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Fitch craint pour les finances de la Belgique

Les mesures de soutien adoptées par le gouvernement Wilmès devraient, selon Fitch, se traduire par une augmentation du déficit public en 2020. ©EPA

L'agence de notation a réduit la perspective de la note belge à "négative", prévoyant une dégradation substantielle des finances publiques cette année. Et évoque une incertitude politique pour 2021.

La pandémie de Covid-19 menace la santé économique et financière de la Belgique. Tel est l'avertissement lancé par Fitch Ratings - l'une des trois plus importantes agences de notation dans le monde - qui s'attend à une "dégradation substantielle" des finances publiques en 2020. Si la note de l'État belge reste à "AA-" (soit le quatrième meilleur score possible), sa perspective passe cependant de "stable" à "négative".

"La Belgique sortira vraisemblablement de la crise [sanitaire] avec un niveau d'endettement public nettement plus élevé, aggravant une faiblesse du crédit déjà existante par rapport à ses pairs régionaux et de notation. Le pays pourrait rencontrer des difficultés pour consolider les finances publiques à moyen terme."

Fitch Ratings

Les mesures de soutien adoptées par le gouvernement Wilmès devraient, selon Fitch, se traduire par une augmentation du déficit public. Il pourrait atteindre 5,5% du produit intérieur brut (PIB) cette année.

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"La Belgique sortira vraisemblablement de la crise [sanitaire] avec un niveau d'endettement public nettement plus élevé, aggravant une faiblesse du crédit déjà existante par rapport à ses pairs régionaux et de notation. Le pays pourrait rencontrer des difficultés pour consolider les finances publiques à moyen terme", prévient l'agence américaine dans son rapport. Elle table sur un taux d'endettement de 108% en 2020. Du jamais vu en deux décennies.

Sur le marché obligataire, cet avertissement n'a fait ni chaud ni froid auprès des investisseurs. Le taux belge à 10 ans  est resté stable à environ 0,14%. L'écart de rendement (le "spread" en anglais) avec le Bund allemand s'est même réduit à 55,6 points de base.

"Le marché du travail se détériorera sensiblement"

Fitch a également tenté de calculer l'impact du Covid-19 sur l'économie belge. Elle s'attend à un recul du PIB réel de la Belgique de 3,2%, "en raison d'une forte baisse de la demande, alors que les dépenses des entreprises et des ménages sont suspendues".

-3,2%
Une croissance négative en 2020
Fitch table sur un recul du PIB réel de la Belgique à -3,2% cette année avant un rebond de 2,8% en 2021.

"Nous prévoyons que le marché du travail se détériorera sensiblement cette année, bien que l'impact des mesures de confinement en termes de pertes d'emploi est incertain", ajoute-t-elle. Le taux de chômage devrait par conséquent remonter à environ 7% en 2020 contre 5,2% au dernier trimestre 2019.

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Mais bonne nouvelle, l'agence de notation espère un rebond de l'activité économique dès l'année prochaine. Elle vise une croissance du PIB de 2,8%. Combinée à une diminution des dépenses publiques, cela devrait permettre de dégonfler le déficit (à 4,2%), ainsi que le taux d'endettement de la Belgique (à 107,5%).

Un horizon incertain à cause du politique

Ces prévisions optimistes doivent toutefois être prises avec précaution. "Si l'étendue et la durée des restrictions à l'activité sont plus importantes et plus longues que prévu, nous constaterons alors une baisse beaucoup plus importante de la production en 2020 et une reprise plus faible que prévu en 2021", met en garde Fitch.

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L'agence de notation évoque aussi "un degré d'incertitude considérable quant aux paramètres de politique budgétaire pour 2021 et au-delà". En effet, le mandat du gouvernement Wilmès expire en octobre prochain. Or, comme le rappelle Fitch, les dernières élections fédérales de mai 2019 ont accru la fragmentation politique entre les partis et entre les régions, rendant difficile la formation d'un gouvernement fédéral. "Il existe un risque qu'une incertitude politique et économique renouvelée s'installe à l'automne."

Notons que cette crise politique avait déjà valu un premier avertissement à la Belgique en février dernier. À l'époque, l’agence de notation Scope Ratings avait diminué la perspective de la note de l’État belge à cause du dérapage budgétaire et de prévisions économiques plus sombres.

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