billet

Et si on euthanasiait la Grèce?

Humoriste

Si je pose la question, en cette veille d’élections, c’est que j’ai peur que la proposition d’Angela Merkel de pratiquer le "Grexit" ne soit bien trop laxiste par rapport au danger que cet état présente pour la société en général et l’Europe en particulier…

Et comme nous avons eu ce cas récent d’un interné belge demandant qu’on mette fin à ses jours, je me dis que l’hypothèse d’une euthanasie doit être sérieusement envisagée.

Peut-être ne voyez-vous pas immédiatement de lien entre la Grèce, l’Europe et le milieu carcéral? Réfléchissez un instant, il est quand même clair que les membres de l’Union européenne et les prisonniers ont en commun une forte obsession: l’évasion! Le fait de s’évader, physiquement, de sa cellule, ou fiscalement, de sa banque, ce n’est pas un crime. Et, au niveau européen, dans le cas du dumping, c’est même légal et encouragé! En ce qui concerne la Grèce, elle connaît, comme notre interné récidiviste, une grande dépression depuis plusieurs années et ne semble pas s’en sortir. De plus, les méthodes appliquées pour extraire ces deux délinquants de leur misère, sexuelle ou économique, n’ont pas porté leurs fruits… Dès la découverte des forfaits commis par la Grèce vis-à-vis des aides généreuses versées par l’Europe, Angela Merkel a interpellé cette nation et l’a, sinon incarcérée, du moins dans un cadre serrée. L’Etat voyou, tout comme l’interné, devait faire pénitence, "se racheter" en appliquant des plans de rigueur. La Grèce restait libre de ses mouvements, certes, mais les diktats du FMI ressemblaient à un grand bracelet électronique encerclant l’île. Malgré cela, aujourd’hui la dette n’est pas résorbée, l’essor n’est pas au rendez-vous, tout comme les pulsions criminelles de l’interné demeurent fortement ancrées malgré les années d’enfermement.

Publicité

Or, dans sa grande mansuétude, l’angélique Merkel propose à la Grèce une porte de sortie plus qu’honorable: quitter la zone euro. J’ignore pourquoi cette nouvelle dame de fer éprouve tant d’antipathie pour les Grecs! Est-ce la vieille dette envers Athènes, jamais versée, ces fameux 81 milliards résultant des pillages et dégâts causés par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, qui ronge sa culpabilité? Sont-ce ces divers rapports du FMI attestant que la dose d’austérité injectée dans les institutions grecques est bien trop virulente et basée sur des calculs erronés (*)? Reconnaissons-le, en imposant à la Grèce un carcan budgétaire plus strict qu’une robe d’Angela, le FMI a déjà pratiqué le suicide assisté. Ce pays se trouve dans l’antichambre de l’euthanasie.

Bien sûr, j’entends déjà votre argument: une mise à mort orchestrée n’est acceptable que si le malade en fait la demande expresse! Mais vous n’avez pas lu la presse ni regardé un journal télévisé depuis 2014 ou quoi? Ce pays vient de prouver qu’il est prêt à mourir: les Grecs sont déjà près de 30% à vouloir voter… extrême gauche ce dimanche! Qu’est-ce qu’il vous faut de plus comme preuve de dégénérescence totale? Et puis, pourquoi un acte aboutissant à l’élimination d’un homme ou d’un pays ne pourrait-il être considéré de façon positive? Repensez aux récentes déclarations de Siegfried Bracke évoquant ce brave Darwin… La perte d’un proche ou d’un état avec qui on a partagé tant de bons moments permet souvent un meilleur épanouissement de ceux qui restent. Une Grèce volatilisée laisserait une place vacante dans l’Union européenne, ce qui ravirait les nombreux pays adhérents. Et pourquoi pas l’Ukraine? La nature a horreur du vide, comblons-le.

Reste à déterminer le produit à utiliser pour pratiquer l’euthanasie. Dans le cas de la Grèce, cela s’impose, la ciguë. Socrate, accusé de corrompre la jeunesse, avait montré l’exemple in îlot tempéré. Il est d’ailleurs piquant de rapprocher les 2 époques. Au IVe siècle avant que Jésus ne crie, Athènes connaît une grave crise financière, perd un quart de ses citoyens et voit la démocratie s’effondrer… En 2015, rien n’a vraiment changé: autre tempête financière, exil des jeunes et des cerveaux et montée des extrêmes qui ont désormais pognon sur rue. Si un philosophe a bu la ciguë, pourquoi un pays déliquescent ne pourrait-il opérer de la même manière? Ce serait sans doute le geste le plus noble, le plus digne de cette civilisation qui nous a tant donné depuis tant de siècles, une civilisation que nous n’oublierons jamais. Amen.

(*) voir ma chronique (26/1/2013) "La chasse à cures" sur les aveux d’Olivier Blanchard, expert FMI, à propos d’énormes erreurs dans les calculs utilisés pour imposer à la Grèce ce fameux plan d’austérité…

Publicité
Le siège de la Banque nationale de Belgique (BNB) situé à Bruxelles.
La BNB estime sa perte pour 2024 à 3,7 milliards d’euros
L'institution devrait accuser une nouvelle perte pour le troisième exercice annuel consécutif. Une situation liée à la remontée des taux de la BCE ces dernières années.
Messages sponsorisés