Comment Accenture a basculé dans le métavers

"Je fais une réunion tous les jours avec mon équipe dans le métavers." Tom Ghelen a adopté le métavers, tout comme Accenture, dont il est le directeur de l'innovation pour la Belgique et le Luxembourg, ainsi que bon nombre de ses employés. Besoin de se voir sans pouvoir le faire et nécessité d’inclure les nouveaux arrivants en période de covid ont forcé le consultant mondial à trouver des portes de sorties virtuelles. "Nous avons commencé avec un projet qui permettait à des groupes limités de se retrouver virtuellement et de discuter. Ça nous a démontré comment la réalité virtuelle pouvait transformer la façon dont nous pouvions nous voir à distance", nous explique Tom Ghelen. Cette expérience a ouvert les yeux de l’entreprise qui est historiquement le plus grand utilisateur au monde de la solution de vidéo conférence Teams de Microsoft.

D’abord pour des réunions, ensuite pour des formations, mais aussi pour l’inclusion des nouveaux employés. "Habituellement, les nouveaux arrivants passent par une expérience pour comprendre la culture de l’entreprise et une série de formations. À cause de la pandémie, ce n’était plus possible. Nous avons engagé durant cette période environ 150.000 personnes à travers le monde qu’il fallait intégrer à l’entreprise."

Accenture s’est basé sur sa bonne première expérience avec les univers virtuels et immersifs pour lancer le "Project Avatar". L’entreprise a alors acheté 60.000 casques de réalité virtuelle, l’année dernière, pour ses employés. Ils ont été envoyés dans plusieurs pays où Accenture a des implantations très importantes comme aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Italie et en Espagne.

Le consultant a créé des univers virtuels où ses employés peuvent se retrouver. Pas juste les heureux élus qui ont reçu un casque, "n’importe quel employé qui possède un casque de réalité virtuelle peut rejoindre les environnements mis à disposition, même ceux qui ont uniquement un ordinateur". Même si dans ce cas-là, l’expérience est moins immersive et pertinente, reconnait notre interlocuteur.

Plus concentrés avec un casque

Les environnements ont été développés avec Microsoft, qui se profile comme l’un des futurs grands acteurs du métavers. La plupart de ces environnements sont destinés à la formation des employés, avec des résultats surprenants. Les formations seraient plus efficaces et mieux suivies lorsque l’on a un casque sur la tête. "On estime que c’est plus efficace et les gens sont plus concentrés dans une proportion de 30 à 40% supplémentaire que lors d’une formation classique", estime Tom Ghelen, qui dit se baser sur des études externes à l'entreprise. Il est vrai que lorsqu’on enfile son casque, les distractions sont beaucoup moins nombreuses que dans la vie réelle. Pas de smartphone, pas de chuchotement avec son voisin. Le côté immersif de l’expérience entraine une attention décuplée. De quoi encourager Accenture à poursuivre ses investissements dans ce type de projets.

Les premiers pas dans le métavers d’Accenture ont intrigué et intéressé ses clients. "On reçoit énormément de questions de nos clients sur ce sujet. On les emmène dans nos univers virtuels pour leur faire découvrir cette technologie." Mais Accenture construit aussi des univers sur-mesure pour ses clients en fonction de leurs besoins, notamment en virtualisant des environnements physiques existant pour plusieurs entreprises. "La question n’est plus : cette technologie est-elle mature? Mais bien : comment pouvons-nous l’implémenter dans notre entreprise", constate Tom Ghelen. Les clients, belges également, semblent en demander plus une fois qu’ils ont été confrontés à la technologie, d'après lui. L’occasion pour Accenture de se profiler comme un acteur majeur de ce virage technologique à la fois dans ses murs et dans son business de tous les jours.