Voilà déjà un an que Vladimir Poutine et les forces armées russes ont lancé une invasion de l'Ukraine. Militaires, politiques ou économiques, les répercussions des actions du Kremlin en Ukraine ont également eu d'importantes implications à l'international. Retrouvez les moments marquants qui ont jalonné le conflit armé le plus médiatisé de tous les temps.
Par Clément Bacq & Nicolas Baudoux Publié le 17 février 2023 Service photo: Margaux Smets Développement: Benjamin Verboogen[A LA UNE A 18H]
— Agence France-Presse (@afpfr) September 21, 2022
Vladimir Poutine a lancé la mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour relancer son offensive et brandi la menace d'un recours à l'arme nucléaire, nouvelle escalade inquiétante du conflit en Ukraine #AFP 1/5 pic.twitter.com/qfVDPb0sYM
L'Union Européenne s'affranchit de plus en plus du gaz russe
Dans une allocution télévisée, Vladimir Poutine annonce lancer une "opération militaire spéciale en Ukraine afin de défendre les séparatistes" de la région du Donbass.
Il déclare vouloir mettre en oeuvre une "démilitarisation et dénazification de l'Ukraine". Cette annonce fait suite à plusieurs semaines de tension entre Kiev et Moscou, de nombreuses troupes russes s'étant massivement postées à la frontière entre les deux pays.
Dans la foulée, des détonations seront entendues dans plusieurs villes ukrainiennes. La guerre est déclarée.
Les 27 Etats de l'Union européenne se sont accordés sur une "arme ultime" : l'exclusion de plusieurs banques russes du système Swift.
Une mesure qui vise à isoler ces banques sur la scène internationale et à assécher l'économie locale. Cette sanction s'inscrit dans la politique plus générale de l'Union européenne d'imposer 10 trains de sanctions au total, qui comprennent, entre autres, le gel des avoirs des oligarques, des interdictions d'imports et d'exports, ou encore des restrictions contre des personnalités proches du Kremlin.
Avec l'avancée russe en Ukraine, la crainte d'un débordement monte en Europe, alors que la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande du continent, a été la cible de bombardements. Dans les mois qui suivent, les réacteurs de la centrale ont été plusieurs fois débranchés, ce qui fait craindre une nouvelle catastrophe nucléaire d'ampleur internationale, 36 ans après Tchernobyl.
L'agence nucléaire ukrainienne dénonce "un chantage nucléaire qui pourraît mettre le monde entier en danger".
Après 1 mois d'offensive, les troupes russes se retirent peu à peu dans le nord de l’Ukraine. Pour laisser place à des scènes insoutenables. C'est le cas de la petite ville de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, qui a été occupée par l'armée russe dès le 27 février.
Près de 300 personnes ont été enterrées dans des « fosses communes », selon le maire, Anatoly Fedorouk. Des civils tués sont retrouvés en pleine rue, à même le sol. Les images de Boutcha ont provoqué l'indignation de la communauté internationale.
À la date 11 mai, un total de 6 millions d'Ukrainiens auraient fui leur pays, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). La Pologne accueille la grande majorité (54%) de ces réfugiés, qui sont des femmes et des enfants pour 90% d'entre eux.
La Finlande et la Suède ont remis simultanément leurs lettres officielles de demande d'adhésion à l'Otan. Ce choix constitue une rupture dans la politique de neutralité des 2 pays nordiques. La Turquie, d'abord opposée à l'adhésion, lèvera finalement son veto pour la Finlande.
Pour la Suède, cela bloque encore: elle est accusée d'héberger des "terroristes" kurdes, et un Coran brûlé en janvier 2023 par un militant d'extrême droite à Stockholm a ravivé les tensions. Ce renforcement des rangs serait bénéfique en termes de capacité de défense, mais aussi de protection et de contrôle de la Baltique.
Un coup dur pour Moscou, qui exigeait la fin de l'élargissement de l'organisation internationale.
Les États-Unis votent le "Additional Ukraine Supplemental Appropriations Act, 2022", loi qui prévoit un financement d'urgence pour l'Ukraine de plus de 40 milliards de dollars pour "soutenir le peuple ukrainien et défendre la démocratie mondiale". Au total, en novembre 2022, le Kiel Institute for the World Economy a comptabilisé plus de 112 milliards d'euros d'aide internationale pour l'Ukraine.
Marioupol fût l'un des symboles forts du début de cette guerre. Située à la frontière avec la région séparatiste du Donbass, elle fût assiégée et bombardée par l'armée russe jusqu'à rayer la ville de la carte. Le monde a encore en mémoire le bombardement de la maternité de la ville, qui a fait 3 morts, dont une fillette, et 17 blessés.
Les combats ont duré jusqu'au 20 mai, date à laquelle la dernière poche de résistance ukrainienne, retranchée dans l'usine Azovstal, a laissé le champ libre à l'armée russe.
Les 27 chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont unanimement décidé d'accorder à l'Ukraine - et à la Moldavie - le statut de pays candidat à l'adhésion ce 23 juin.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, quelques jours après le début de l’invasion russe, avait demandé à l'UE dans une vidéo son intégration "sans délai". Selon la Commission européenne, deux ans après la chute de l’URSS, en 1993, le gouvernement ukrainien décrivait déjà l’adhésion à l’UE comme un objectif à long terme.
Pendant plus de quatre mois, les navires militaires russes ont bloqué les ports ukrainiens de la Mer Noire, empêchant le transport de plus de 20 millions de tonnes de céréales.
L'accord sur l'exportation, négocié sous l'impulsion du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, va soulager les pays dépendant des marchés russe et ukrainien, lesquels représentent 30% du commerce mondial du blé. Le prix du blé avait d'ailleurs atteint, 2 semaines après l'invasion, un seuil jamais vu depuis 2008.
Source : indexmundi.com
Depuis le mois d'octobre 2022, les combats se concentrent désormais sur le front est de l'Ukraine, et notamment dans la région de Bakhmout, située non loin du Donbass. Ce lieu montre un changement de paradigme dans le conflit, où l'on est passé d'une guerre de mouvement à une guerre de positions.
Des tranchées y ont été constituées et la violence des combats y est intense. L'armée russe a fait de cette ville un objectif stratégique et symbolique, quand l'armée ukrainienne attend des renforts et des ressources pour pouvoir tenir le front.
Le vendredi 26 août 2022 est entré dans l'histoire comme la journée la plus chère de l'histoire du gaz. Le TTF, indice gazier de référence, a franchi le plafond symbolique de 300 euros pour atteindre, le soir, 339,20 euros. Il était 6 fois moins cher un an auparavant.
Le 21 septembre, Vladimir Poutine annonce à la télévision une mobilisation partielle des Russes, avec pour objectif de recruter 1,5 million de nouveaux militaires. Cette annonce intervient après la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkiv et après l'annonce des référendums sur l'adhésion des territoires ukrainiens occupés par la Russie.
"Nous mobiliserons toutes les ressources pour défendre notre peuple. Nous avons beaucoup d'armes pour riposter, ce n'est pas du bluff", a commenté le Président russe.
Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, reliant la Russie à l'Allemagne, ont été sabotés dans les eaux internationales, en mer Baltique. D'énormes quantités de gaz se sont échappées, libérant dans l'atmosphère l'équivalent des émissions d'une année entière d'une ville comme Paris. Aujourd'hui encore, les commanditaires ne sont toujours pas connus.
Des référendums d’annexion par la Russie ont eu lieu du 23 au 27 septembre dans des régions d'Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou. 94,6% des voix en moyenne ont été en faveur de l'annexion, selon le résultat des scrutins qualifiés de "simulacres" par Kiev et les Occidentaux. Cette étape marque une escalade majeure du conflit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que "2.434 km² du territoire et 96 localités ont déjà été libérés depuis l'opération d'offensive", dont Kherson, ville clé du sud du pays. Les Russes, mis en difficulté, multiplient les frappes contre les infrastructures énergétiques de l'Ukraine.
Ce fut quelques heures de vive tension pour les pays membres de l'Otan. Le 15 novembre, des missiles ont tué 2 personnes dans le village de Przewodow, à l’est de la Pologne, situé à 5 kilomètres de la frontière ukrainienne.
La Russie, directement désignée comme suspecte, a vite été mise hors de cause lorsque le président polonais Andrzej Duda déclare le lendemain que cette explosion fut "très probablement causée" par la défense aérienne ukrainienne. Le secrétaire général de l'Otan a tenu le même discours, apaisant les tensions au niveau international.
Depuis l'invasion de l'Ukraine, les importations de gaz en provenance de Russie dans l'Union européenne ont été fortement réduites. De 35,7% en février à 12,9% en novembre 2022.
C'est une forte augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), en particulier en provenance des États-Unis, qui a permis de combler la demande des pays de l'UE, qui importent la majeure partie de leur gaz naturel (83% en 2021).
Source: Commission Européenne
Depuis le 5 décembre, deux nouvelles sanctions frappent l'économie russe: l'UE s'est accordée sur un embargo sur le pétrole russe acheminé par voie maritime et les pays du G7, l'UE et l'Australie ont décidé d'un plafonnement des prix.
Seul le pétrole russe vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril pourra encore être livré. Suite à cette décision, Moscou bloquera ses exportations vers l'Union européenne. Pas de pénurie à craindre, mais bien une hausse des prix.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky effectue son premier voyage à l'étranger. Il a choisi Washington comme destination, où il a été reçu par Joe Biden avant de s'adresser au Congrès américain.
Il a réalisé auparavant un véritable tour du monde virtuel, s'exprimant en visioconférence devant des parlementaires étrangers au Japon, au Canada, en Suisse, en Israël, au Parlement européen mais aussi au Conseil de sécurité de l’ONU, ou encore aux Grammy Awards et au Festival de Cannes...
À chaque occasion, une ovation. Zelensky profite de son image de superstar pour entretenir la mobilisation de la communauté internationale autour de l’Ukraine.
Après de longues discussions, le chancelier allemand Olaf Scholz a finalement annoncé la livraison de chars de combat Leopard 2 à l'Ukraine et l'autorisation pour les autres pays européens d'en fournir également.
Sous pression, le chancelier craignait de franchir une ligne rouge en autorisant l'envoi d'armes lourdes et ne voulait pas placer Berlin ni l'Occident en co-béligérents directs.
Au total, avec les USA, c'est plus de 120 chars lourds et plus modernes que les Occidentaux vont envoyer à l'Ukraine, ce qui lui permettra de reconstituer ses unités blindées. Kiev en souhaitait au moins 150 supplémentaires.
Crédits photos : Belga, AFP, Reuters, Isopix