Chronique | Avoir du style en chaussettes
Alors, ont-ils gagné ou non, nos Diables rouges? Impossible pour moi d’écrire en connaissant le résultat puisqu’au coup de sifflet final, l’encre de L’Echo était déjà sèche.
Donc, je dois faire une chronique sans savoir le score. Autant allumer un barbecue sans combustible ou rentrer le ventre pour traverser la plage en imaginant que les six kilos en trop passeront inaperçus. Impossible quoi, ou pas gagné si on fait partie de la Ligue des Optimistes du Royaume de Belgique. Mais ça, c’était couru d’avance, dans une idée d’un rédac’ chef, il y a toujours anguille sous roche. Ben voilà, j’y suis face à mon mérou sous caillou.
Une chose est sûre, c’est que qualifiés pour les quarts (ce que je pense, évidemment) ou non, nos cramponnés harassés ont quelques jours de repos devant eux. Enfin, je dis harassés, mais je ne le pense pas. Trois matches en dix jours pour la phase de groupe, un match ou deux cette semaine. Ça va, c’est pas le bagne non plus. On va me dire que c’est un rythme élevé, qu’il y a les entraînements, la pression, qu’il faut tout donner à chaque match. Bof, ils sont 23 dans la tournante, 14 à pouvoir jouer par match, pendant 90 minutes avec une pause au milieu. Et entre leurs quelques matches, c’est massage personnalisé, bronzette, golf et jacuzzi. Si j’aurais su j’aurais fait foot comme carrière — comme dirait P’tit Gibus. Mais faut bien avouer que j’ai pas toutes les qualifications requises: je joue pas aux jeux vidéo, je vois pas l’intérêt de courir 10 km en une heure trente pour rester au même endroit (c’est leur moyenne par match), et puis, surtout, surtout, porter un uniforme, très peu pour moi. Surtout — surtout! — quand l’uniforme c’est maillot qui sent la trans’ même si t’es resté sur le banc, et, le pompon, l’élégantissime association short/chaussettes! Par tous les dieux du stade, dire qu’on supporte, encourage, admire, se projette dans des gars affublés d’un short et de chaussettes montantes… Et eux! Comment font-ils entrer leur ego surdimensionné dans des chaussettes de Tyrolien? Eux qui donnent dans la petite chorégraphie stylée et personnalisée quand ils marquent un but. Non contents d’être ridiculement sapés, ils se trémoussent de contentement, persuadés de leur toute-puissance.
Cependant, ils se trahissent. Oui, ils ont pleinement conscience du clownesque de leur look et ils s’évertuent à le faire oublier en déployant des efforts qui sont, pour le coup, surhumains. Coupe de cheveux savamment étudiée (la mode est à l’iroquoise pour ce Mondial 2014), barbe taillée au millimètre près, jusqu’aux sourcils pas un poil ne dépasse, les ongles sont nickels, pas une cellule de peau d’éléphant aux coudes. Si vous mettez un col à leur maillot, ils vont le relever pour faire style (enfin, selon les époques, la mode étant ce qu’elle est). Et vous avez remarqué, aussi, comme les vareuses sont bien plus moule-pectoraux qu’avant? Et que les shorts ont sensiblement rallongé. Et que les sponsors aident leurs poulains en leur fournissant des chaussures fluo hypnotisantes. Mais, vaine vanité, tout ça ne fait point oublier les chaussettes.
P.S.: Rédac’ chef, je te dédie cette chronique. Pour situer le genre de l’exercice, tu m’avais dit "tu commentes la coupe de cheveux d’untel ou la couleur du gazon". Voilà, c’est fait. J’ai droit à une image Panini?
Les plus lus
- 1 "Non" cinglant des patrons et syndicats aux territoires zéro chômeur de Pierre-Yves Dermagne
- 2 UCB en vedette | Biotalys grimpe encore | Avis de brokers sur GBL, KBC, Ageas, Colruyt, Umicore et Montea (+Briefing)
- 3 Technord sacrée Entreprise de l'Année
- 4 Degroof Petercam mise sur le rebond des secteurs délaissés en bourse pour 2024
- 5 Les 10 conseils boursiers du légendaire Charlie Munger