Edito: Sagesse financière
Le rapport annuel de la Banque des règlements internationaux, la banque des banques centrales, demeure un "must" pour les financiers. Il compile des données, fourmille d'analyses et émet des recommandations de politique économique et monétaire. Et le plus souvent, en vertu des leçons du passé, le rapport constitue aussi un grand recueil de sagesse financière. Peut-être est-ce là l'empreinte laissée au sein de l'institution par notre compatriote Alexandre Lamfalussy. Dans la conclusion du rapport 2007, la BRI rappelle à juste titre que l'économie n'est pas une science, du moins pas au sens où la répétition d'une expérience aboutit toujours au même résultat. La prévision est un art bien difficile. Quasiment personne n'a prévu la grande dépression des années 30, le dérapage de l'inflation dans les années 70, les crises qui ont touché le Japon et l'Asie du Sud-Est, le krach de 1987... En fait, chaque épisode de repli a été précédé d'une belle période de croissance non inflationniste, suscitant une certaine euphorie et incitant d'aucuns à présager l'avènement d'une "ère nouvelle". C'est pourquoi quand le directeur général d'aujourd'hui, Malcom Knight, parle de l'"âge d'or" enregistré ces quatre dernières années (croissance soutenue, inflation modérée, taux bas, hausse des Bourses...), il faut percevoir cela comme un avertissement: est-ce bien tenable? Car face aux bouleversements de la sphère financière et l'arrivée de nouveaux acteurs, il est clair que des chocs surviendront. Et, confie la BRI, on ne peut raisonnablement attendre des banques centrales ou des marchés un discernement... infaillible. D'où un conseil de prudence. Surtout face à ces succès qui ont incité les acteurs à des prises de risque sans cesse plus grandes. Afin de modérer ces comportements excessifs et contrecarrer toute velléité inflationniste, la BRI plaide pour une hausse des taux. Rien de surprenant. Mais la confirmation de ce qui nous attend ces prochains mois. par Marc Lambrechts Rédacteur en chef adjoint