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Chronique | La stratégie de la torpeur torpillée

©Photo News

Le meilleur moment du match des Diables mardi soir/nuit, c’était la 122e minute: quand je suis allée sur mon balcon pour écouter la joie vibrionnante des Belges.

Sincèrement, les voir sortir de leur bonhomie, entendre éclater leur euphorie à coup de klaxons et de "poooo po po po po pooooo poooo", admirer les drapeaux exhibés, pour une fois, juste par joie et pas par militantisme politique. Comme c’était bon!

On voulait du spectacle, on en a eu, des émotions par procuration, des protagonistes imperturbables, une montée narrative, un climax, un happy end. C’était un vrai film: à la Dardenne, côté belge, avec la scoumoune, l’obstination, le destin qui se dessine au sillon, dans la sueur et sous le joug; à la Spielberg côté américain avec moult personnages secondaires qui servent de décor au seul super-héros, en l’occurrence leur gardien. Comme prévu, quoi. Je ne comprends pas qu’on ait pu pester sur les prestations des Diables lors de leurs trois premiers matches, qu’on ait pu critiquer Wilmots, qu’on ait même pu envisager qu’ils soient mal barrés face aux Etats-Unis. Mais enfin, même moi qui suis aussi douée en foot que Platini en communication, je me doute bien qu’on n’a pas la même stratégie en phase de groupe qu’en huitième. Même moi, j’ai vu, comme le nez au milieu de la figure, la stratégie d’endormissement des Belges: la première semaine, on fait ceux qui jouent laborieusement, qui laissent l’adversaire se fatiguer avant de le foudroyer dans les dernières minutes avec un éclair surgi du banc. Les Américains, ils s’attendaient à ça, on les avait endormis, et paf! on les désarçonne complètement en entrant dans le match avant même la fin de la première minute. Ils s’en sont pas remis avant les prolongations! On peut faire confiance à notre coach: si les Diables ont du corps, lui, il a le diable au corps, il est redoutable de perversité stratégique. On dit qu’il y a 23 joueurs, mais c’est faux. Ils sont 24 et moi, mon joueur préféré, c’est Wilmots.

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Toutefois, il y a un truc à côté duquel il est passé. À trop être dans la stratégie (d’endormissement, du banc de touche, etc.), il a oublié de rappeler les bases du foot aux Diables. J’ai pas fait beaucoup de foot dans ma vie, mais un truc qu’on m’a tout de suite dit à ces rares occasions, c’est que quand tu tentes un tir, tu vises partout sauf là où est le gardien. Les Diables, ils ont juste fait l’inverse. À chaque fois, ils ont donné la balle au gardien. Faut pas s’étonner que ça rentre pas, hein.

Mais c’est rien à côté du pire moment du match: les médias le lendemain. Je cite juste un ersatz du florilège: "Après ce match, […] tous les rêves sont permis!", pourquoi? Ils l’étaient pas avant? "Les Diables ont réussi leur Mondial", ben non, ils sont pas (encore) champions du monde! "La suite c’est du ‘bonus’", c’est une blague? La suite, c’est le plus important! "La Belgique [a] tout à gagner. Et plus rien à perdre." Si perdre l’occasion d’être championne du monde, c’est rien, alors oui, disons qu’elle n’a rien à perdre. Dites donc, c’était bien la peine de dénigrer des Diables qui ne font pas rêver, c’est pas les médias qui vont les faire rêver, eux.

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