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reportage

La rédaction de L'Echo est vide. Et pourtant…

Depuis le 16 mars, la rédaction de L'Écho s'est vidée. Seuls quelques irréductibles se relaient pour fabriquer le journal, depuis Bruxelles.

Comment L’Echo parvient-il encore à vous informer, sur tous ses supports, malgré les restrictions du confinement et le télétravail? Bienvenue dans les coulisses de votre journal...

Voilà un mois que la rédaction est (presque) vide, que les écrans sont éteints et que la frénésie de l’open space a disparu. Les réunions de rédaction se font désormais par visioconférence et quelques irréductibles se relaient, par équipe, pour assurer la fabrication du journal papier. Ils sont trois.

La rédaction de L’Echo, c’est une septantaine de personnes. Des journalistes, des éditeurs, des maquettistes, des photographes et des infographistes qui alimentent et font tourner un site, une application, des newsletters, des réseaux sociaux en continu. Toute une équipe qui, bien évidemment, met quotidiennement sous presse un journal.

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Soyons francs, le coup d’arrêt provoqué par le Covid-19 a été brutal, net, tranchant. Du jour au lendemain, les journalistes ont été privés des échanges et des discussions qui font bouillir quotidiennement la marmite des idées. Finis les reportages, les interviews les yeux dans les yeux, les rencontres et les discussions on ou off qui nourrissent l’esprit et les articles. Un crève-cœur dans cette actualité aussi dramatique que foisonnante.

Une rédaction déserte.

Une bascule franche et nette, donc, mais qui reste superficielle car contrairement aux apparences trompeuses d’une salle de rédaction fantomatique, la bouillonnante routine de L’Echo s’est réinventée, d’une autre manière.

Chacun chez soi et Internet pour tous

Finies les pauses cafés qui remettent de l'encre dans la plume, les discussions sur un coin de bureau entre deux articles ou les réunions de service animées. 

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Notre quotidien est aujourd'hui plus que jamais rythmé par des visioconférences, des interviews par Skype et des rafales de notifications Slack, notre outil de messagerie instantanée.

Une totale nouveauté? Non, l’organisation était déjà bien rodée avant la crise. La rédaction avait déjà pris en main, petit à petit, ces outils numériques et les documents partagés. Ce qui change, c’est la fréquence et l’intensité de leur utilisation.

La conférence de rédaction de L'Écho se déroule désormais via Skype, tous les matins, à 10h15.

Les conférences de rédaction, cœur éditorial d’un journal, elles, se déroulent sur Skype. Toujours aux mêmes heures: à 10h15 pour faire le point et définir les combats du jour (le terme date d’avant le Covid) et à 15h30 pour trancher les dernières incertitudes, programmer la fin de la journée, planifier le suivi de l’actualité à J+1 et déjà dessiner les grandes lignes de la Une du lendemain. Parfois, le matin, un enfant en pyjama se glisse subrepticement en arrière-plan, un conjoint, lui-même en conf call, parle un peu trop fort, quand ce n’est pas la connexion Internet qui lâche en pleine réunion. Mais à part ça, ça roule.

Enfin… La rédaction, comme toute la société, n’est pas épargnée par les risques liés au coronavirus. Alors les réunions commencent toujours par un "Tout le monde va bien?".

Pour l’instant, pas de cas grave à signaler. On prend systématiquement des nouvelles, en croisant les doigts que le Covid-19 nous épargne

Le plus grand changement, c’est évidemment l’espace de travail. Chacun s’est aménagé un petit coin chez lui, dans le salon, la chambre des enfants, sur une terrasse ou même dans le jardin, à la faveur d’un climat printanier. C’est la débrouille. Certains ont même improvisé un bureau sur une planche à repasser.

Chaque journaliste s'est aménagé son espace de travail, là où il y avait un peu de place.

Vous, lecteurs, vous n’avez pas disparu, loin de là…

Les médias, comme tous les autres secteurs de l’économie, ont dû se résoudre aux restrictions du confinement et la généralisation du télétravail. L’Echo n’échappe évidemment pas à la règle.

En Belgique, avant la crise du coronavirus, 17% des salariés avaient ponctuellement recours au télétravail. Aujourd’hui le royaume a dépassé les 90% de home working. Avant que le Covid-19 n'atteigne la Belgique, nous avions regardé du côté de l’Italie et nous savions que, quoiqu’il arrive, nous continuerions à pouvoir travailler. Là-bas, au plus fort de la crise, trois secteurs avaient été préservés des mesures les plus drastiques: les soins de santé, la grande distribution et la presse.

Quand le gouvernement Wilmès a annoncé mi-mars sa décision de confiner la Belgique et de n'autoriser que les déplacements strictement utiles et nécessaires, nous avons cependant choisi de nous plier à cette mesure, malgré notre statut de métier prioritaire.

Que l’on soit salarié, indépendant, manager ou patron… Nous sommes tous confinés et nous devons ménager vie privée et vie professionnelle, dans un contexte inédit d’incertitudes et d’absence de visibilité.



"Il en allait de la santé de nos équipes et de la population. En tant que média, nous ne cessons de relayer ce message: restez chez vous. Nous avons voulu être cohérents, malgré les difficultés du travail à distance et la créativité que cela a dû générer. Nous devions montrer l’exemple. Faites ce que je dis et ce que je fais", détaille François Bailly, rédacteur en chef.

Vous, lecteur, vous êtes là, avec un appétit insatiable d’information, d’explication, de contexte et de conseils. Il nous revient donc à nous, journalistes, la difficile tâche de vous éclairer et de vous aider à gérer tous les aspects de cette crise: privée, économique, financière ou politique.

Point commun dans cette période, que l’on soit salarié, indépendant, manager ou patron… Nous sommes tous confinés et nous devons ménager vie privée et vie professionnelle, dans un contexte inédit d’incertitudes et d’absence de visibilité.

Notre dossier pour aider les salariés et les indépendants à gérer les démarches administratives et financières.

On nous demande si nos ventes augmentent. Nous commençons par répondre que le plus important à l’heure actuelle, c’est la rigueur de notre travail. Cette crise sera la planche de salut du journalisme de qualité si nous gardons la tête froide et que nous nous focalisons sur les attentes du lecteur. 

Du côté des chiffres, le trafic sur nos supports numériques a bondi de 200%. La version PDF de notre édition papier n’a jamais été autant téléchargée et nous accueillons en moyenne, chaque jour, deux fois plus de lecteurs uniques qu’au printemps 2019. Et surtout, le temps de lecture sur nos supports numériques ne cesse de s’accroître.

Il faut dire que la rédaction a mis les bouchées doubles avec un suivi quotidien en direct pour que vous ne manquiez aucune information essentielle, une synthèse en graphiques de l’évolution du virus et bien sûr des analyses et des décryptages pour prendre de la hauteur et comprendre ce qu’il se passe. 

La chute de la publicité, le chômage partiel et un changement d’imprimerie

Dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes reviendrait à transformer la réalité et ce n’est évidemment pas le genre de la maison.

La distribution du journal est suspendue à la continuité d’activité de bpost, à l’ouverture des librairies en semaine et des grandes surfaces le week-end. Comme si tout cela n'était pas assez compliqué, nous avons même réussi le tour de force de changer d’imprimerie, en pleine crise et sans conséquence pour vous, lecteurs.

La Une du journal L'Écho du samedi 4 avril 2020.

Cependant, la chute vertigineuse des investissements publicitaires entame l'équilibre financier de la presse. Nous ne sommes pas épargnés. Un paradoxe lorsqu’on sait que les audiences explosent et que vous êtes toujours plus nombreux à venir chercher chez nous de l’information fiable, approfondie et utile pour comprendre et gérer au mieux cette crise inédite.

Dans ce contexte, Mediafin, l’éditeur de L’Echo et du Tijd, a donc décidé de recourir au chômage partiel. Cette mesure touche principalement notre régie publicitaire, les départements administratifs et techniques. Quelques membres de la rédaction travaillent désormais aussi à mi-temps et les commandes aux journalistes indépendants ont été réduites. Des décisions difficiles, mais qui doivent nous permettre de redémarrer en limitant la casse, assure la direction.

Avec le ralentissement économique généralisé, de nombreux projets ont été mis en sommeil, mais les plus importants, qu’ils soient éditoriaux ou techniques, ont été maintenus, pour être fin prêts lors de la reprise.

Continuer à investir, ça avait déjà été le crédo de Mediafin lors la crise financière de 2008, une stratégie gagnante qui avait permis de redémarrer de plus belle ensuite. Nous espérons tous que cette stratégie fonctionnera à nouveau.

En attendant des jours plus cléments, merci pour votre confiance et sachez que la rédaction est plus que jamais à votre service et mobilisée pour vous fournir une information exigeante, utile et éclairante sur cette crise mondiale du Covid-19.

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