La Chine attend ses tours yin-yang
Conçues par des architectes londoniens, elles battront de nouveaux records de hauteur et seront 100% autonomes au niveau énergétique.
Le temps des monstres d’acier qui massacrent l’environnement visuel et écologique semble révolu. Place aux "tours vivantes", ces gratte-ciel qui sont non seulement autonomes énergétiquement, mais qui en plus alimentent les constructions voisines.
Le modèle le plus enthousiasmant est celui des Phœnix Towers, imaginées par les architectes du cabinet londonien Chetwood. Le projet a été commandé par la mégapole de Wuhan, à l’est de la Chine. Livraison prévue en 2018 si tout se passe bien (obstacles juridiques, financement, chantier...). Coût global de 1,5 milliard d’euros, pris en charge par le promoteur Hua Yan et par Citic Group, un fonds souverain chinois.
À l’instar du Burj Khalifa de Dubai (828 mètres de haut, livré en 2010), les Phœnix Towers pourraient être considérées comme un nouveau pari insensé, un peu grotesque et irresponsable aussi, mais elles transmettent surtout un message plein d’espoir sur l’avenir de l’urbanisme.
Six fois la Tour du Midi
Malgré leur hauteur invraisemblable (la plus haute atteindra 1.000 mètres de haut, trois fois le Shard of London, six fois la Tour du Midi), les deux tours seront de véritables organismes vivants, utilisant toutes les ressources naturelles 100% renouvelables.
Le revêtement extérieur, de couleur majoritairement rose, sera une structure photovoltaïque, permettant d’assurer une partie de l’approvisionnement en électricité.
Les tours seront également équipées d’éoliennes et de cheminées thermiques. Celles-ci seront situées sur la partie haute, ce qui signifie que la moitié de chaque tour sera inoccupée et entièrement dédiée à la
production d’énergie. Cette énergie sera transférée sur l’ensemble de la zone urbaine de 47 hectares, qui sera construite sur cette île artificielle, au milieu d’un des très nombreux lacs de la mégapole. Wuhan est d’ailleurs surnommée "la Ville des 1.000 lacs", à partir desquels elle est d’ailleurs devenue la principale plateforme de transport en Chine. L’autre surnom de cette mégapole de 10 millions d’habitants, qui compte autant d’entreprises du secteur secondaire que du secteur tertiaire, est "le Chicago chinois".
Prolongement de Gaia
L’approvisionnement en eau sera effectué à partir du lac, grâce à un système de dépollution des eaux. Les eaux usées seront continuellement recyclées et réutilisées, affirment les architectes du projet. L’ensemble des déchets seront stockés dans des chaudières à biomasse, ce qui permettra de chauffer l’ensemble des structures.
Les deux tours seront reliées entre elles par des jardins suspendus de forme sphérique, dans lesquels des restaurants et des galeries marchandes seront créés. Des allées "skywalk", au-dessus du vide, permettront d’accéder à ces oasis de verdure dont la hauteur globale sera équivalente à une centaine d’étages.
L’approche philosophique du projet le rend particulièrement jubilatoire: le nom des deux tours — Phœnix — est construit sur la base des mots "feng" et "huang". Le premier signifie "mâle", la second "femelle". Et au-delà de ces notions de féminin-masculin, il y a celle de la dualité du yin et de yang, essentielle dans la culture chinoise, en opposition avec la culture monolithique occidentale, visible à travers l’architecture uniforme de ses gratte-ciel. Ce projet britannique fait, par ailleurs, écho avec la lecture environnementale d’un des scientifiques britanniques les plus renommés, James Lovelock. Dans son ouvrage "La Théorie de Gaia", Lovelock prend ses distances avec le catastrophisme environnemental ambiant, en présentant la planète comme un organisme vivant, en perpétuelle mutation, et dont les aléas climatiques sont un élément à part entière. L’émergence de tours de plus en plus vivantes, pleinement intégrées à leur environnement, et qui répondent en même à des exigences économiques, va dans le sens de cette lecture moins catastrophiste et déprimante de la réalité.
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