur côté. La Roumanie et la Bulgarie devront attendre un peu plus longtemps - jusqu’au 1er janvier 2007 - avant de voir les portes s’ouvrir. La question de la Turquie, également dans la liste d’attente, est reportée sine die.

Le grand chambardement

Pour l’Union européenne, ce cinquième élargissement est un véritable bouleversement. Son espace qui s’étend désormais largement au-delà de l’ancien rideau de fer et jusqu’aux portes du Moyen-Orient compte 75 millions de citoyens supplémentaires et atteint les 455 millions de membres (480 millions dans l’"UE 27" dès 2007).

Mais cette réunion de l’est et de l’ouest du continent fait craindre aussi pour le fonctionnement des institutions européennes - comment trouver un consensus à 25 ou 27? - et pour ses moyens financiers. Les nouveaux États sont moins nantis et devraient tirer plus profit du budget européen qu’y contribuer. Grosso modo, leur produit intérieur brut cumulé ne vaut pas plus que celui de l’Espagne.

Dès avant leur adhésion, ces pays avaient reçu des moyens conséquents pour faciliter leur modernisation. Entre 2004 et 2006, quelque 41 milliards d’euros ont été encore injectés chez ces nouveaux adhérents en subventions agricoles, aides régionales ou mesures de protection des frontières. Le budget communautaire doit aussi être adapté en fonction des nouvelles exigences logistiques imposées par un fonctionnement avec un nombre de pays qui a quasiment doublé. Rien qu’un exemple: à partir de mai 2004, le nombre de langues officielles de l’UE va quasiment doubler (de 11 à 20) du jour au lendemain. On évalue alors un budget cumulé d’un milliard d’euros pour payer les 4.000 traducteurs et interprètes nécessaires aux sessions et traductions de textes de loi. Quant au Parlement, il passe de 626 à 732 membres.

J.-M. L. avec A.K.

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