Le Trône de Frère
"L’enfer, c’est les nôtres!" On dirait du Sartre, ça a le goût du Sartre mais… Tiens!
Au fond, quand Jean-Paul a écrit: "L’enfer, c’est les autres", pensait-il à sa Simone De Beauvoir? Mais je m’égare…
Oui, l’enfer n’est pas un hotspot post-mortem, non, l’enfer est là, tout proche, il nous entoure, nous enserre, parfois même tendrement, il a un nom: la famille. Regardez les règlements de comptes en ce moment en France et en Belgique. Quelle saga! À côté, "Game of Thrones", mais c’est "La petite maison dans la prairie"!
Chez nous, la série s’appelle "Le Trône de Frère". Dans un château de la capitale, le Prince Calimero est en train de se morfondre dans son donjon. Alors il hurle à l’amour: "C’est trop injuste!" Faut dire que, sous prétexte qu’il s’occupe d’énergies renouvelables, ses parents ont cru bien faire en lui offrant… une prime à l’isolation.
Ah ça, ils l’ont bien isolé, leur Laurent! Du coup, ce dernier lance un appel aux secousses. De l’extérieur, on a l’impression que ce cri est spontané. Pas du tout! Laurent a choisi un moment bien précis: les vacances de Pâques. Il voulait comparer sa situation désespérée avec celle de Jésus qu’on a crucifié et qui, trois jours plus tard, a ressuscité! Exactement ce qui s’est passé pour le Prince. Comme les ailes d’enfant qu’il voulait déployer ont été clouées au sol par les deux agents sacrés de la "Stasi", papa Albert et tonton Baudouin, Laurent a vilipendé les vils qui l’ont pendu! Trois jours plus tard, son Souverain frérot, par communiqué officiel du Palais, le décrochait de sa croix pour lui proposer de s’envoler pour de nouvelles missions économiques!
L’enfer est là, tout proche, il nous entoure, nous enserre, parfois même tendrement, il a un nom: la famille.
En fait, Laurent veut simplement trouver une vraie place dans la famille, sa "Place loyale" et, pour "exister", parfois, il faut tuer le père. Et l’oncle, s’il le faut.
Ce constat de psy à deux balles me permet de passer outre-Quiévrain, là où un autre drame familial focalise l’attention médiatique: un parricide en direct sur antenne! Marine, assistant au crépuscule du vieux, a, de façon déterminée, poussé son père dans la tombe. Jean-Marie, il est vrai, s’est détaché de sa fille: "Je vous salis, Marine, pleine de disgrâce. Le senior est contre vous! Vous êtes bannie entre toutes les femmes." pour se rapprocher de sa petite-fille: "Sainte Marion, priez pour moi, pauvre empêcheur de voter en rond, maintenant et à l’heure de ma mort…" Marine doit tout à son père mais là, qu’il reprenne en boucle ses vieilles rengaines de jadis, ses invectives ressassées, assez! C’est la goutte qui fait déborder la vase. C’est que le danger est réel: Jean-Marie pourrait devenir l’Andreas Lubitz du FN, il pourrait entraîner tout le staff et une partie de l’électorat dans sa chute. Marine, en pleine ascension, ne peut pas se permettre de traverser des turbulences, elle doit prendre encore plus d’altitude. Du coup, elle lave son lynchage en famille mais Papy, paradoxale expression, fait de la résistance: "Si Marine veut ma mort, qu’elle ne compte pas sur ma collaboration!" Collaboration… Il est vraiment incurable. Le Point Goldwin, Jean-Marie le touche chaque fois qu’il ouvre la bouche. Du coup, Marine l’a écarté. Pour de bon? Feront-ils front national commun le 1er mai prochain? Chanteront-ils rancœur "Allons enfants de la patrie!" pour fêter Jeanne d’Arc? L’évocation du bûcher fera-t-elle réfléchir le père? La fille entendra-t-elle les voix d’une droite décomplexée? Réponse dans le prochain épisode de cette série qui, avec la montée de Marion Maréchal, rempilera pour plusieurs saisons…
Laurent et ses parents, Marine et son père. Deux familles, deux pays. Enfer et dames nations.
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