Toujours pas d'accord entre la Belgique et Lufthansa
Une chose est sûre: suite à la rencontre entre le CEO de Lufthansa et le gouvernement belge, aucun accord n'est sur la table pour une aide d'État à Brussels Airlines.
La rencontre entre le CEO de Lufthansa, Carsten Spohr, et les autorités belges a eu lieu ce vendredi. Après avoir évoqué le nécessaire respect des procédures belges dans le cadre de la restructuration de la filiale Brussels Airlines (BA), le gouvernement a insisté sur le besoin de limiter au maximum le nombre de licenciements. Pour rappel, un travailleur sur quatre est menacé de perdre son emploi chez Brussels Airlines qui vient d’enclencher une procédure Renault.
"Rien n’a changé en une semaine, si ce n’est que la pression a augmenté avec l’annonce de la restructuration. Ils promettent dans un communiqué à 14h15 de respecter les procédures, puis ils convoquent un webcast avec le personnel à 15h où ils présentent leur plan social, ce qui est totalement contraire au cadre de la Loi Renault, selon lequel toutes les communications doivent passer par le conseil d’entreprise", peste Didier Lebbe, permanent de la CNE.
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Les syndicats sont particulièrement remontés sur la direction, car le plan sur la table a fait grincer des dents. L'Echo dévoilait cette semaine les grosses réductions de salaires, le travail saisonnier ou les plans de productivité au menu des propositions.
"Refus syndical"
Le constat des syndicats dans un communiqué commun jeudi était sans appel. "Il n’est pas question, pour nous, de discuter des conditions de travail du personnel, tant que nous n’en savons pas plus concernant l’avenir immédiat de l’entreprise. Nous refusons également de discuter des propositions actuellement sur la table. Celles-ci ne sont ni sérieuses, ni réalistes, ni négociables et même illégales", ont-ils dit d’une seule voix.
Lors de la rencontre avec le CEO de Lufthansa, il a été question des conditions belges pour une aide d'État avec "un business plan réaliste et tourné vers l’avenir pour Brussels Airlines, axé sur une croissance rentable, responsable du point de vue écologique et offrant des perspectives d’emploi".
Contacté, le cabinet d'Alexander De Croo (ministre des Finances, Open Vld) nous dit que la rencontre de vendredi doit être vue comme une "première étape". Mais le temps presse, la liquidité est sous pression chez Brussels Airlines et c’est une bataille au jour le jour dans la compagnie pour la maintenir à flot. Sur l’année, comme l’apprenait L’Echo mercredi, 290 millions d’euros de liquidités seront nécessaires pour sauver la compagnie. C’est l’équivalent du montant d’aide qui circulait au début des discussions.
Par la suite, des montants plus élevés ont circulé, peut-être parce que l’on apprend aussi que Brussels Airlines pourrait encore avoir besoin de 70 millions d’euros de liquidités en plus en 2021.
Pas obligatoire de rentrer au capital
On sait que les discussions se sont notamment compliquées sur la volonté d'avoir une montée de la Belgique au capital de Brussels Airlines. Contacté, le cabinet de la Première ministre nous indique qu'"aucune décision n'a été prise dans un sens comme dans l'autre". Alexander De Croo indique, lui, qu'il ne commentera pas les négociations, mais que ce qu'il a dit au parlement jeudi "restait sa position". Au parlement jeudi justement, au nom de son parti, Tim Vandenput (Open Vld) ne faisait pas de cette montée au capital une condition "nécessaire", ne l'écartant pas pour autant. Le président du CD&V Joachim Coens le rejoint.
"Tant Lufthansa Group que l’État belge reconnaissent l’importance de Brussels Airlines en tant que hub économique."
"Ces dernières semaines, les contacts ont été très difficiles même si des progrès ont été enregistrés au niveau du business plan. La rencontre d’aujourd’hui a donné l’opportunité aux deux parties de développer leurs points de vue respectifs et de réaliser un début de rapprochement. Tant Lufthansa Group que l’État belge reconnaissent l’importance de Brussels Airlines en tant que hub économique offrant une connectivité étendue, et l’importance d’un plan de croissance ambitieux qui se concentre sur les continents africain et nord-américain", ont communiqué Lufthansa et le gouvernement fédéral à l'issue de leur rencontre.
Au niveau du business plan justement, L’Echo a appris cette semaine que l’ambition pour Brussels Airlines était de desservir d'ici 2026 de nouvelles destinations américaines et africaines avec une flotte de long-courriers de 8 à 12 avions. Brussels Airlines passerait de 30 à 34 avions pour sa flotte court-courrier sur la même période, tout ceci si des critères de rentabilité sont rencontrés.
Mais à plus court terme, une fois la crise Covid passée (2022), l'entreprise envisage de réduire son réseau de 27 destinations principalement touristiques et va desservir désormais Munich, Francfort et Zurich, trois hubs importants du groupe.