Branle-bas de combat dans les hôpitaux belges
Tous les hôpitaux sont en première ligne et doivent se préparer à accueillir autant de patients que leur capacité le permet. Alors que la Belgique a reçu ce lundi quelque 300.000 masques en provenance de Chine, le bilan des décès a doublé, passant de cinq à dix.
Morbides ou pas, les habitudes prennent rapidement racine. Et celle-ci n'a guère traîné. Tous les matins, vers 11 heures, de nombreux regards sont braqués vers le SPF Santé publique – plutôt discret en temps normal. Logique, puisque telle est désormais la voie de transmission officielle des nouvelles en provenance du front ouvert par le Covid-19.
Les dernières données datent du 15 mars. Ce dimanche, 172 nouveaux cas de coronavirus ont été rapportés: 80 en Flandre, 68 en Wallonie et 17 à Bruxelles – pour les 7 restants, le SPF ne dispose pas d'indication géographique. Ce qui porte le nombre de cas d'infections détectés depuis le début de la pandémie à 1.058. Petite piqûre de rappel: ce comptage officiel ne porte que sur des patients ayant pu être testés, ce qui implique que le nombre d'infections est très vraisemblablement plus élevé dans notre pays. En ce qui concerne les décès, ce lundi affiche un lourd bilan, le nombre total ayant doublé, passant subitement de cinq à dix en fin de journée.
53 patients en soins intensifs
Qu'en est-il des hôpitaux, en sachant que l'un des enjeux majeurs du moment consiste à ce que le réseau hospitalier ne se retrouve pas submergé? Le 15 mars, donc, 252 patients atteints du coronavirus étaient hospitalisés, dont 53 en soins intensifs. Dont la majorité nécessitaient une assistance, 31 patients étant placés sous respirateur et un autre ayant besoin d'un "Ecmo", ce dispositif permettant d'oxygéner le sang du patient à l'extérieur de son corps.
Voilà pour le bilan chiffré. Au sein des hôpitaux, c'est évidemment le branle-bas de combat. À vrai dire, la montée en puissance est progressive, la phase d'information du plan d'urgence hospitalier ayant débuté il y a des semaines. Et puis, les hôpitaux belges ont eu le nez fin, prenant de premières mesures avant les congés de carnaval.
Pas de cascade
Les choses sérieuses ont débuté le samedi 14 mars, avec le déclenchement de la phase active du plan d'urgence. Afin de dégager le maximum de lits possibles, les hôpitaux ont annulé toutes les consultations et les opérations non urgentes.
Le coronavirus bouscule les habitudes; en cours de route, la Belgique a dû inverser sa logique. Au départ, deux hôpitaux universitaires (l'UZ Anvers et Saint-Pierre à Bruxelles) sont désignés pour accueillir les patients infectés. Assez vite, il apparaît qu'ils risquent d'être débordés. On pense alors à mettre en route la cascade habituelle: en première ligne, les sept hôpitaux universitaires; en seconde ligne, les "gros" hôpitaux de plus de 600 lits; enfin, tous les autres établissements. Sauf que cela reviendrait à saturer en premier les établissements pouvant sans doute prodiguer les soins les plus poussés. Aussi, la Belgique prend-elle le problème à rebrousse-poil: tous les hôpitaux se préparent à accueillir le plus possible de patients, tandis que les cas les plus sensibles seront redirigés vers les sept hôpitaux universitaires.
On a gardé les bonnes nouvelles pour la fin. Quelque 300.000 masques de protection sont arrivés à Liège lundi midi, le reste (200.000 masques et 30.000 kits de test) étant attendu pour le milieu de la semaine. Don des fondations Alibaba et Jack Ma. Enfin, l'Inami a annoncé que les médecins percevraient des honoraires pour leurs consultations par téléphone, en lien avec le coronavirus. À hauteur de vingt euros, directement facturés aux mutualités via le système du tiers payant; autrement dit, le patient ne débourse rien.
Voyages à l'étranger suspendus, événements annulés, activité ralentie: la propagation du nouveau coronavirus affecte de plus en plus la vie quotidienne des Belges, inquiets, mais aussi l'économie dans son ensemble.