billet

Travaux de Renaudvation

Humoriste

Non, rassurez-vous, je ne vous parlerai pas des futurs travaux dans les tunnels bruxellois mais bien du retour du chanteur français.

Déjà, la date de sortie du premier single a été minutieusement choisie. Le marketing est bien en place. Fin janvier! En effet, de l’Antiquité jusqu’au coeur du Moyen-Age, les peuples germains et scandinaves ont toujours célébré la sortie de… l’ours qui se situait aux alentours de fin janvier. D’où "le chant de l’ours" qui aurait donné "la chandeleur" que nous célébrons le 2 février, appelée en Amérique du Nord "journée de la marmotte", célébrant là-bas la sortie de sa tanière du petit animal.

Donc, l’ours Renaud est sorti de sa longue imbibernation et il faut célébrer la métamorphose de sa voix! Elle donne de l’espoir à notre Marc Goblet. C’est un vrai miracle surtout quand on écoute la chanson sur l’album de Grand Corps Malade (heu… non, ce n’est pas le surnom de Renaud mais celui du créateur de l’album réunissant une foule de chanteurs). Renaud y semblait littéralement trachéotomisé. Bref, la nouvelle chanson sonne juste, même si elle est finalement très politiquement correcte. C’est un p’tit tube mais "Celui qui n’a jamais p’tit tubé lui jette la première bière", comme il le chante lui-même.

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Comme Renaud abandonne son lever de coude, Sarkozy fait son mega culpa…

Le plus intéressant, au fond, ce sont les petites phrases lâchées dans les entrevues genre "Je ne bois que de l’eau depuis 117 jours!", "Je fume moins"… Il fait bel et bien son parcours de rédemption, les fameux travaux de Renaudvation, étape capitale pour retrouver les faveurs du public.

Et du coup, je pense à Nicolas Sarkozy qui fait aussi entendre une nouvelle voix à travers son livre sorti en cette fin janvier et qui s’étalera dans toutes les librairies encore en février (du latin "februare", la purification)!

Nicolas a toujours été le maître du storytelling, cette manière d’inscrire tout fait politique dans une histoire aux multiples épisodes, comme une vraie série télé, si haletante que personne n’a le temps… de prendre du recul. Souvenez-vous le lendemain de la visite très controversée de Kadhafi à Paris dont la tente trônait dans les jardins de l’Elysée, hop! Sarkozy est à… Eurodisney pour officialiser sa relation avec Carla Bruni. Un clown chasse l’autre, on éclipse l’événement douloureux par un éclat glamour et on passe à la suite. Avec son livre, il passe aujourd’hui au "sorrytelling". Comme Renaud abandonne son lever de coude, Sarkozy fait son mega culpa: "C’est ma faute, ma faute, pauvres cons, croyez-moi, j’ai changé!"

Et s’il le fait, à mon avis, c’est parce qu’il rage de voir son ennemi, Alain Juppé, triompher dans les sondages. Ce dernier en fait a été plus malin, plus tôt. Abattu politiquement sous Chirac, Juppé s’est assez vite exilé au Québec, le temps de se faire oublier et aussi, façon de se faire pardonner. Sarkozy, lui, a fait le contraire de ce qu’il avait déclaré après sa défaite: "Je me retire de la politique". Et aujourd’hui, vu le retard sur son adversaire, il entame enfin le processus en trois temps: "acceptation de l’échec — demande de pardon — rédemption". C’est très catho comme tiercé, hein?

Tiens, faudrait en glisser un mot de ce processus à Julien Lepers et Michel Drucker qui, depuis des jours, ruent dans les brancards et se ruent sur les rencards avec des chaînes concurrentes pour retrouver de l’emploi. Retenez bien ceci: "Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune que de s’armer contre une armée de douleurs?". Non, ce n’est ni sur le futur album de Renaud ni dans le livre de Sarkozy, c’est du Shakespeare. Ah! Il est très actuel, le Shakespeare. Tellement moderne qu’il aurait pu s’asseoir cette semaine aux côtés de Louis Michel pour lancer: "Il y a quelque chose de pourri au Royaume de Danemark!" Bonnes crêpes!

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Bruno Coppens joue au théâtre Le Public le spectacle "Big Bang" jusqu’au 6 février. A partir du 9 février, il présente "La vie est un destin animé".

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