La vague brune de l’extrême droite se répand
1999 - 2018
Septante ans après avoir mis l’Europe à feu et à sang, l’extrême droite s’enracine à nouveau en Europe . Poussée par les crises économique, migratoire et la propension des réseaux sociaux à amplifier la colère des gens, elle a atteint une masse critique dans plus de dix pays européens . Antisystème, xénophobe, europhobe, proliférant sur les réseaux sociaux, elle prône un retour à l’Europe des nations du XIXe siècle.
Par Vincent Georis - 19/12/2018
Démarrer
La «peste brune» renaît de ses cendres en Europe
1999-2001
Fin 1999, le Parti de la liberté (FPÖ) (27%), fondé en 1955 par l’ancien général SS Anton Reinthaller, s’allie avec les démocrates-chrétiens de l’ÖVP pour gouverner l’Autriche . En 2001, l’Alliance nationale (12%) et la Ligue du Nord (4%), deux partis d’extrême droite italiens, entrent dans le second gouvernement Berlusconi .
L’Alliance nationale de Gianfranco Fini a intégré dans ses rangs le Mouvement social italien, héritier de Benito Mussolini. Parmi ses élus, la députée Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce. L’extrême droite est aussi vivace en France (FN, 15%), en Belgique (Vlaams Blok, 10%) et en Norvège (FrP, 15%).
L’expansion en Europe de l’Est
2002-2006
Dix ans après la chute de l’empire soviétique, l’extrême droite reprend vigueur à l’est. En Bulgarie , Attaka, fasciste et europhobe, recueille 8% des voix en 2005. En Slovaquie , le parti national slovaque (SNS) monte dans le gouvernement.
En Pologne , La Ligue des familles polonaise (LPR) obtient 15% aux européennes de 2004 et 8% aux législatives de 2005. Elle entre en coalition avec le parti populiste et démocrate-chrétien Droit et Justice (PiS, 26%).
En Lituanie , Ordre et Justice grimpe à 11% aux législatives. En Hongrie , le Jobbik, un parti néo-nazi doté d’une branche militaire, la Garde hongroise, est fondé en 2003. En France , Jean-Marie Le Pen (FN) arrive au second tour des présidentielles de 2002.
La crise économique renforce l’extrême droite
2007-2009
La crise économique et financière mine la confiance dans l’Union européenne . L’extrême droite, prônant le repli aux nations du XIXe siècle, en tire parti.
En Italie , la Ligue du Nord, retourné dans l’opposition en 2006, revient au pouvoir avec le gouvernement Berlusconi IV. L’Alliance nationale finit par être absorbée en 2009 par le parti Peuple de la liberté (PdL) de Silvio Berlusconi.
En Bulgarie , Attaka monte à 9,4% aux élections de 2009. La même année, en Belgique , le Vlaams Belang recueille 15% des voix aux élections flamandes. Au Royaume-Uni , le Parti national britannique (6%) obtient deux députés aux européennes de 2009.
L’extrême droite s’enracine dans le terreau populiste
2010-2012
La crise économique s’apaise, mais les dommages collatéraux enracinent l’extrême droite dans un terreau populiste . Plusieurs partis conservateurs épousent les thèmes ultra-nationalistes pour garantir leur survie.
En Hongrie , Viktor Orban (Fidesz) flirte avec les thèmes du Jobbik.
En Pologne , la droite radical catholique pèse sur le gouvernement. En Finlande , les Vrais Finlandais bondissent à 19% aux législatives de 2011. Dans une Grèce ravagée par la crise, le parti néonazi Aube dorée obtient 6,97% des suffrages et entre en force au Parlement grec. En France , Marine Le Pen (FN) finit troisième à la présidentielle de 2012 (18%).
Les ultra-nationalistes prolifèrent avec la crise migratoire
2013-2015
Une crise migratoire, dont le pic est atteint en 2015, succède à la crise économique .
Le Ukip, nationaliste et europhobe, bondit à 15% aux législatives britanniques . Pour récupérer cette vague brune, les Conservateurs britanniques entraînent le pays dans un référendum sur l’appartenance à l’Union. En Grèce , en 2015, Aube dorée devient le troisième parti au bord de la ruine.
En Pologne , le Congrès de la Nouvelle Droite envoie quatre députés aux Européennes de 2014. Les deux partis d’extrême droite Liberté et Kukiz dépassent ensemble les 13% aux législatives de 2015. Le PiS revient au pouvoir en 2015 et met en place un régime autoritaire. Au Danemark , le DF, europhobe et anti-islamique, remporte 21% des suffrages.
L’extrême droite gouverne en Autriche, en Italie et en Bulgarie
2016-2018
Les attentats terroristes de l’Etat islamique instaurent un climat anxiogène. La colère des classes moyennes, amplifiée comme jamais par les réseaux sociaux , dopent les partis populistes et l’extrême droite.
Les Britanniques choisissent le Brexit. En Allemagne , l’AfD, un parti xénophobe et d’extrême droite, obtient 12% des voix aux législatives de 2017 et entre au Bundestag, une première depuis la Seconde Guerre mondiale.
En France , Marine Le Pen finit deuxième à la présidentielle. La même année, en Bulgarie , les Patriotes unis (9%) entrent au gouvernement. Fin 2017, le FPÖ autrichien (26%) forme un gouvernement avec l’ÖVP. En Italie , la Ligue obtient 22% des voix en mars 2018 et entre en coalition avec les populistes du M5S. À six mois des élections européennes, l’Europe traverse une crise existentielle majeure.
Article suivant: Ce que les séries nous disent de l’Amérique de Trump
Revenir à la rétro 2018
Précédent
0 sur 8
Suivant