Édito | Climat: attention à la marche!
La COP29 sur le climat s'ouvre dans une ambiance morose, après la réélection d'un climatosceptique à la Maison-Blanche. L'Europe va devoir trouver les ressources pour maintenir le cap.
La conférence climatique de Bakou s’est ouverte sous de mauvais auspices. Au cœur d’une décennie critique pour limiter l’ampleur du réchauffement climatique, on aurait difficilement pu imaginer pire signal que l’élection d’un président climatosceptique à la tête de la première économie du monde. Alors que l'année 2024 est partie pour être la plus chaude jamais enregistrée, alors que l’humanité subit des événements climatiques extrêmes toujours plus fréquents, l’Amérique scande "Drill baby, drill!" Et que lui répond-on?
Pour beaucoup, rien. Au "sommet des leaders" de la COP29, censé donner le ton de l’engagement des nations en ouverture de la conférence, trop de dirigeants brilleront par leur absence. L’Europe est un moteur essentiel de la diplomatie climatique, mais ni le Français Emmanuel Macron ni l'Allemand Olaf Scholz ne seront présents. Toute proportion gardée, on déplorera au passage qu'aucun ministre wallon ne fasse le déplacement: une première en dix ans, comme pour entériner l’air du temps.
Trump ou pas Trump, l'Europe est face à une marche difficile à monter. Elle doit trouver les ressources politiques et financières pour décloisonner son marché et investir dans sa transition.
Ces défections très symboliques interviennent dans un moment périlleux pour l’Europe. Ces dernières décennies, elle s’est corsetée dans des dépendances excessives: au gaz bon marché; au commerce avec la Chine; au parapluie sécuritaire américain. Quand le robinet gazier russe s'est refermé, elle a perdu en compétitivité. À présent, le retour de Donald Trump – son penchant débridé pour les hydrocarbures, son culte de la dérégulation, son approche transactionnelle de la sécurité – menace d'accélérer le déclassement du Vieux Continent. Il n'en faudrait pas plus pour que l'Europe, engoncée dans ses déficits publics, se mette à douter de sa capacité à rester motrice de la transition.
Accélérer l'autonomie
Dans un tel contexte, d’aucuns suggèrent que l'Europe devrait revoir la voilure de ses ambitions environnementales. Évidemment, relâcher l'ambition climatique serait un signal délétère pour notre avenir à tous, alors que l'on a déjà franchi temporairement le seuil de +1,5°C, sous lequel l'accord de Paris voudrait nous maintenir. Mais ça serait aussi une erreur stratégique régionale, parce que la transition climatique est un formidable accélérateur d’autonomie. Investir massivement dans l’efficacité énergétique, les interconnexions, les infrastructures de stockage et les énergies renouvelables est la condition de notre indépendance et de notre compétitivité future.
Trump ou pas Trump, l'Europe est face à une marche difficile à monter. Elle doit trouver les ressources politiques et financières pour décloisonner son marché et investir dans sa transition. Pour maintenir le cap.
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