Joëlle au balcon, pas d'cotillons!

Qui a eu cette idée folle un jour de vous envoyer dans une école? C’est ce sacré…Pascal Vrebos qui l’autre jour, sur son plateau télé, vous a lancé ce défi: "Iriez-vous jouer au professeur pendant une semaine dans une école?" Vous avez illico accepté l’invitation. Voilà pourquoi je vous écris. J’aimerais que vous renonciez à ce projet.

Et pourtant, je trouve l’idée très généreuse. Il est juste piquant de remarquer que le précédent ministre ayant accompli une "descente sur le terrain" s’appelait… Melchior Wathelet. Souvenez-vous, il y a près de 3 ans, on retrouvait Melchior sur le bord des routes faisant passer l’alcootest aux conducteurs! Alors c’est beau de votre part, Joëlle, de vous inscrire dans ses pas. Cela confirme votre désir d’enterrer le différend qui vous oppose tous deux depuis les élections, Melchior ayant été fortement blessé par vos propos peu solidaires dans un parti dont le H renvoie plutôt à Humaniste qu’à Hargneuse.

Mais s’il vous plaît, Joëlle, n’allez pas dans une école. Ce n’est pas une bonne idée d’aller vous présenter devant ces jeunes encore en construction. Ils ont entre 14 et 18 ans, ils se tâtent. Ils ont besoin d’être guidés afin de trouver leur voie et s’ils découvrent qu’une adulte affirmée comme vous n’arrive toujours pas à choisir, cela peut les désorienter. En effet, le fait que vous ayez accepté de prendre en charge la culture, l’enseignement, la petite enfance et la vice-présidence de la fédération Wallonie-Bruxelles, cela manifeste une incapacité à vous déterminer de façon sereine et accomplie. Vous aviez l’embarras du choix, vous avez préféré prendre l’embarras. Pour des jeunes encore fragiles, l’expression "Qui trop embrasse mal étreint" n’est assurément pas le mantra idéal pour trouver un bel épanouissement personnel. Et puis franchement, dire à un étudiant qu’une fois ministre, tu deviens illico compétent dans des domaines aussi divers que la pédagogie, la création et la psychomotricité, n’est-ce pas lui faire croire à tort qu’en arrivant diplômé dans une entreprise, il pourrait être à la fois le patron, le graphiste, le comptable, le réviseur, le manager et le photocopieur? L’école n’est pas un lieu où l’on valorise les ambitions personnelles démesurées comme l’illustre votre longue liste de portefeuilles mais plutôt un endroit où les professeurs tentent d’amener l’élève à découvrir ses compétences et définir ses limites.

N’allez pas dans une classe, Joëlle. Imaginez un peu les questions que les élèves risquent de vous lancer à la figure, sans trop de retenue: "Hé! Madame, t’as le diplôme pour me donner cours?" "Hé, Jo! C’est pas toi qui devais empêcher mon pote d’aller en Syrie? T’as des nouvelles?" C’est fort fort délicat. Alors, renoncez tant qu’il est encore temps. Prétextez que vous devez d’abord trouver des conseillers pour remplir vos missions et vos bureaux. Les directions d’école le comprendront très bien, tout le monde a lu dans les journaux que plusieurs de vos collaborateurs étaient partis tout de fuite ou avaient demandé leur mutation. Même votre chef de cabinet aurait déserté votre entourage… Vous imposeriez des cadences de travail infernales dans une ambiance oppressante au point que les méchantes langues ont résumé l’ambiance dans votre ministère en ces mots: "Joëlle au balcon, pas d' cotillons!"

Mais si vraiment vous voulez retrousser vos manches, comme vous avez d’autres portefeuilles ministériels, notamment celui de la petite enfance, pourquoi n’iriez-vous pas oeuvrer dans une crèche une semaine durant? C’est moins exposé de parler avec les bébés qu’avec des ados. Oui, je sais, vous êtes aussi ministre de la culture mais là, ne songez pas un seul instant à vous fondre dans une troupe de théâtre ou à monter sur une scène 7 jours d’affilée, le statut d’artiste étant toujours au point mort, je ne suis pas sûr que l’accueil vous sera très favorable.

Bien à vous.

Bruno Coppens

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