L'Europe doit se montrer à la hauteur de la crise
Cinq cents millions d'Européens, enfermés chez eux, attendent de leurs dirigeants une seule chose: qu'ils soient à la hauteur.
La force de l'Union européenne tient dans sa méthode consensuelle, réunissant 27 pays, et son respect des libertés et de l'État de droit. Une conception aux antipodes des régimes autoritaires s'imposant ailleurs, en Chine et en Russie, à des populations aux libertés et aux droits cadenassés. Sa faiblesse réside dans le peu de compétences que les États lui ont transféré, handicapant sa capacité de riposte.
Alors que l’OMS décrétait l’état d'urgence fin janvier, l’UE ronronnait dans sa bulle comme si le coronavirus s’attaquait à une autre planète. Quand les premières victimes tombèrent, ce fut chacun pour soi. Les États européens prirent des mesures individuelles, les politiques sanitaires ressortant de leur souveraineté.
Défaillant au principe élémentaire d’assistance, les pays du Nord laissèrent l’Italie et l’Espagne s’enfoncer dans un gouffre. La mort fut, cette fois, le prix de la désunion européenne. Par un effet domino, le virus se propagea plus vite sur le Vieux Continent. Aujourd'hui, l'Europe est le continent le plus touché par le Covid-19, avec plus de 678.000 cas et 53.000 décès.
L’opinion publique s’indigne. S’interroge: l’Europe est-elle morte?
L’opinion publique s’indigne. S'interroge: l’Europe est-elle morte? On ressent depuis peu une prise de conscience. L’Union a déployé des mesures de plus de 2.770 milliards d’euros pour soutenir son économie. Les ministres des Finances ont discuté mardi d'un nouveau plan dépassant 500 milliards. Ces chiffres sont sans précédent, mais c’est insuffisant. Et les divisions subsistent. Les Vingt-sept devront oublier leurs calculs mesquins et démontrer que l’Union a un avenir, en réduisant la fracture entre le Nord et le Sud.
Les États européens devront se rapprocher. Se fédérer, dépasser les nationalismes d’un autre siècle, en se dotant d’outils budgétaires, sociaux, financiers, sanitaires et écologiques efficaces selon la voie inspirée par les pères de l’Europe, comme ce fut le cas pour l'euro. L’avertissement est sérieux, car l'UE est inachevée et cela met son existence en danger. Cinq cents millions d’Européens, enfermés chez eux, attendent de leurs dirigeants une seule chose. Qu’ils soient à la hauteur. Sans quoi, l'Europe traversera une période durable d'instabilité.