Trump remanie son équipe pour limiter la casse
Le directeur de campagne, Paul Manafort, désavoué, voit sa position reprise par Kellyanne Conway et Stephen Bannon.
Donald Trump, en grande difficulté dans les sondages, a remanié son équipe de campagne, minimisant les fonctions dévolues à Paul Manafort, mis en cause cette semaine dans une affaire de corruption présumée, rapporte mercredi la chaîne NBC.
Kellyanne Conway, qui occupait déjà un rôle de conseillère, a déclaré à la chaîne américaine qu'elle était nommée directrice de la campagne. Elle a indiqué, poursuit NBC, que Paul Manafort resterait président de l'équipe Trump mais que Stephen Bannon, cofondateur du site d'information Breitbart News et ancien banquier de Goldman Sachs, rejoindrait les rangs en tant que directeur général.
Manafort dirigeait officieusement la campagne du candidat républicain depuis la mise à l'écart de Corey Lewandowski au lendemain des primaires remportées par le milliardaire new-yorkais.
Mais le New York Times a révélé ce week-end que son nom figurait sur un registre secret en Ukraine faisant apparaître des versements en sa faveur d'un montant de plus de 12 millions de dollars (plus de dix millions d'euros) effectués entre 2007 et 2012 par le Parti des régions, la formation de l'ex-président Viktor Ianoukovitch, proche de Moscou.
Artem Sytnik, chef du bureau anti-corruption en Ukraine, a confirmé que son nom apparaissait bien sur un registre et que plus de 12 millions de dollars avaient été alloués en tant que dépense, sous la référence Manafort. Il a toutefois ajouté que la mention de son nom "ne veut pas dire qu'il a effectivement reçu cet argent".
Paul Manafort a démenti pour sa part toute action illégale. "Je n'ai jamais reçu un seul 'versement au noir' comme l'a faussement rapporté le New York Times, ni n'ai jamais travaillé pour les gouvernement d'Ukraine ou de Russie", a-t-il déclaré dans un communiqué publié lundi.
L'équipe de campagne d'Hillary Clinton a dit y voir une preuve des "relations troublantes entre l'équipe de Donald Trump et des éléments pro-Kremlin en Ukraine."
Les sondages sont mauvais pour Donald Trump depuis des semaines. Mardi, il a entamé sa campagne à Milwaukee, dans l'état du Wisconsin, où des émeutes ont éclaté la semaine passée après qu'un homme noir a été tué par balles par la police. Le candidat républicain se présente comme celui de "la justice et de l'ordre".
Les médias rapportent également que Donald Trump reçoit mercredi son premier briefing sur les informations secrètes. Il devrait être briefé dans un bureau du FBI à New York, selon les médias américains qui citent des fonctionnaires sous le couvert de l'anonymat.
Il s'agit d'une tradition aux Etats-Unis que les fonctionnaires des services de renseignement rencontrent les candidats à la présidentielle des grands partis.
Qui est Paul Manafort?
Paul Manafort, le sulfureux directeur de campagne de Donald Trump, mis sur la touche mercredi après avoir été mêlé à une enquête de corruption politique en Ukraine, a beaucoup conseillé dictateurs et seigneurs de guerre et amassé une fortune considérable.
En politique américaine, Manafort, 67 ans, est connu comme un formidable stratège républicain ayant travaillé dans les années 70 et 80 pour les campagnes de Gerald Ford et Ronald Reagan, avant de conseiller celles de George Bush père en 1988 et de Bob Dole en 1996. Il était le responsable de la convention républicaine d'investiture de Bob Dole, défait par Bill Clinton.
Après 20 ans d'absence, Donald Trump a fait appel à lui fin mars, pour professionnaliser une campagne amateur, dépassée par le succès de son improbable candidat.
Mais cette alliance n'a pas donné les résultats escomptés et après seulement cinq mois, le candidat milliardaire a de nouveau remanié son équipe mercredi en écartant Paul Manafort, qui s'était appliqué à essayer de "présidentialiser" l'image du républicain.
Toujours impeccablement coiffé et habillé, très critique des médias, Manafort, petit-fils d'immigrant italien, conserve son titre de "président" de l'organisation de campagne, mais sa marginalisation est établie.
A défaut de continuer à établir la stratégie de la campagne Trump, il va pouvoir poursuivre ses activités de puissant lobbyiste international.
En 1980, il avait co-fondé Black, Manafort, Stone et Kelly (BMSK), un cabinet de lobbying basé à Washington. En 1985, il compte parmi ses clients le rebelle angolais Jonas Savimbi qu'il réinvente en combattant de la liberté. Jonas Savimbi obtiendra des millions de dollars d'aide des gouvernements Reagan et Bush.
Parmi les clients de BMSK figurent aussi à l'époque l'ancien dictateur du Zaïre Mobutu Sese Seko, le gouvernement kényan, le Nigeria, et l'ancien président philippin Ferdinand Marcos.
En 1992, une enquête du "Center for Public Integrity" détaille ces liens et les millions versés pour ce lobbying, dans un rapport intitulé "Le lobby des tortionnaires".
En 1995 BMSK est vendu, Manafort crée un autre cabinet de consultants avec un ancien conseiller de John McCain, Rick Davis, puis en 2012, DMP international, selon le Washington Post.
Son nom est aussi apparu en France dans l'"affaire Karachi", deux contrats d'armement signés en 1994 avec le Pakistan et l'Arabie saoudite, soupçonnés d'avoir donné lieu à des rétrocommissions qui auraient financé la campagne d'Edouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, remportée par Jacques Chirac.
Interrogé en 2013 par les juges français, Paul Manafort a reconnu avoir été payé par un intermédiaire dans les contrats, l'homme d'affaires libano-espagnol Abdul Rahmane El-Assir, pour conseiller Edouard Balladur. Il a aussi affirmé avoir rencontré l'équipe de campagne de Balladur, qui n'aurait pas donné suite. L'enquête a révélé quelque 340.000 dollars de paiements, entre 1994 et 2001 pour Manafort ou son entourage.
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