Intelligence artificielle: le nouveau nerf de la guerre pour la Big Tech à Wall Street
Lors de la présentation de leurs résultats, Microsoft et Alphabet (Google) ont multiplié les mentions de l'intelligence artificielle. La question de sa rentabilité, elle, est remise à plus tard.
Les marchés comptent sur l'intelligence artificielle pour assurer l'avenir de la Big Tech. C'est en tout cas ce qu'ils ont clairement laissé comprendre mercredi, lorsqu'ils ont fait bondir l'action Microsoft de 8% à l'ouverture de Wall Street, à la suite de la publication des résultats du géant fondé en 1975 par Bill Gates.
Outre sa plutôt (très) bonne performance sur le trimestre avec un chiffre d'affaires de 52,9 milliards de dollars et un bénéfice de 18,3 milliards de dollars, tous deux au-dessus des attentes, Microsoft a surtout exalté les investisseurs en chantant les louanges de l'intelligence artificielle générative.
Depuis le début de l'année, la Big Tech surfe sur la vague d'enthousiasme autour de l'IA, portée par l'engouement autour de ChatGPT, le robot conversationnel développé par OpenAI, qui déchaîne les passions dans le monde économique et politique. Les cours de Microsoft et Alphabet (Google) ont en effet grimpé de 19 et 24% en 2023, bien mieux que la maigre progression de 6% de l'indice américain S&P 500.
"Microsoft détient l'infrastructure la plus puissante en matière d'intelligence artificielle"
Prêts à séduire les marchés avides de cette nouvelle technologie, le CEO et la CFO (directrice financière) de Microsoft, Satya Nadella et Amy Hood, ont mentionné le terme IA près d'une cinquantaine de fois dans leurs échanges avec les analystes, démontrant que le sujet était au cœur de leurs préoccupations.
"Nous détenons l'infrastructure la plus puissante en matière d'IA", a estimé Satya Nadella, mettant en avant ses partenariats avec OpenAI, maison mère de ChatGPT, et le numéro 1 mondial des puces électroniques Nvidia , avant d'énumérer les nombreux usages futurs de cette technologie.
Du traitement de données au développement d'applications, les dirigeants de la firme de Redmond sont convaincus que l'intelligence artificielle va révolutionner le monde du travail. Entretemps, ils l'ont déjà implantée dans leur moteur de recherche Bing, jusque-là piètre concurrent de Google (qui domine largement avec plus de 90% de part de marché). Le CEO de Microsoft s'est dès lors réjoui que ses utilisateurs quotidiens dépassent désormais la barre des 100 millions.
Alphabet face à un de ses plus grands défis depuis des années
Cette montée en puissance exerce une forte pression sur Alphabet, la maison mère de Google, incitée à réinventer son activité historique grâce aux nouvelles possibilités offertes par l'intelligence artificielle générative. Sundar Pichai, le CEO du groupe, s'est, lui, montré plus réservé sur le sujet après l'annonce de ses propres résultats trimestriels mardi soir, eux aussi meilleurs qu'attendus par les analystes, grâce aux bonnes recettes publicitaires.
Certains analystes sont plus inquiets et estiment que l'activité principale d'Alphabet est confrontée à un de ses plus grands défis depuis des années.
Ce dernier a rappelé que Google investissait dans l'IA (Bard, son concurrent à ChatGPT, a été lancé en février), mais a minimisé l'impact que cette technologie aurait sur la pub, pierre angulaire des revenus de la société. "Au fil des ans, nous avons connu de très nombreux changements dans le domaine des moteurs de recherche", a-t-il expliqué, tout en soulignant que le groupe avait toujours eu "une approche solide et fondée" sur la façon dont il faisait évoluer les publicités. Certains analystes sont plus inquiets et estiment que l'activité principale d'Alphabet est confrontée à un de ses plus grands défis depuis des années.
L'IA, encore très marginale dans les revenus
En revanche, les revenus dégagés par l'intelligence artificielle ne représentent pas encore grand-chose dans les gargantuesques comptes de résultats de la Big Tech. Plusieurs observateurs estiment d'ailleurs que, si les annonces sont là et que les choses bougent rapidement, il faudra encore de longs mois avant que des éléments significatifs apparaissent dans les chiffres. Bret Iversen, le responsable des relations avec les investisseurs de Microsoft, a confirmé à demi-mot en indiquant qu'il était "encore très tôt" et que l'IA n'était qu'une relativement petite partie de l'activité de l'entreprise à l'heure actuelle.
Pour continuer de performer en bourse, les géants technologiques auront toutefois besoin que leurs paris tiennent leurs promesses. S'ils ont été le fer de lance du rebond des marchés en 2023, la récession menace et leur croissance bénéficiaire fulgurante des dernières années n'est plus qu'un lointain souvenir. À défaut de récolter les fruits de l'IA, ils risqueraient aussi de subir le même sort que Meta , la maison mère de Facebook qui a perdu plus d'un tiers de sa valeur depuis le lancement de son métavers, qui était alors aussi censé devenir un nouveau moteur de croissance.
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