Ilham Kadri: "2020 sera une année de transition avant une inflexion en 2021"
La CEO de Solvay était présente ce matin à Finance Avenue pour présenter la nouvelle stratégie du groupe de chimie. Une scission d’activités n’est "pas à l’ordre du jour", a-t-elle assuré.
Ilham Kadri n’est pas encore satisfaite. À l’occasion de la présentation de la nouvelle stratégie du groupe de chimie, ce samedi matin au salon Finance Avenue de L’Echo et De Tijd, la patronne de Solvay s’est réjouie du travail déjà accompli depuis son arrivée à la tête de l’entreprise au début du mois de mars, mais elle a aussi balisé la longue route qui reste à parcourir pour que la société belge atteigne les objectifs qu’elle lui a assignés.
"J’applaudis les employés de Solvay, auxquels on a demandé des efforts pour réduire les coûts", a déclaré Mme Kadri. "Mais je ne peux pas encore être satisfaite de la manière dont nous livrons le cash. Toutefois, sur neuf mois, nous avons livré plus de 200 millions d’euros de cash de plus que sur la même période en 2018. Ça montre ce qu’on a dans le ventre et cela, j’aime beaucoup", a souligné la CEO de Solvay, en dégageant une impression de main de fer dans un gant de velours.
"Nous retrouverons une tendance de croissance de nos marchés à la fin de l'année 2020."
Celle qui a débuté sa carrière en tant que stagiaire dans une usine Solvay dans le Jura il y a trente ans est aujourd’hui à la tête d’une multinationale employant 24.500 collaborateurs et se montre particulièrement ambitieuse. Concernant le rendement du capital investi, elle compte bien, d'ici 2024, "être à 11%, il le faut; on est à 8%, ce qui est le plus bas de cette industrie: ce n'est pas acceptable, il faut aller vers un rendement à deux chiffres".
Mais la patronne de Solvay sait que le défi est compliqué. "Le monde, autour de nous, change énormément. L'environnement macroéconomique est incertain et volatil. 25% de nos marchés sont touchés par une décroissance. Parfois, nous ne pouvons pas défier la gravité", reconnaît-elle. "La dynamique de nos marchés est restée difficile cette année et cela risque de se poursuivre; nous donnerons plus de détails lors de la publication de nos résultats annuels en février 2020."
"Libérer le potentiel de valeur"
Mais Ilham Kadri préfère aller de l'avant car, à plus long terme, les perspectives semblent meilleures. "Nous retrouverons une tendance de croissance de nos marchés à la fin de l'année 2020", anticipe-t-elle. Certes, "d'ici 2020, la macroéconomie aura une incidence. L'an prochain sera une année de transition, avant une inflexion attendue en 2021."
D'ici là, la patronne de Solvay entend bien placer son groupe en ordre de marche, avec cette nouvelle structure en trois spécialités: matériaux, chimie et solutions. Solvay est donc en pleine introspection, en gardant toutefois à l'oeil l'évolution de ses marchés. "Nous avons l'habitude de dire que nous gardons un oeil sur le microscope et un oeil sur le télescope", glisse la CEO.
Interrogée sur la réaction mitigée de l'action Solvay depuis la présentation de la nouvelle stratégie, Mme Kadri a tranché: "Quand on lance une stratégie, ce n'est pas pour le prix de l'action à court terme. Mon mandat est de libérer le potentiel de valeur. Ces dernières années, les nombreuses acquisitions ont enrichi notre portefeuille, mais ont ajouté de la complexité. Notre stratégie GROW est destinée à ramener de la simplicité, en faisant de Solvay une seule et unique entreprise", a-t-elle dit en référence au slogan "One Solvay, Solvay first" lancé en interne pour mobiliser les troupes.
Questionnée ensuite sur la possibilité d'assister à l'avenir à une scission de certaines activités pour libérer de la valeur, la CEO de Solvay n'a pas esquivé: "Quand on accepte un tel mandat, il n'y a pas de vache sacrée, il n'y a pas d'émotion par rapport à tel ou tel business: on regarde tout pour en tirer le meilleur potentiel." Mais au bout de cet examen, il n'y a pas de spin-off en vue. "Ce n'est pas à l'ordre du jour", a assuré Ilham Kadri.
En ce qui concerne le dividende de l'action Solvay , la patronne du groupe de chimie a vanté l'évolution historique de ce dernier, au moins stable voire en croissance depuis 1982. Elle a rappelé que le dividende intérimaire qui sera attribué en janvier sera de 1,50 euro brut, en croissance de 4,2%. Mais, pour la suite, "c'est l'affaire du conseil d'administration, il faudra patienter jusqu'au premier trimestre", a-t-elle conclu.
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